Faut-il bannir les édulcorants?
Dans ses dernières recommandations, l’OMS déconseille toute utilisation d’édulcorants. Décryptage.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, qui se base sur 283 études, l’usage d’édulcorants « non sucrés », tels que le sucralose, l’aspartame, la saccharine ou le stévia ne conférerait « aucun avantage à long terme en matière de réduction de la masse grasse chez les adultes et les enfants » et pourrait même avoir des effets néfastes sur la santé.
L’OMS pointe ainsi un risque accru de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et une hausse de mortalité chez les adultes en cas d’utilisation à long terme. La messe est-elle dite pour les édulcorants? La réponse mérite d’être nuancée: l’OMS elle-même signale que ses observations sont publiées au conditionnel, le lien entre édulcorants et effets négatifs étant difficile à prouver indubitablement.
« Il y a par exemple une corrélation indirecte entre obésité et usage d’édulcorants, détaille Serge Pieters, professeur de diététique à la Haute-Ecole Léonard de Vinci. Nulle part on ne consomme autant de produits light qu’aux USA, et presque nulle part il n’y a autant d’obèses. » Difficile, dans ces conditions, de déterminer quel est l’impact réel des édulcorants dans la survenue de maladies cardiaques, pour ne citer qu’elles. « Par contre, qu’on suppose que les édulcorants n’aident pas à maigrir n’est pas illogique. » C’est que non seulement ceux-ci continuent à donner le goût du sucré, mais ils peuvent aussi avoir un effet « déculpabilisant », incitant à consommer davantage. Or, sans sucre ne veut pas dire sans calories...
« Par ailleurs, il semble prouvé que la consommation de produits allégés va de pair avec une perturbation de la flore intestinale », ajoute le diététicien. Un éventuel effet cancérigène est pour sa part loin d’être prouvé. « La vraie zone d’ombre ne se situe pas au niveau des molécules prises une à une mais plutôt dans l’effet cocktail des édulcorants: il y en a beaucoup de différents, dans beaucoup de produits et la littérature n’aborde que peu cet aspect. » Avec toutes ces réserves, faut-il bannir totalement les édulcorants? « Non, c’est l’usage fréquent à long terme qui semble problématique. Mais si vous employez des édulcorants tous les jours, l’idéal serait d’apprendre à se contenter d’une saveur moins sucrée, en sucrant votre yaourt avec des fruits frais plutôt que du sucralose, par exemple. »
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