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Arthrose, le boom des nouveaux traitements

Julie Luong

Traitements biologiques, cellules souches, pansement osseux : les innovations thérapeutiques contre l’arthrose connaissent un boom sans précédent.

L’arthrose, maladie dégénérative des articulations, touche plus de 9% des hommes et 18% des femmes de plus de 60 ans. Elle détruit les structures de l’articulation, dont l’os et le tissu synovial, qui tapisse l’intérieur des articulations et permet aux os de bouger et de glisser l’un sur l’autre. Plus on avance en âge, plus on a de risques d’être atteint. Mais l’arthrose touche aussi souvent des personnes plus jeunes, notamment en cas d’arthrose post-traumatique – ce type d’arthrose qui se développe suite à un accident ou à une chute, notamment chez les sportifs.

 » L’arthrose est une maladie contre laquelle il n’existe pas de traitement, rappelle le Pr Yves Henrotin, directeur du laboratoire de recherches sur l’os et le cartilage à l’Université de Liège et président de la Fondation arthrose. Les antalgiques et les anti-inflammatoires n’ont qu’un effet très modéré sur la douleur arthrosique et de nombreux effets secondaires, d’autant plus indésirables que les patients avec de l’arthrose ont souvent d’autres problèmes de santé. « 

UNE MALADIE MÉTABOLIQUE

Le spécialiste rappelle que par conséquent, la meilleure arme dont nous disposons aujourd’hui pour traiter les douleurs arthrosiques, c’est le mode de vie : une alimentation plus équilibrée, de l’exercice physique, une perte de poids.  » Les médicaments classiques ne sont plus considérés comme un traitement de première intention et doivent en tout cas toujours être intégrés à une prise en charge globale, comme l’activité physique – yoga et tai-chi en particulier – et la kinésithérapie. « 

On sait en effet aujourd’hui que l’arthrose est une maladie directement liée à d’autres maladies, comme le syndrome métabolique (hypertension, diabète, surpoids, excès de cholestérol, excès de triglycérides) et les pathologies cardiovasculaires. La perte de mobilité entraînée par l’arthrose a en effet tendance à accroître la sédentarité et le surpoids. Mais il y a plus :  » les articulations arthrosiques libèrent des médiateurs de l’inflammation qui accroissent directement le risque cardiovasculaire.  » Traiter l’un, c’est donc traiter l’autre !

LA MEILLEURE ARME POUR TRAITER LES DOULEURS, C’EST LE MODE DE VIE !

 » On peut se dire que si on a une douleur mono-articulaire, localisée au niveau de la main par exemple, faire de l’exercice ne sert à rien. Mais c’est faux : on sait que l’activité physique est le traitement idéal de la douleur chronique, quelle que soit la localisation... et même si on n’est pas en surpoids « , insiste le spécialiste.

LES TRAITEMENTS INTRARTICULAIRES

Néanmoins, malgré tous leurs efforts, certains patients continuent à souffrir de douleurs chroniques récalcitrantes qui leur gâchent la vie. Certains traitements biologiques permettent heureusement d’agir désormais au niveau intra-articulaire afin de réparer provisoirement le cartilage des articulations et d’alléger les douleurs : c’est le cas du plasma riche en plaquettes (PRP) ou du sérum conditionné, obtenu suite au prélèvement du sang du patient.  » Ce sérum conditionné, enrichi en molécules anti-inflammatoires avant la réinjection, va permettre de libérer des facteurs de croissance du cartilage « , commente le Pr Yves Henrotin. Toujours dans le domaine des traitements biologiques, une société wallonne est en train de développer une technique de prélèvement de cellules souches au sein des muscles : celles-ci pourront alors être réinjectées dans l’articulation afin de favoriser sa réparation.  » C’est moins invasif et moins douloureux que de prélever des cellules souches dans le tissu adipeux ou dans la moelle. « 

UN PANSEMENT OSSEUX

Des chercheurs de l’Inserm et de l’université de Strasbourg ont par ailleurs mis au point récemment une technique innovante d’implant ostéo-articulaire, capable de reconstituer une articulation endommagée. Elle se présente sous la forme d’un pansement, inspiré des pansements de nouvelle génération qui forment comme une seconde peau sur les plaies cutanées.

Ce pansement osseux est composé de deux couches successives. La première, qui fait office de support, est une membrane composée de nanofibres de polymères et dotée de petites vésicules contenant des facteurs de croissance. La seconde est une couche d’hydrogel chargée d’acide hyaluronique et de cellules souches provenant de la moelle osseuse du patient : en se différenciant en chondrocytes (cellules qui forment le cartilage), ces cellules vont régénérer le cartilage de l’articulation. Ce traitement serait en particulier destiné aux arthroses de la hanche et du genou, pour lesquelles il n’existait aujourd’hui comme solution définitive que la pose de prothèses. Les essais cliniques sont actuellement en cours.

 » Il existe un véritable foisonnement dans le domaine de la recherche, commente le Pr Yves Henrotin. Je pense que dans les dix prochaines années, nous allons assister à de nombreuses évolutions thérapeutiques car le corps médical, le monde politique et l’industrie pharmaceutique ont compris que c’était un problème majeur dans des sociétés vieillissantes.  » En attendant, n’oublions pas notre cours de tai-chi...

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