Le monoxyde de carbone, un tueur invisible
Incolore et inodore, le monoxyde de carbone est un gaz toxique qui fait chaque année des centaines de victimes en Belgique. L’accident n’est pourtant pas une fatalité...
« Le monoxyde de carbone est la principale cause d’intoxication mortelle signalée au centre antipoisons en Belgique, avec 19 décès par an en moyenne entre 2018 et 2023. À Bruxelles, deux à trois personnes sont intoxiquées chaque semaine, avec un bilan de trois décès par an. Un chiffre tragique, d’autant plus que ces intoxications sont évitables », explique Jonas Van Baelen, pharmacien et expert au centre antipoisons.
Une intoxication au CO peut entraîner des maux de tête, des nausées, des étourdissements, et dans les cas graves, une perte de connaissance pouvant conduire à la mort.
Le plus souvent dans la salle de bain
La plupart des intoxications surviennent dans la salle de bain. C’est, en effet, une pièce où on est souvent seul, porte fermée. Mais une intoxication au CO peut se produire dans n’importe quelle pièce où se trouve un brûleur, alors que l’oxygène est rare et que les gaz de combustion ne sont pas correctement évacués. « Des gens qui avaient fait un barbecue à l’intérieur ont également été intoxiqués. Quand les braises sont rouges, elles fument très peu, et on ne se rend pas compte du danger », raconte le Dr Peter Germonpré du Centre d’oxygénothérapie hyperbare de l’hôpital militaire de Neder-Over-Heembeek.
Les poêles dernier cri ne sont pas forcément plus sûrs que les modèles plus anciens. « Il y a quelques années, on nous a amené, un hiver, plusieurs personnes qui avaient acheté un poêle à charbon à haut rendement. Le poêle fonctionnait si bien qu’elles l’avaient réglé sur minimum. Résultat? L’arrivée d’air était trop faible, la combustion incomplète et ces gens ont été intoxiqués au CO. »
La cause d’une intoxication au CO peut donc être imputable au disfonctionnement ou à un mauvais usage d’un appareil. Mais il existe d’autres facteurs de risque. Un conduit de cheminée étroit, bouché ou tordu, par exemple. Ou encore la météo. En Belgique, on assiste souvent à un phénomène d’inversion, qui repousse les gaz de combustion vers l’intérieur des habitations.
Un apport d’oxygène
Pour chasser le CO des cellules de l’organisme, on doit oxygéner le corps à l’aide d’un masque à oxygène. L’équipe médicale peut le faire sur place, dans l’ambulance ou à l’hôpital. Mais il arrive qu’on doive réoxygéner le patient en chambre hyperbare pressurisée. Cette technique permet de réduire le taux de CO dans l’organisme plus rapidement. « Mesurer le pourcentage de CO dans le sang ne suffit pas à déterminer si un traitement hyperbare est nécessaire ou non. En effet, cette mesure ne reflète la situation qu’à un instant précis. Elle peut être faussée et, surtout, elle varie en fonction de l’oxygénation immédiate de l’organisme. De plus, ce chiffre n’indique pas le taux d’absorption de CO par les cellules, plus élevé en cas d’exposition prolongée au gaz toxique. Il faut également tenir compte de l’état de santé de la victime. Plusieurs facteurs doivent donc être pris en considération avant de transférer un patient vers un centre hyperbare. »
Vraiment utile, le détecteur de monoxyde de carbone?
Il existe des détecteurs de CO, mais ne vous fiez pas uniquement à ces appareils. Certains risquent en effet de donner à tort un sentiment de sécurité, selon le Centre Antipoisons. Non seulement parce que la cellule électrochimique du détecteur peut être sensible à d’autres substances que le CO mais aussi parce que son fonctionnement n’est pas garanti en présence de poussières, de graisses, de chaleur ou d’humidité dans l’atmosphère. Et comme la plupart des intoxications ont lieu dans la salle de bain, c’est gênant.
Alors que faire?
- veillez à aérer suffisamment les pièces,
- faites entretenir régulièrement la cheminée, les appareils de chauffage et les poêles,
- évitez aussi de vous servir d’une machine à combustion dans un espace fermé,
- et soyez attentifs aux symptômes tels que maux de tête et nausées (ou état grippal).
Pour éliminer le CO de l’organisme plus rapidement, on place le patient en chambre hyperbare pressurisée.
Campagne de sensibilisation
Sibelga, le centre antipoisons et les pompiers de Bruxelles lancent une vaste campagne de sensibilisation contre les intoxications au monoxyde de carbone. Elle s’étalera sur plusieurs mois. La cellule « Sensibilisation » du département Prévention des pompiers de Bruxelles propose des visites à domicile pour fournir des conseils sur la prévention des intoxications au monoxyde de carbone. À cette occasion, un détecteur de CO est offert et peut être demandé via l’adresse mail sensibilisation@firebru.brussels.
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