Épurateurs d’air : inefficaces, voire dangereux pour la santé !
Contrairement aux publicités qui vantent leurs mérites, les purificateurs d’air n’assainiraient pas l’atmosphère de nos maisons. Pire, certains procédés dégraderaient la qualité de l’air intérieur.
Notre environnement intérieur renferme de nombreux polluants chimiques et microbiologiques invisibles. Un marché de l’épuration de l’air intérieur a donc logiquement vu le jour au cours des dernières années et ne cesse de se développer sous forme d’appareils autonomes, de matériaux de construction et de décoration affichant des propriétés dépolluantes.
Filtration, catalyse ou photocatalyse, ionisation, plasma, ozonation, sprays... Ces divers procédés promettent de supprimer la plupart des polluants intérieurs en recyclant l’air. À cette fin, ils sont conçus pour aspirer l’air, le filtrer et le renvoyer » purifié » dans l’habitation.
De sérieuses mises en garde
Mais voilà, fin 2017, en France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié une étude révélant que ces purificateurs d’air seraient inefficaces, voire dangereux pour la santé. Cette étude, qui passe au crible pas moins de cinq cents dispositifs différents mettant en oeuvre divers moyens d’assainissement de l’air, montre en effet que certains procédés peuvent avoir un effet contraire à l’objectif recherché et dégrader la qualité de l’air intérieur en générant de nouveaux polluants (ozone ou formaldéhyde).
L’Agence française va jusqu’à déconseiller l’utilisation de sprays assainissants dans l’environnement des personnes asthmatiques. Les produits utilisés dans ces sprays pouvant émettre des composés organiques volatils (COV) néfastes pour la santé.
Chez nous, le SPF Santé publique établit le même constat. » Il n’y a jusqu’ici pas de » purificateur » d’air qui ait prouvé une quelconque efficacité pour réduire la pollution chimique en situation domestique, confirme Vinciane Charlier, porte-parole du SPF Santé publique. Récemment, aux Pays-Bas, des problèmes ont été constatés avec des appareils qui restituaient de l’ozone pour » purifier » l’air. Or, l’ozone est irritant et hyper-réactif avec les polluants présents dans l’air, et augmente les risques de réactions respiratoires. Les Pays-Bas ont donc interdit ce type d’appareil. Si nous n’avons pas constaté de tels problèmes en Belgique, nous restons cependant attentifs aux incidents liés aux purificateurs d’air. «
Ceci dit, le SPF Santé publique reconnaît l’efficacité des appareils destinés à filtrer les poussières. » Ces dispositifs réduisent les réactions allergiques, mais c’est également le cas pour une ventilation mécanique, ou un conditionnement d’air pourvu des mêmes filtres. «
Quels polluants intérieurs ?
Les principaux types de pollution intérieure sont les acariens, l’amiante, les animaux domestiques (poils et plumes), le monoxyde de carbone (CO), les moisissures, les oxydes d’azote, les pesticides, le plomb, le radon.
Le dioxyde de carbone (CO2) n’est pas un polluant à proprement parler, mais l’augmentation de sa concentration dans l’air provoque de la fatigue ou des maux de tête. Il est donc nécessaire d’aérer pour faire baisser le taux de CO2.
Les composés organiques volatils (COV) valent malheureusement la peine qu’on s’y attarde car ils sont très présents dans les peintures et vernis, le mobilier en bois aggloméré, les insecticides, les produits de nettoyage, dans certains matériaux de construction (mousses isolantes, bois, colles...). Le formaldéhyde est le COV le plus courant. Chez les personnes sensibles, il est à l’origine d’irritations de la peau, des yeux, du nez et de la gorge, d’allergies, d’asthme, de maux de tête, de fatigue, de nausées, de vertiges, d’otites chez les jeunes enfants. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le formaldéhyde est présent dans tous les intérieurs du monde à des taux de concentration dommageables pour la santé.
Les gestes simples restent les meilleurs
Limiter les émissions à la source, aérer et ventiler les espaces intérieurs des bâtiments restent donc, à ce jour, les meilleures solutions. » Nous attirons l’attention sur l’importance d’aérer son habitation 10 à 15 minutes chaque jour, matin et soir, pour évacuer l’humidité et les polluants intérieurs émanant des meubles, comme le formaldéhyde, ainsi que les polluants liés aux appareils de combustion, ou encore à l’utilisation de produits d’entretien et de peintures « , explique Jonas Moerman, conseiller énergie chez écoconso.
D’autres mesures permettent également de remédier aux pollutions intérieures : régler les problèmes d’humidité, entretenir les appareils de combustion (hotte et cheminées y compris), utiliser des matériaux naturels (peintures, colles, meubles, revêtements de sol...). Nettoyer régulièrement son habitation tout en utilisant des produits d’entretien écologiques s’avère aussi efficace. Enfin, éviter les produits nocifs comme les parfums d’ambiance et aérosols, vérifier la date de péremption des produits chimiques, construire ou rénover écologique... sont autant de gestes sûrs qui préserveront la qualité de l’air intérieur tout en faisant l’économie de moyens onéreux aux effets douteux.
Infos : www.ecoconso.be
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