De nouvelles solutions contre la sinusite
Bonne nouvelle pour ceux qui souffrent d’une obstruction chronique des sinus. Une nouvelle thérapie donne de meilleurs résultats que la chirurgie et offre la perspective d’une rémission.
« Des fleurs fraîchement cueillies, un poulet qui sort du four ou le parfum de mon mari. Depuis que je peux à nouveau sentir les odeurs et goûter aux saveurs, je suis à chaque fois prise d’une grande d’émotion. Il y avait si longtemps ! » Louise a souffert pendant une grande partie de son existence de rhinosinusite chronique (RC). Elle avait perdu l’espoir de retrouver ses sens perdus jusqu’à ce que de nouveaux traitements, remboursés depuis peu, lui permettent de retrouver le goût des choses. « Ce nouveau médicament, bio, permettra de réduire la nécessité de recourir à la chirurgie des sinus », assure le Pr Peter Hellings (UZ Leuven et UGent), spécialiste des maladies du nez et de la gorge.
Les problèmes chroniques de sinus touchent environ 10% de la population. Dans environ 5% des cas, il s’agit de formes graves. « L’impact sur la qualité de vie est souvent sous-estimé, alors qu’il est aussi handicapant que celui du diabète ou des maladies cardiovasculaires. Les symptômes les plus courants sont la congestion nasale, des céphalées, des douleurs au visage, des mucosités dans la gorge, mais aussi la perte de l’odorat et du goût. Dans les cas les plus graves, l’audition est affectée. Cela signifie que trois des cinq sens fonctionnent moins bien ! »
Trois piliers
Le traitement de symptômes persistants liés aux sinus repose sur trois piliers. « En premier lieu, il est conseillé de se rincer fréquemment le nez avec une solution saline afin d’éliminer tous les germes qui déclenchent l’inflammation de la muqueuse. Lorsque cela ne suffit pas, on prescrit des sprays anti-inflammatoires contenant des corticostéroïdes. Si ces traitements ne suffisent pas, un examen approfondi par un ORL permettra de poser un diagnostic précis. L’endoscopie ORL permet d’examiner les sinus et de vérifier s’il s’agit d’une RC avec ou sans polypes nasaux dont l’approche est différente. »
Comme un désherbage
En second lieu, le rinçage et le spray nasal peuvent être remplacés par un gel de corticostéroïdes qui pénètre plus profondément dans le nez ou par un comprimé. Autres options possibles : un traitement antibiotique à long terme et/ou, en dernier recours, la chirurgie.
« Dans les cas de RC avec polypes nasaux, il faut une intervention chirurgicale pour les enlever. Je compare cela un peu à du désherbage car l’effet est généralement temporaire. Notez au passage que tous les patients ne retrouvent pas l’odorat et le goût. Certains rechutent au bout de six mois seulement et chez 80% les symptômes réapparaissent au bout de trois à cinq ans. Une nouvelle intervention chirurgicale est souvent nécessaire. »
Une nouvelle thérapie
De nouveaux traitements spectaculaires de la RC avec polypes nasaux ont été récemment approuvés. « Il s’agit de trois thérapies (mépolizumab, omalizumab et dupilumab) qui rendront une (nouvelle) chirurgie inutile chez 75% des patients. Ces médicaments, également utilisés dans les cas d’asthme sévère, ciblent une substance spécifique du polype nasal qui provoque une inflammation à l’intérieur et autour du tissu du polype. Ces médicaments n’ont pas encore été testés sur les personnes n’ayant pas de polypes nasaux. La recherche s’intéresse un peu moins aux voies aériennes supérieures qu’aux voies aériennes inférieures. Pour l’asthme, il est déjà possible de déterminer beaucoup plus précisément quel traitement doit être administré à quel patient et, avec le temps, les choses devraient également évoluer dans ce sens pour la RC avec polypes nasaux. »
Consignés dans un registre national, les premiers résultats montrent déjà que ces traitements sont plus efficaces et plus sûrs que la chirurgie. « Quelque 70 à 75% des patients retrouvent leur odorat, alors qu’ils ne sont que 50% après une intervention chirurgicale. Un patient a même pu suivre une formation de sommelier alors qu’il avait perdu l’odorat et le goût depuis plus de vingt ans. D’autres symptômes disparaissent également pour longtemps et la qualité de vie s’améliore. »
Les nouvelles thérapies ne sont pas bon marché, c’est pourquoi le gouvernement a fixé des critères de remboursement stricts, mais ceux qui ne sont pas encore éligibles peuvent participer à une étude. Le traitement se fait par injections sous-cutanées. Les premières sont pratiquées à l’hôpital. Par la suite, on peut se les administrer soi-même, toutes les deux ou quatre semaines.
Ce qu’on peut faire
La principale prévention reste le rinçage du nez avec une solution saline. Lors de la pandémie de Covid, on a constaté que de nombreux patients souffrant de sinusite présentaient beaucoup moins de symptômes. « Grâce aux masques buccaux, ils étaient moins exposés aux virus, bactéries et champignons. Si socialement le port du masque est plus difficile aujourd’hui, il permet d’éviter le contact avec les agents pathogènes. Même remarque pour les déclencheurs d’irritation, comme la fumée, la poussière fine, le chlore des piscines ou les produits chimiques volatils. Ceux qui souffrent également d’asthme peuvent avoir plus de difficultés à contrôler leur sinusite chronique et inversement. » ●
Infos : euforea.eu
Le syndrome des polypes nasaux
Il y a neuf ans, un groupe de médecins, dont le Pr Hellings, a fondé l’organisation à but non lucratif Euforea, dont l’objectif est le développement de meilleurs traitements pour les maladies respiratoires. Le Comité consultatif européen des patients de l’organisation a demandé à ce que le nom officiel mais compliqué de CRSwNP (chronic rhinosinusitis with nasal polyps – rhinosinusite chronique avec polypes nasaux) soit remplacé par syndrome des polypes nasaux, un terme beaucoup plus précis et qui facilite la communication entre les médecins et les patients, mais aussi entre médecins.
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