À chaque douleur articulaire son traitement
Raideurs, douleurs qui empêchent de dormir ou qui surviennent quand on se lève... Les problèmes articulaires peuvent prendre bien des formes et avoir toutes sortes de causes : inflammation, affections chroniques ou encore d’autres facteurs déclenchants moins connus.
Tant que nos articulations fonctionnent bien, nous n’y prêtons guère attention. Et lorsqu’on perd de sa souplesse un mot vient à l’esprit : rhumatisme. » C’est un terme qui prête à confusion, analyse le Pr Filip De Keyser, rhumatologue. Un mot fourretout qui renvoie à un large spectre de symptômes liés à la mobilité, qui exigent chacun des approches différentes. «
L’ARTHROSE
L’arthrose, qui touche le cartilage articulaire, concerne un adulte sur trois. Cette fine couche protectrice, qui fait office d’amortisseur, s’use avec l’âge. Mais pas de la même façon chez tout le monde. L’hérédité détermine en bonne partie la qualité du cartilage, donc l’apparition ou non d’arthrose. Quand la couche cartilagineuse se réduit, les os se déforment pour compenser la perte d’amortissement. Apparaissent alors des renflements – les ostéophytes – dont la forme évoque parfois un bec de perroquet. C’est la signature de l’arthrose. Ces excroissances appuient sur les terminaisons nerveuses et provoquent des douleurs rayonnantes. L’arthrose des mains se reconnaît à des gonflements entre les os des doigts.
Les symptômes typiques. L’arthrose peut atteindre toutes les articulations mais se limite souvent aux hanches, aux genoux, au dos et aux mains. » Douleurs et raideurs sont le plus souvent rapportées. À l’inverse de l’arthrite, la douleur s’aggrave à l’effort et s’allège au repos. On se lève en général sans douleur le matin mais, après une longue période assise, on ressent des raideurs. Cela va mieux lorsqu’on se remet en mouvement « , explique le Pr De Keyser.
Le bon traitement. » On n’arrive pas encore à régénérer le cartilage détruit. On se concentre donc sur l’action antidouleur, avec du paracétamol ou des dérivés d’aspirine. L’usage limité dans le temps de gels ou de patches peut également aider. Côté prévention, on conseille de perdre du poids et de pratiquer des sports doux ( marche, jogging léger, vélo, natation) pour stimuler le flux sanguin et l’oxygénation du cartilage. Certains compléments alimentaires peuvent donner des résultats mais c’est très variable. Le renforcement musculaire est également très utile. «
LE RHUMATISME INFLAMMATOIRE
L’arthrite rhumatoïde, elle, touche 1 % des adultes et provoque des douleurs inflammatoires. » Cette maladie auto-immune peut survenir à tout âge, mais elle concerne davantage les femmes (surtout après la ménopause) que les hommes. A tort, le système immunitaire envoie dans le sang des anticorps ciblant les rhumatismes, ce qui provoque une inflammation des articulations. «
Les symptômes typiques. Ces douleurs articulaires surviennent au repos, pendant la nuit ou au lever. De fortes raideurs, le matin, pendant au moins une à deux heures, qui ne disparaissent qu’ avec le mouvement, indiquent de l’arthrite. La membrane articulaire sécrète du liquide, avec pour conséquence un gonflement des articulations. L’arthrite atteint plus souvent les articulations périphériques. De plus, les phénomènes inflammatoires peuvent se produire en dehors des articulations. Ces nodules rhumatismaux sont indolores mais gênants pour accomplir certains mouvements. L’arthrose et l’arthrite peuvent survenir parallèlement.
Le bon traitement. Un diagnostic et un traitement rapides permettent de prévenir les déformations des mains et des pieds. Outre la prise en charge par anti-inflammatoires via injection et la thérapie classique visant à s’attaquer au mécanisme sous-jacent, on dispose aussi de ressources plus ingénieuses : des biothérapies ciblées visant certaines molécules. Elles sont malheureusement coûteuses et ne concernent pas tous les patients.
LES AUTRES RHUMATISMES INFLAMMATOIRES
Le dos raide. Des douleurs dans le bas de la colonne vertébrale peuvent indiquer la maladie de Bechterew ou spondylarthrite ankylosante. Cette forme de rhumatisme inflammatoire se déclenche le plus souvent à un jeune âge et concerne davantage les hommes que les femmes. Elle cause des douleurs dans le bas du dos, entre le sacrum et le bassin. Ces douleurs peuvent rayonner jusque dans les fesses. Les symptômes se produisent plutôt la nuit ou au réveil. Les raideurs matinales se prolongent durant plus d’une heure et ne disparaissent qu’après quelques heures de » mise en route « .
L’arthrite psoriasique (PSA). Dans le cas de la PSA, les lésions psoriasiques (une affection auto-immune) s’accompagnent d’une inflammation des articulations ou de la colonne vertébrale. C’est le cas pour environ un quart des patients atteints de psoriasis. » Il arrive que plusieurs articulations soient atteintes : les mains, les pieds et d’autres articulations plus importantes. La douleur est très comparable à celle de l’arthrite rhumatoïde. Dans certains cas, seules quelques articulations sont touchées. L’arthrite psoriasique peut s’accompagner d’une inflammation de la colonne vertébrale, comme pour la maladie de Bechterew « , précise le Pr De Keyser.
Ce que vous pouvez faire
Ecouter votre corps : si vous sentez qu’un coussin de noyaux de cerises chauffé ou des vêtements tiédis au sèche-linge vous font du bien, n’hésitez pas.
La chaleur plus pénétrante, comme celle émise par les cabines à infrarouges, peut détendre les muscles.
Démarrer la journée par quelques étirements et mouvements de gym pour combattre les raideurs matinales.
Faire régulièrement un sport doux : marche à pied, vélo, taichi, yoga, etc.
LA GOUTTE
La goutte provoque, elle aussi, des inflammations articulaires. Ici, un problème métabolique provoque un excès de concentration d’acide urique dans le sang, qui se cristallise. Lorsque ces cristaux d’acide urique arrivent dans les articulations, ils provoquent de vives douleurs. C’est d’ailleurs l’une des formes de douleurs articulaires les plus aiguës.
L’acide urique est en fait un déchet issu des cellules du corps. Ce processus libère une substance bien particulière – la purine -, elle-même transformée en acide urique. On trouve de la purine dans certains aliments, comme la viande et les coquillages. L’alcool peut déclencher une crise de goutte en diminuant la solubilité de l’acide urique dans le sang. Comme pour le cholestérol, synthétisé partiellement via l’alimentation mais en majeure partie par le corps lui-même, on peut réduire les crises de goutte en adaptant son régime alimentaire.
Les symptômes typiques. Les douleurs sont bien reconnaissables : elles commencent souvent par le gros orteil. Il s’y produit une inflammation : le gros orteil rougit et gonfle, il devient chaud et douloureux, et cela peut s’accompagner d’une fièvre légère. « On ignore encore pourquoi la goutte se manifeste à cet endroit, mais quand cela devient chronique, la douleur peut atteindre toutes les articulations. «
Le bon traitement. On dispose de tout un éventail de traitements efficaces. » Les crises aiguës se traitent à l’aide d’anti-inflammatoires, de cortisone, voire de colchicine. Pour prévenir de nouvelles crises, on peut prescrire un médicament visant à réduire l’acide urique. «
LE RHUMATISME MUSCULAIRE
Cette forme de rhumatisme ne concerne quasiment que les 60+. Ici, ce ne sont pas les articulations qui sont enflammées mais les muscles alentour. Les douleurs concernent surtout les épaules et le bassin, et se rapprochent de celles de l’arthrite, d’où parfois des erreurs de diagnostic. Mieux vaut donc consulter un rhumatologue. Les douleurs surviennent souvent la nuit ou au réveil et s’accompagnent de raideurs le matin, avec difficulté à bouger les épaules et les hanches. Le seul traitement efficace passe par une prise prolongée de cortisone. Les chances de guérison sont réelles au bout d’un à deux ans.
LE RHUMATISME DES PARTIES MOLLES
Les nombreux tissus entourant les articulations – tendons, ligaments, bourses – peuvent, eux aussi, être atteints, avec à la clé des élancements autour de l’articulation. Il s’agit souvent de la conséquence d’une surcharge. Cela peut commencer de manière très banale mais peut aussi devenir chronique.
« Les douleurs varient de l’inflammation d’un tendon – comme la tendinite du coude chez les golfeurs ou les joueurs de tennis – jusqu’à la capsulite en passant par la bursite, les douleurs liées à l’usage de la souris d’ordinateur, le syndrome du tunnel carpien et toutes sortes de douleurs étendues et diffuses. L’important est de pouvoir poser le bon diagnostic sans trop tarder. »
Plus de douleurs articulaires à la ménopause ?
À la ménopause, toutes sortes de bouleversement se produisent, et le corps devient naturellement plus vulnérable. Les hormones féminines protectrices disparaissent et la production de collagène chute, or celui-ci est important pour la santé du tissu conjonctif. Vers la cinquantaine, apparaissent aussi les symptômes d’usure, dont l’artrose et ainsi que les premiers signes d’arthrite.
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