7 questions sur le rhume
Atchoum! L’automne revient... et le rhume avec lui. En moyenne, chaque adulte en souffre 4 à 6 fois par an. Une maladie tellement banale qu’on en sait finalement bien peu de chose...
1. Le rhume, c’est quoi exactement?
« Le rhume « simple » est une rhinite, soit une infection de la muqueuse nasale par un virus, répond le Pr Philippe Lefèbvre, chef du service d’oto-rhino-laryngologie au CHU du Sart- Tilman. En soi, cette rhinite provoque seulement un sentiment d’inconfort plus ou moins prononcé, associé à un nez qui coule puis se bouche. » Elle s’étend parfois à d’autres voies respiratoires, le plus souvent le pharynx, et peut alors s’accompagner d’un peu de fièvre, de toux, de mal de gorge... Une rhino-pharyngite n’est donc rien d’autre qu’un rhume un peu plus corsé.
Rien de bien grave, et pourtant... Le rhume est suffisamment handicapant que pour forcer certains malades à garder le lit ou à se limiter à un acte de présence au travail. « Ajoutez à cela que c’est une maladie très courante – en moyenne, un adulte en souffre 4 à 6 fois par an, un enfant jusqu’à 12! – et vous ne serez pas étonné d’apprendre que le coût de cette maladie pour la société est estimé à plusieurs milliards d’euros par an! » Dès lors, comment expliquer qu’il n’existe encore aucun vaccin contre le rhume, alors qu’il n’a fallu qu’un an pour créer un vaccin contre le Covid-19? Tout simplement parce que le rhume peut être provoqué par plus d’une centaine de virus différents: rhinovirus, coronavirus, adénovirus, influenza...
2. Peut-on accélérer la guérison du rhume?
Comme pour de nombreuses maladies virales, il n’existe pas de traitements autres que symptomatiques au rhume. « Mon grand-père, lui aussi médecin, disait toujours qu’un virus bien soigné dure sept petits jours, tandis qu’un virus mal soigné dure sept longs jours, sourit le Pr Lefèbvre. Quoi que vous fassiez, quoi que vous preniez, un rhume durera sept à dix jours, avant que les choses ne rentrent dans l’ordre d’elles-mêmes. » Inutile, donc, d’exiger des antibiotiques de la part de votre médecin, ces derniers n’ont d’utilité qu’en cas de de surinfection bactérienne. Il va falloir prendre son mal en patience...
3. Pourquoi le nez reste-t-il bouché, même quand on se mouche?
L’un des symptômes les plus désagréables du rhume est le nez bouché. Nez qui refuse obstinément de laisser passer l’air, même en se mouchant régulièrement. Comment l’expliquer? « Ce phénomène découle de trois mécanismes, répond le Pr Lefèbvre. Il y a les sécrétions qui s’accumulent, oui, mais l’inflammation provoque aussi un oedème important au niveau de la muqueuse nasale, ce qui la dilate fortement. De plus, nous avons dans le nez des lames osseuses, appelées cornets. Ces cornets contiennent des corps caverneux qui, en cas de rhinite, se gorgent de sang: les artères qui y amènent le sang sont davantage ouvertes que les veines qui permettent de l’évacuer, ce qui induit là aussi un gonflement. » Le problème du « nez bouché » n’est donc pas tellement que les tuyaux sont obstrués: ils sont surtout devenus trop étroits!
4. Pourquoi a-t-on la sensation d’être congestionné de partout?
Au plus fort du rhume, il n’est pas rare d’éprouver la sensation d’avoir la tête coincée dans un étau, les yeux sous pression et le front en coton. Une perception désagréable due à une petite inflammation et une dépression d’air dans nos sinus. Ces cavités présentes dans notre crâne sont situées de part et d’autre du nez, au niveau des sourcils, dans l’os des joues et près des oreilles.
Il n’existe actuellement aucune preuve de l’efficacité des sirops contre la toux...
« Les sinus doivent être drainés et aérés, grâce à un point central au niveau du nez. Lorsque le nez est bouché, ces trous d’aération sont eux aussi obstrués, et de l’air est emprisonné dans les sinus. Or, la muqueuse des sinus va consommer l’oxygène de cet air, ce qui va induire une diminution de pression dans les cavités, dépression impossible à équilibrer puisqu’il n’y a pas d’ouverture sur l’extérieur. »
5. Faute de traitement curatif, quels traitements de confort envisager?
Pour déboucher le nez, le traitement le plus efficace est indubitablement l’utilisation de gouttes ou de spray nasaux. Composés de substances adrénergiques (adrénaline ou dérivés d’adrénaline), ils agissent comme un vasoconstricteur sur les artères irrigant le nez: l’afflux de sang étant réduit, les corps caverneux et l’oedème de la muqueuse ont tendance à se dégonfler.
Un petit coup de spray, et hop! Vous voilà tranquille pendant quatre heures! Les pommades ou lotions odorantes au menthol et à l’eucalyptus peuvent aussi être efficaces, mais via un autre mécanisme: il s’agit de substances irritantes pour les muqueuses, irritation qui provoque également une vasoconstriction. « Mais je ne conseille pas ces produits, car au final, ils augmentent l’inflammation des muqueuses », estime l’ORL. Il est aussi possible de se rincer le nez grâce à une solution saline.
En cas de fièvre, de douleur à la gorge ou à la tête, rien ne vous empêche de prendre un antalgique/fébrifuge, en respectant la posologie. Il n’existe par contre aucune preuve d’efficacité des sirops contre la toux (à l’exception relative des sirops à la codéine, soumis à prescription): autant prendre une tisane sucrée au miel!
6. Peut-on devenir dépendant aux gouttes nasales?
Oui! « Si vous en mettez trop souvent, vous allez modifier les récepteurs adrénergiques au niveau du nez, avec un effet rebond: après la vasoconstriction aura lieu une vasodilatation encore plus importante, met en garde le médecin. D’où la tentation de remettre de plus en plus de gouttes pour respirer confortablement. Certains sont littéralement intoxiqués à ces traitements, consommant même jusqu’à un flacon par jour. »
Cette intoxication apparaissant après environ 10 jours d’utilisation, il est important de ne jamais utiliser ce médicament quotidiennement plus d’une semaine. Trop tard, vous ne pouvez plus vous passer de votre spray ou de vos gouttes? Une des solutions les plus simples pour se sevrer est de remplir le flacon à moitié entamé de sérum physiologique, et de recommencer à chaque fois que vous arrivez à la moitié du flacon. De quoi réduire en douceur la teneur en principes actifs sans effet de manque...
7. Enfin, la question que tout le monde se pose: d’où vient la couleur verte des sécrétions nasales?
Le rhume est une maladie dont le déroulement est immuable: pendant environ trois jours, le nez picote, le malade éternue, avant que les vannes ne s’ouvrent et que le nez ne commence à couler. Si, durant trois nouveaux jours, les sécrétions nasales sont limpides et liquides, elles se transforment ensuite en une substance bien moins ragoûtante, jaune-verdâtre et épaisse.
« C’est tout simplement parce qu’après quelques jours, votre muqueuse nasale a été détruite par le virus: la morve verte ou jaune, c’est de la muqueuse nécrosée, mélangée à des sécrétions nasales visqueuses », explique le médecin. Dégoûtant? Quelque part, oui! Mais ces sécrétions nasales marquent aussi la dernière étape du rhume. Les voir dans son mouchoir signifie que la guérison est proche. Courage!
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