Electrosensibilité : le mal des ondes
Maux de tête, troubles du sommeil, acouphènes... Ces symptômes peuvent être liés à une une intolérance aux ondes électromagnétiques.
Sifflements continus dans les oreilles, insomnies, nausées, picotements sur les bras : il y a six ans, Colette Devillers, 69 ans, a développé d’étranges symptômes. » J’ai consulté mon médecin, passé toute une série d’examens... Diagnotic : Vous n’avez rien ! «
Mais pour Colette, pas de doute : ces symptômes sont apparus, au lendemain de l’installation des antennes 4G près de chez elle. Elle découvre alors qu’elle n’est pas seule : selon l’agence française nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), 5 % de la population serait » électrosensible « . Colette Devillers a depuis fondé l’Arehs, (Association pour la reconnaissance de l’hyper électro sensibilité) qui rassemble des personnes éprouvant des désagréments de santé liés aux ondes. Leur objectif ? Faire entendre la voix des électrosensibles et faire reconnaître l’électrosensibilité comme handicap en Belgique (comme c’est le cas en Suède), afin de permettre aux personnes qui en sont atteintes de vivre et de travailler dans un environnement électromagnétique supportable .
» Cela implique la création de « zones blanches », c’est-à-dire de zones où la pollution électromagnétique artificielle est réduite au maximum. « , explique Colette Devillers. Des zones telles qu’il en existe déjà dans certains hôpitaux français.
Tout sauf surnaturel
Longtemps considérée comme une maladie imaginaire, l’électrosensibilité est reconnue par l’OMS depuis 2005 en tant qu' » intolérance environnementale idiopathique aux champs électromagnétiques « . Les études se sont accumulées pour montrer qu’il existait bien un lien entre les technologies de communication sans fil et certains désagréments de santé : rougeurs, picotements, sensations de brûlures, fatigue, lassitude, difficultés de concentration, étourdissements, nausées, palpitations cardiaques, etc.
Des électrosensibles qui s’ignorent mettent leurs symptômes sur le compte du stress ou de la fatigue
» Tous les êtres vivants sont électrosensibles, commente le Dr Magali Koelman, généraliste. Heureusement, nous sommes capables de métaboliser les effets toxiques des ondes, du moins jusqu’à un certain point . » L’électrosensibilité serait ainsi le résultat d’une longue phase de » sensibilisation » durant laquelle un individu, constamment exposé aux ondes électromagnétiques, deviendrait progressivement intolérant à celle-ci. » Tout le monde est à risque, même si on pense qu’il existe certains facteurs de susceptibilité génétique , détaille le Dr Magali Koelman. Nos cellules possèdent des canaux pour communiquer avec l’extérieur, qui les protègent en s’ouvrant et en se fermant au moment opportun. Ces cellules elles-mêmes fonctionnent grâce à des champs électromagnétiques naturels mais si des champs électromagnétiques artificiels sont présents en permanence ils peuvent amener les canaux à s’ouvrir à un mauvais moment et perturber le système . « Rien de » surnaturel » donc mais des conséquences possibles sur l’ensemble des systèmes : nerveux, cardiaque, hormonal... » Il y a des personnes qui ont des symptômes tout à fait spectaculaires, avec une incapacité à se concentrer, à dormir et même à parler, des sensations de brûlure dès qu’ils ouvrent l’ordinateur ou prennent le téléphone, mais il est aussi tout à fait probable qu’il y ait de nombreux électrosensibles qui s’ignorent, parce que leurs symptômes sont légers et qu’ils les mettent sur le compte de la fatigue ou du stress . «
L’éviction comme seul traitement
Pour le moment, un seul moyen pour savoir si on est électrosensible : renoncer au smartphone, éviter de fréquenter les endroits avec du wifi, opter pour un bon vieux câble à la maison et observer si une amélioration se produit. » Chez moi, ça a été flagrant, constate Colette Devillers. Aujourd’hui, mon téléphone portable est éteint et rangé dans une armoire : je ne l’allume qu’en cas de besoin.
Quand je me rends chez quelqu’un qui a une « smart TV », si je m’approche, j’ai des nausées. Si je change de pièce, les nausées disparaissent. » Les électrosensibles le savent : ils suscitent beaucoup d’incrédulité, tant dans leur entourage que parmi les médecins. » La faute à la désinformation, estime le Dr Magali Koelman qui a étudié l’abondante littérature sur le sujet. Les preuves ne manquent pas ! Mais aussi aux immenses enjeux financiers liés à ces technologies sans fil... »
Avec quelques confrères, ce médecin souhaite aujourd’hui faire connaître la problématique dans la communauté scientifique belge et améliorer l’accueil des personnes électrosensibles. » Il y a vraiment un problème de reconnaissance, mais aussi de prise en charge. On sait en effet que le seul traitement qui fonctionne, c’est d’éviter au maximum les ondes. Cela ne sert absolument à rien de conseiller à ces personnes de faire une psychothérapie, car tant qu’elles seront exposées, leurs symptômes perdureront . »
Infos :
www.hippocrates-electrosmog-appeal.be : l’appel de médecins belges pour un principe de précaution dans l’utilisation des technologies sans fil
www.arehs.be : l’association pour la reconnaissance de l’électro-sensibilité
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