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Comment traiter l’arthrose

Si la médecine n’est pas encore capable de soigner l’arthrose, se maintenir en mouvement permet de lutter efficacement contre la douleur. Et de nouveaux types de traitements, parfois assez surprenants, sont à l’étude.

L’arthrose ou ostéoarthrite touche tout le monde, tôt ou tard. Au fil du temps, le risque de voir les articulations s’user augmente naturellement. Mais on peut déjà en souffrir très jeune, pour des raisons héréditaires, suite à un accident ou des blessures dues à la pratique d’un sport. Cette maladie, qui endommage la couche cartilagineuse des articulations, provoque leur altération. Il n’est d’ailleurs pas rare que des sortes de cratères s’y forment.

La couche de cartilage forme un «airbag» entre les os, ce qui leur permet de glisser en souplesse dès qu’on bouge. Quand cette couche s’abîme, les mouvements deviennent plus rigides avec des douleurs à la clé. Le corps réagit parfois en provoquant une série de phénomènes d’auto-régénération indésirables. Ainsi, on constate parfois une inflammation locale, avec rougeur et gonflement, signe que le système immunitaire réagit. Ce gonflement est la conséquence d’une accumulation de liquide synovial dans la cavité articulaire. Quand le corps fabrique du nouveau tissu osseux, on parle alors de saillies osseuses (ostéophytes) ou excroissances dures qui peuvent être douloureuses quand on appuie dessus.

Les symptômes

«Les premières articulations atteintes sont en général celles qu’on sollicite le plus, par exemple pour faire des efforts répétés ou pour porter des poids: les genoux, les hanches, les chevilles et les vertèbres du bas du dos. Cela peut même provoquer des hernies discales qui causent une douleur au niveau des nerfs de la jambe depuis le canal rachidien ou une arthrose facettaire, précise le Pr Peggy Jacques, rhumatologue (UZ Gent). La charge imposée aux articulations joue un rôle crucial, si bien que les personnes obèses ou en surpoids courent un risque nettement accru.»

Un début d’arthrose ne provoque presque aucune douleur tant qu’on ne bouge pas. «Les douleurs liées à l’arthrose sont dues au mouvement et apparaissent, par exemple, après avoir marché un certain temps. Il suffit de s’arrêter pour que la douleur cesse. En général, l’arthrose provoque également des douleurs quand on «se remet en marche» après avoir été immobile, par exemple lorsqu’on sort de son lit le matin. Les réactions inflammatoires locales peuvent aussi provoquer un gonflement des articulations.» L’usure articulaire provoque des raideurs, ce qui peut entraîner une perte de mobilité, voire une légère claudication à cause d’une articulation bloquée.

Ce qu’on peut faire

1. Les médicaments et la chaleur

«Bien qu’il s’agisse d’une affection touchant les populations du monde entier, l’arsenal thérapeutique contre l’arthrose reste décevant, constate le Pr Jacques. On se contente de traiter les symptômes, et non le processus sous-jacent d’usure du cartilage osseux. La solution consiste à prescrire des antidouleurs, comme le paracétamol et, temporairement, des anti-inflammatoires en cas d’inflammation. On essaie d’éviter autant que possible les antidouleurs plus forts en raison de leurs effets secondaires.» On peut atténuer les douleurs articulaires en appliquant localement une source de chaleur, en prenant des bains chauds, en appliquant des compresses ou un coussin aux noyaux de cerises. La chaleur détend les muscles autour de l’articulation. Attention: en cas de gonflement et d’inflammation, les compresses froides sont plus indiquées!

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2. L’activité sportive

Cela peut sembler contre-intuitif, mais le sport – qui lui-même peut être cause de douleurs articulaires – reste un élément crucial dans la lutte contre la maladie. Il permet de «huiler» les articulations et d’entretenir leur souplesse. Bouger aide aussi à mieux répartir les composants du liquide synovial sur le cartilage.

Toute activité physique est bonne pour renforcer les muscles entourant les articulations, ce qui offre un meilleur soutien articulaire et permet de réduire la pression exercée sur les articulations. Si vous souffrez d’arthrose du genou, musclez vos cuisses: vous aurez moins mal. En cas d’arthrose de la main, faites quotidiennement des exercices pour les assouplir, ainsi que vos doigts.

«Le mieux est d’associer un sport doux – marche, vélo, natation – à des exercices de musculation pour renforcer plusieurs groupes musculaires. Les sports de contact comme le padel ou le football sont à éviter car ils mettent les articulations à trop rude épreuve. Il va de soi qu’il faut toujours y aller progressivement. Le curseur est parfois difficile à placer: à vous de voir jusqu’où vous pouvez aller sans vous faire mal. Il se peut que bouger soit un peu pénible, mais ne rien faire sera pire, car cela atrophie les muscles avec pour conséquence d’aggraver les problèmes articulaires. On obtient souvent d’excellents résultats quand les patients se remettent au sport, en association avec des antidouleurs et des compléments alimentaires», constate le Pr Jacques.

3. Les compléments alimentaires

On trouve de plus en plus de compléments alimentaires qui promettent monts et merveilles pour nos cartilages, mais quels sont les actifs vraiment utiles en cas d’arthrose? «On dispose de très peu de preuves scientifiques de leur utilité, alors qu’ils sont pourtant très chers – je pense à la glucosamine et à la chondroïtine. Le cartilage a, en effet, beaucoup de mal à capter les actifs bénéfiques des compléments.

Il n’empêche que de nombreux patients assurent que ça les aide. Cela dit, si vous ne remarquez aucune amélioration au bout de quelques mois, arrêtez d’en consommer.»

L’effet des gels et des pommades, notamment à base de cannabinoïdes (CBD), censés calmer les douleurs de l’arthrose, n’est pas concluant non plus. «On se demande en effet si les actifs du CBD sont capables d’atteindre l’articulation via la peau. Pour arriver à celle genou, ils doivent parcourir une grande distance. Appliqués sur la main, ils sont plus susceptibles d’atteindre les petites articulations. Quoi qu’il en soit, c’est souvent le massage qui soulage.»

Les gélules de curcuma hautement dosées semblent donner de très bons résultats en raison de leur action anti-inflammatoire, donc antidouleur et anti-raideurs, comme le suggèrent certaines études. «Attention aux interactions avec d’autres médicaments, comme certains anticancéreux! Tout le monde ne peut donc pas en prendre.»

Les compléments d’Omega 3, aux vertus anti-inflammatoires, peuvent également apporter un soulagement chez certaines personnes.

4. Les infiltrations et les opérations

Comme il est difficile d’amener les principes actifs jusqu’au cartilage, on prescrit parfois des infiltrations de cortisone – entre autres – directement dans l’articulation. L’inconvénient, c’est qu’on ne peut pas faire plus de trois injections par articulation et par an, et que les injections répétées ont des effets secondaires.

Si la douleur persiste, vous pouvez envisager une ou plusieurs infiltrations d’acide hyaluronique, par exemple. «C’est le composant de base du cartilage, mais rien ne garantit que ce qui reste de cartilage localement pourra absorber cet apport extérieur. Seule la moité moitié des patients affime ressentir un effet bénéfique.»

L’opération chirurgicale est la dernière option à laquelle on peut recourir. C’est le cas de l’arthroscopie, qui consiste à poncer le cartilage et à retirer les excroissances osseuses. «Les patients s’attentent à une solution définitive mais les résultats de l’opération sont incertains. A terme, cela peut même être contre-productif, parce que ce qui reste de cartilage est encore affiné», met en garde le Pr Jacques.

En Belgique, le placement d’une prothèse (genou, hanche, pouce, épaule, etc.) est courant. «Ici aussi, rien ne garantit que la prothèse fonctionnera bien et on court toujours un risque de complications, alors qu’il s’agit d’une opération irréversible. Ce qui n’enlève rien au fait que le succès est souvent au rendez-vous.»

En cas d’arthrose sévère du dos, l’assemblage de vertèbres de la colonne est une piste de plus en plus souvent abandonnée. «A terme, les symptômes avaient tendance à se déplacer au-dessus et en-dessous de la zone atteinte, ce qui pouvait déboucher sur des douleurs chroniques.»

Les nouvelles solutions

Les chercheurs explorent plusieurs pistes de nouveaux traitements contre l’arthrose et les douleurs qu’elle provoque. La plupart sont encore en phase expérimentale.

Les greffes de cartilage

Le «tissue engineering» est une piste prometteuse: les chercheurs essaient de mettre du cartilage en culture en association avec de l’os. Ils espèrent, à terme, être capables de fabriquer des fragments de cartilage et d’os, pouvant être greffés pour traiter les aticulations touchées par l’arthrose. On peut aussi tenter de prélever des petits cylindres de cartilage ailleurs dans le corps et les transplanter sur la zone atteinte. «Actuellement, ce n’est envisageable que dans des cas de lésions très spécifiques, mais certainement pas pour de l’arthrose courante.»

Les pansements et les cellules souches

Aux Pays-Bas, une équipe de chercheurs a réussi à réparer du cartilage endommagé avec un pansement hydrogel, à injecter localement. Ce pansement est une sorte de colle à deux composants, qu’on injecte avec précision, sous forme liquide. Pendant l’injection, les deux composants se mélangent et le pansement durcit pour former une fine couche protectrice à l’endroit atteint.

Cette technique fait l’objet de tests sur un petit groupe de patients jeunes à risque accru d’arthrose du genou suite à un accident ou à une blessure. L’hydrogel ne semble donc pas applicable à la majorité des patients.

La thérapie cellulaire ou greffe de cellules souches fait l’objet de nombreuses recherches dans l’espoir de déboucher sur des solutions structurelles. Ainsi, une étude européenne se penche sur la possibilité d’injecter des cellules souches provenant du patient lui-même dans l’articulation atteinte. L’espoir? Que le corps fabrique du nouveau cartilage à l’endroit voulu.

Vrai ou faux?

LES CURES THERMALES SONT BÉNÉFIQUES. (VRAI) Voilà des siècles que les bains d’eau thermale ont la réputation de soulager les douleurs liées à l’arthrose (et autres rhumatismes). «La chaleur et l’effet délassant sont, certes, bénéfiques, d’autant que dans l’eau on bouge plus librement. Bonus: ce sont souvent des cures qu’on fait en groupe, ce qui est bon pour le moral. Mais elles n’ont, en elles-mêmes, aucun effet sur le processus d’usure proprement dit.»
UNE MÉTÉO CHAUDE RÉDUIT LA DOULEUR. (FAUX) «Scientifiquement, cela ne tient pas la route car sinon personne n’aurait d’arthrose dans les pays chauds! Il n’en reste pas moins que la météo joue bel et bien un rôle sur les articulations atteintes ou sur une ancienne fracture, par exemple. Beaucoup de gens disent avoir moins mal quand il fait chaud que par temps humide. D’autres, au contraire, affirment souffrir davantage dès que la température grimpe. Preuve que la façon dont le corps réagit est très personnelle.»
LA MÉNOPAUSE AGGRAVE L’ARTHROSE. (VRAI) Les femmes sont plus souvent touchées par l’arthrose que les hommes, et cela s’aggrave à partir de la ménopause, quand le taux d’hormones féminines chute. Il est donc certain qu’il y a une composante hormonale, en plus des différences anatomiques qui expliquent que les femmes aient des cartilages et des os plus fins.
LE SUCRE ET LE GLUTEN PROVOQUENT DE L’ARTHROSE. (VRAI ET FAUX)«Il n’est pas prouvé que le sucre et le gluten provoquent de l’arthrose. On constate toutefois que les patients se plaignent davantage après avoir consommé certains aliments. Dans le cas du sucre et du gluten, ce n’est pas un problème, puisqu’il est tout à fait possible de s’en passer dans le cadre d’une alimentation saine.»
IL NE FAUT PAS FAIRE CRAQUER SES DOIGTS. (FAUX) Le fait de faire craquer ses doigts ou ses orteils peut irriter votre conjoint, mais cela n’abîme pas les cartilages. Le bruit est provoqué par la libération de bulles d’air. Tant que cela ne fait pas mal ou ne fait pas gonfler les articulations, il n’y a pas d’inquiétude à avoir.

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