Chaleur et médicaments: attention aux mauvaises associations

Pour la plupart des médicaments, la chaleur, voire une canicule, ne pose pas de problème. Toutefois, pour un certain nombre de molécules, il convient d’être plus vigilant. Les conseils de la pharmacienne Annelies Masschelin.

Certains médicaments font mauvais ménage avec la chaleur.

1. Insuline

Par temps chaud, les diabétiques peuvent réagir plus fortement à l’insuline, ce qui peut faire chuter leur taux de sucre dans le sang. A côté de cela, la chaleur fait grimper le taux de sucre dans le sang. Si vous êtes diabétique, ces variations demandent que vous en parliez à votre médecin qui adaptera éventuellement votre traitement.

Conservez toujours votre insuline au frigo. N’oubliez pas de demander une attestation à votre médecin si vous prenez l’avion, afin de pouvoir la transporter dans votre bagage à main. Evitez de l’entreposer dans votre valise qui, de l’aéroport à la soute à bagages, va subir d’importantes variations de température.

2. Diurétiques

Ces médicaments qui font davantage uriner sont prescrits notamment en cas d’hypertension ou de problèmes cardiaques. Par temps chaud, lorsque vous transpirez davantage, leur prise peut conduire à une perte trop importante de liquide. Cela augmente donc le risque de déshydratation, surtout lors de canicule. « L’idée n’est pas de les arrêter, mais de compenser en augmentant son apport hydrique, ce qui n’est pas toujours facile à obtenir, en particulier auprès des personnes plus âgées qui ont moins la sensation de soif », rappelle en particulier le Dr Christian Massot. Essayez donc toujours de boire suffisamment d’eau tout au long de la journée, même si vous ne ressentez pas de sensation de soif. Si votre tension artérielle chute trop, il peut parfois être utile de revoir votre médication ou les doses, mais toujours en concertation avec votre médecin.

Les diurétiques se conservent dans un lieu sec, où il ne fait pas plus de 25 degrés.

Ne conservez pas des médicaments dans la salle de bain ni dans la cuisine. L’humidité peut y être trop élevée. Optez plutôt pour un endroit plus frais comme le garage ou le hall d’entrée.

3. Antibiotiques

Si vous êtes sous antibiotiques, vous devez toujours faire attention au soleil, surtout s’il s’agit de tétracyclines ou de quinolones. Pendant une cure d’antibiotiques, le mieux est de rester un maximum à l’intérieur. Car même à l’ombre, le reflet des rayons du soleil sur le sol peut être dangereux. C’est que les antibiotiques rendent la peau beaucoup plus sensible aux coups de soleil. Si vous devez néanmoins sortir, veillez à porter un chapeau de soleil et à vous enduire correctement de crème solaire indice 50.

4. Gel anti-inflammatoire

Le kétoprofène, un gel anti-inflammatoire, peut provoquer des réactions photo-toxiques, voire photo-allergiques graves lorsque la peau qui en est enduite est exposée au soleil. L’Agence européenne des médicaments a émis des avertissements à ce propos et a mis ce gel sur ordonnance.

En cas de réactions photo-allergiques, le corps réagit tellement fort que des réactions cutanées peuvent apparaître à d’autres endroits que ceux où le gel avait été étalé. De plus, cette réaction peut causer des gênes pendant des mois et toute exposition à la lumière du soleil, aussi minime soit-elle, peut à nouveau occasionner une maladie de la peau.

Toutefois, cet anti-inflammatoire n’est pas le seul à incriminer. D’autres anti-inflammatoires – sous forme de gel ou de comprimé – augmentent la sensibilité au soleil.

5. Médicaments contre les troubles du rythme cardiaque

Combinée au soleil, l’amiodarone, un médicament contre les troubles du rythme cardiaque, peut entraîner des réactions cutanées et une pigmentation de la peau.

6. Millepertuis

Le millepertuis, aussi appelé herbe de la Saint-Jean, en vente libre, est souvent utilisée en cas de dépression. Sachez qu’il rend la peau beaucoup plus vulnérable au soleil. Si vous en prenez, veillez à chercher l’ombre ou à vous enduire régulièrement d’une couche épaisse de crème solaire.

7. Aspirine et autres anti-inflammatoires

En cas de températures élevées, l’aspirine et les anti-inflammatoires comme l’ibuprofen et le diclofenac peuvent être dangereux pour les reins, étant donné que vous avez plus de risques de vous déshydrater.

8. Médicaments contre l’épilepsie

La carbamazépine, un médicament contre l’épilepsie, augmente le risque de photodermatose, une réaction anormale de la peau à une exposition normale à la lumière du soleil. Si vous prenez ce médicament, mieux vaut vous tenir éloigné de la lumière du soleil et des rayons UV.

9. Crème contre les taches

La crème fluorouracil est utilisée pour traiter les kératoses actiniques, les petites taches de la peau parfois légèrement brunâtres qui apparaissent à partir de 40 ans sur le visage et le dos de la main. Ce médicament augmente le risque de réactions cutanées à l’exposition au soleil.

10. Autres

Les psychotropes et les médicaments qui ont des effets anticholinergiques, comme les antidépresseurs, sont également concernés au premier chef. En bloquant l’effet de l’acétylcholine, une substance qui a notamment pour fonction d’aider à transpirer, ils peuvent favoriser la déshydratation ou l’hyperthermie. « Bien sûr, là encore, il ne s’agit surtout pas de les arrêter de sa propre initiative. Mais peut-être est-il utile, avant l’été, de faire un bilan avec son médecin, en vue d’adapter les doses ou simplement de recevoir des conseils adaptés », conseille le Dr Christian Massot.

Les fibrates, une classe de réducteurs de cholestérol, peuvent aussi occasionner une phototoxicité (des irritations cutanées à cause de la lumière).

Sous l’influence de la lumière du soleil, les hormones peuvent, quant à elles, entraîner une pigmentation de la peau.

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