10 questions sur les cheveux après une chimio
La perte des cheveux est un des grands soucis des patients qui doivent subir une chimiothérapie. Nous avons posé 10 questions à un coiffeur spécialisé et à une dermatologie.
1 Tous les traitements contre le cancer occasionnent-ils une perte de cheveux ?
La dermatologue : » La croissance des cheveux se déroule en phases. Au cours de la première phase, dite anagène, un nouveau cheveu ou poil apparaît au niveau du bulbe situé sous le cuir chevelu. Le bulbe contient des cellules à division rapide responsables de la fabrication du poil. Le nouveau cheveu est progressivement poussé vers la surface à travers le cuir chevelu, jusqu’à apparaître à l’air libre. Chaque cheveu ou poil a ainsi une certaine durée de vie. A la fin de ce cycle, il entre en phase de repos, puis en phase de chute. Une chimiothérapie vise toutes les cellules de l’organisme qui se divisent, y compris celles contenues dans les bulbes capillaires. Le fait de perdre ou non ses cheveux dépend des produits utilisés, mais aussi de la durée du traitement et de son dosage. Certains patients sont plus sensibles que d’autres à ces effets toxiques. Les rayons peuvent causer une alopécie quand on vise la racine des cheveux. «
2 Est-ce douloureux et que peut-on faire pour prévenir cette chute ?
Le coiffeur : » Au début, il arrive que les patients se plaignent d’avoir mal aux racines ou de ressentir des démangeaisons. «
La dermatologue : » Il est impossible d’éviter totalement la perte des cheveux. Certaines cliniques proposent de rafraîchir le cuir chevelu pendant la chimio proprement dite – généralement par le biais d’un casque glacé à poser sur la tête. Cela fait-il vraiment une différence ? Certaines études l’affirment, d’autres sont plus prudentes. Ceci dit, nombreux sont ceux qui y renoncent, estimant que c’est contraignant, douloureux ou désagréable à un moment où ils doivent déjà subir beaucoup de désagréments. «
3 Comment peut-on s’y préparer ?
Le coiffeur : » Mieux vaut prendre rendez-vous aussi vite que possible chez le coiffeur. Nous sommes alors en mesure de vérifier l’état des cheveux avant le traitement, de discuter des possibilités et de voir comment en limiter les effets. Il faut compter une petite heure, pour pouvoir aborder toutes les questions. On fixe ensuite un second rendez-vous. Les patients sous chimio commencent à perdre leurs cheveux entre le 15e et le 20e jour après le début du traitement. La perte de cheveux n’est pas régulière, elle peut se faire par plaques. C’est pourquoi nous choisissons de couper les cheveux assez ras, à environ 6 mm. Il est important de ne pas blesser le cuir chevelu, vu que la chimio réduit les défenses de l’organisme. «
La dermatologue : » Ces rendez-vous me semblent extrêmement judicieux, à la fois pour préparer psychologiquement le patient à ce qui l’attend et pour le soutenir par la suite. La perte de cheveux est souvent mal ressentie et beaucoup y voient l’effet secondaire le plus pénible de leur traitement. «
4 Le port d’une perruque est-il confortable ?
Le coiffeur : » Au début, il faut s’y faire mais, en général, cela apporte beaucoup de soulagement. Une perruque n’est pas un bonnet; le cuir chevelu n’est pas enfermé hermétiquement en-dessous. On croit souvent qu’une perruque risque de bouger ou de s’envoler, mais pas du tout. On la fixe à l’aide de strips et rien n’empêche de courir, de faire du vélo ou du sport dans le vent... Ces strips nous permettent d’adapter parfaitement la perruque sur la tête au cas où le patient perdrait du poids. «
5 Est-ce qu’on ne voit pas trop qu’il s’agit d’une perruque ?
Le coiffeur : » Le dessous est translucide pour que le cuir chevelu apparaisse sous les cheveux, ce qui donne un effet extrêmement naturel. On adapte également la perruque à la coiffure que la personne porte d’habitude. «
6 Comment doit-on entretenir ce type de perruque?
Le coiffeur : » On l’entretient toutes les trois semaines environ, en la nettoyant à la vapeur, puis en lui appliquant un shampooing et un conditioner. Ensuite, nous remettons les cheveux en forme et nous faisons les éventuelles adaptations. «
7 Quelle solution existe-t-il si on perd ses sourcils ?
Le coiffeur : Pendant le traitement, on redessine les sourcils à l’aide d’un kit spécial, avec des pochoirs. On peut aussi opter pour le maquillage permanent, avant ou après le traitement, mais pas pendant. Le tatouage oc- casionne une série de micro-lésions, ce qui n’est jamais conseillé lorsqu’on subit une chimio, en raison de l’affaiblissement du système immunitaire.
8 Quand peut-on espérer voir ses cheveux repousser ?
Le coiffeur : » On peut en général se passer de perruque six à huit semaines après l’arrêt du traitement. On voit d’abord repousser du duvet, puis de nouveaux cheveux plus épais. Les cheveux poussent à raison d’1 à 1,5 cm par mois. Après un traitement à base de rayons, il arrive que les cheveux repoussent très peu ou mal. Un postiche peut alors aider. On en prend très vite l’habitude, comme de chausser une paire de lunettes solaires. «
9 Les nouveaux cheveux qui vont pousser seront-ils différents ?
Le coiffeur : » Cela arrive parfois mais les patientes se teignent souvent les cheveux depuis si longtemps qu’elles sont tout étonnées de (re)découvrir leurs cheveux naturels, avec leur teinte d’origine. Ou de voir que leurs cheveux sont devenus tout gris dans l’intervalle.
Souvent, ce sont des cheveux bouclés qui apparaissent, alors qu’avant ils étaient raides. Mais, en général, ces boucles disparaissent au fur et à mesure. «
La dermatologue : » Une récente étude scientifique a démontré que le cheveu peut repousser soit plus fin, soit plus épais. Il peut aussi avoir une autre teinte qu’avant ou se mettre, en effet, à boucler. Environ 50 % des patients constatent ce type de modification. Il arrive, mais très rarement, que les cheveux soient définitivement endommagés et ne repoussent plus. Heureusement, ce cas-là est tout à fait exceptionnel. «
10 Quand peut-on recommencer à se colorer les cheveux ?
Le coiffeur : » On peut recommencer à se colorer les cheveux après 3 ou 4 mois. Mais nous travaillons alors avec des produits sans ammoniaque, formulés à base d’huiles et nous appliquons tout d’abord un produit protecteur sur le cuir chevelu. «
Tous nos remerciements aux coiffeurs André et David Schroeven (Sanké Duffel- www.hair2care.be) et à la dermatologue Ria Willemsen, chef de clinique à l’UZBrussel.
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