Comment prendre correctement gélules et autres comprimés ?
Réduire en poudre un comprimé ou ouvrir la gélule d’un médicament prescrit par le médecin peut avoir des conséquences fâcheuses sur la santé. En effet, la forme d’une gélule ou d’un comprimé n’est en rien le fruit du hasard et il est prudent de respecter à la lettre les recommandations de la notice.
Selon une étude parue dans le Journal of Pharmacy Practice and Research, une personne sur dix modifie son médicament avant de l’absorber : elle ouvre la gélule ou elle écrase son comprimé. Les patients les plus susceptibles de succomber à cette pratique sont ceux qui ont un traitement multiple avec au moins 4 doses quotidiennes, les personnes âgées qui ont des difficultés à déglutir ainsi que les parents de jeunes enfants qui souhaitent faire passer la pilule plus facilement ! Posons-nous la question de l’innocuité pour la santé et de l’éventuelle modification de l’efficacité du traitement.
On peut
Pour certains médicaments non enrobés, cela n’a pas beaucoup d’importance : que vous les preniez en une ou en deux fois, en les écrasant ou même en les mâchant, l’effet sera exactement le même. Après ingestion et passage dans l’oesophage, ils vont se désintégrer rapidement dans l’estomac. Le fait de les écraser ne fait qu’anticiper ce qui va se passer dans l’estomac. Cela va accélérer un peu le passage de la substance active dans le sang, mais sans modification importante. Evitez simplement d’écraser le soir le comprimé du lendemain matin pour ne pas diminuer son efficacité, car la lumière et l’humidité peuvent dégrader le principe actif. Certaines gélules peuvent être ouvertes s’il est plus facile pour vous d’en prendre le contenu à la cuillère, à condition de le faire également sans attendre. Respectez toutefois ces quelques conseils:
· Utilisez un pilon et un mortier miniatures pour écraser les médicaments
· Veillez à récupérer la totalité du comprimé écrasé, y compris les résidus restés sur le mortier et le pilon
· Mélangez la poudre obtenue dans un peu d’eau minérale
· Après avoir bu la solution, ajoutez un peu d’eau et reprenez une gorgée pour ne laisser aucun résidu dans le fond du verre. C’est surtout important pour les médicaments à marge thérapeutique étroite, c’est-à-dire pour lesquels une dose très précise doit être administrée pour avoir un effet bénéfique.
· Vous pouvez humidifier une gélule si vous avez des difficultés à l’avaler
· Si vous n’avez pas besoin de prendre un comprimé entier, mieux vaut ne pas le couper à la main ou au couteau, même s’il est sécable. Il est peu probable que vous parveniez à le diviser en deux parties égales, ce qui peut entraîner une variation non négligeable dans la dose que vous absorberez. Pour quelques euros, vous trouverez en pharmacie un coupe-pilules qui s’acquittera parfaitement de cette tâche à votre place.
On ne peut pas
Tous les médicaments ne se prêtent pas à ce genre de manipulation. Nombre d’entre eux agissent en effet de manière tout à faitdifférente lorsqu’ils ne sont pas absorbés dans leur forme initiale. La composition et la fabrication d’un médicament correspondent à des critères stricts définis par le fabricant pour une absorption précise. Lorsque le libellé du médicament indique une forme particulière de présentation, il ne faut pas le modifier. Dans ce cas, le comprimé ou la gélule ont été fabriqués de façon à libérer sa substance active selon un profil bien précis ! En modifier leur substance peut avoir un impact sur leur efficacité ou leur tolérance.
· Médicaments à libération prolongée ou régulée
Certains comprimés sont conçus de telle manière que leur principe actif ne se libère que progressivement au cours d’une période relativement prolongée. Si vous les écrasez ou si vous ouvrez la gélule, c’est toute la dose qui va agir en une fois ! Vous risquez donc de subir un surdosage dans un premier temps, puis de ne plus être couvert le reste de la journée, alors que le but de ce mécanisme est justement de vous assurer un apport durable et régulier d’une faible quantité de produit actif.
· Médicaments gastro-résitants
Ceux-ci sont destinés à n’entrer en action qu’une fois dans les intestins, ce qui implique qu’ils puissent traverser l’estomac sans être affectés par l’acidité du suc gastrique. C’est pour cette raison qu’ils sont enrobés d’une couche de polymères protecteurs, qui se dissout dans le milieu intestinal beaucoup moins acide. Coupés ou écrasés, ces médicaments ne sont plus protégés contre le suc gastrique et risquent donc de perdre largement ou complètement leur efficacité avant d’atteindre l’intestin, mais aussi de provoquer des maux d’estomac. Il ne faut donc ni les écraser, ni les couper, ni les croquer, ni les mâcher!
· Médicaments délitables
C’est-à-dire composés de plusieurs couches à vitesse de décomposition variable. La première couche libère immédiatement le principe actif, tandis que la suivante est prévue pour agir beaucoup plus progressivement.A ne pas décomposer pour préserver leur efficacité!
· Pour des raisons évidentes, les comprimés sublinguaux (à faire fondre sous la langue) et les gélules ou capsules au contenu huileux devraient toujours rester intacts.
Les conséquences
En broyant ou en ouvrant un médicament, la conséquence la plus anodine sera qu’il se retrouvera en contact direct avec vos papilles, ce qui n’est pas toujours très agréable. Mais vous risquez également un surdosage aigu dangereux, notamment avec les substances agissant sur le coeur, la coagulation, etc., ou, au contraire, un sous-dosage avec un effet insuffisant du traitement. Sans parler du danger qui accompagne la prise simultanée de plusieurs tablettes écrasées dont les principes actifs ne sont pas du tout compatibles ! En outre, certains principes actifs sont agressifs pour la muqueuse de la bouche et peuvent par conséquent provoquer des irritations, voire des ulcérations buccales, gingivales ou dans l’oesophage, ainsi que des perforations intestinales.
Des aliments à proscrire
Le jus du pamplemousse contient une substance capable d’inhiber le métabolisme de certains médicaments. Evitez-le quand vous devez absorber un médicament en poudre. Le lait diminue quant à lui l’absorption des antibiotiques et du fluor, tandis que le thé empêche l’absorption du fer. Certains aliments comme le chou, le brocoli, les épinards et les avocats, riches en vitamines K, ne doivent pas être consommés avec des anti-vitamines K ! Finalement, privilégiez l’eau non gazeuse. En cas de mauvais goût, préférez plutôt le jus de pommes ou d’oranges.
Deux méthodes pour avaler
Deux méthodes prouvées scientifiquement ont démontré leur efficacité pour faciliter la prise de médicaments. La première, baptisée pop-bottle et indiquée pour les comprimés, consiste à poser le médicament sur la langue, à enserrer le goulot d’une bouteille avec les lèvres et à verser une grande quantité d’eau dans la gorge, entraînant de la sorte le comprimé. La seconde, appelée lean-forward s’applique davantage aux gélules. Il suffit d’avaler simplement le médicament, avec ou sans eau, en penchant la tête vers l’avant.
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