Le longe-côte, l’art de randonner en mer
Le longe-côte est un sport à la fois complet et peu traumatisant pour le corps, pratiqué en mer à moitié immergé.
Discipline sportive née en 2006 à Dunkerque, le longe-côte est une randonnée aquatique pratiquée en mer, le long des plages de sable. « Ce sport a été inventé par l’entraîneur d’une équipe professionnelle d’aviron, qui cherchait à proposer un entraînement qui ne cause pas de dommages aux articulations, raconte Juliette Gueranger, cofondatrice de l’asbl BeLonge, seule association de longe-côte actuellement active en Belgique. L’idée est de faire une marche à un rythme un peu sportif, comme celui de la marche nordique, immergé jusqu’à hauteur des côtes. »
Une promenade où, pour avancer, il faut constamment lutter contre la résistance de l’eau avec les jambes, mais aussi les bras, équipés ou non de pagaies. « Ce sport est donc extrêmement complet au niveau de la chaîne musculaire, mais il fait aussi travailler l’équilibre, il est bénéfique pour les problèmes de circulation et demande un certain effort cardiaque, surtout en Mer du Nord, où il y a souvent du courant et des vagues. S’il est praticable à tout âge, il faut donc tout de même avoir une bonne condition physique. »
De pied en cap
Voilà pour la théorie. Et en pratique, ça donne quoi? J’ai pu tester l’activité en février dernier, sur le littoral d’Oostduinkerke. Car oui, le longe-côte se pratique toute l’année, par toutes les températures, pour autant que la météo le permette et moyennant un équipement adéquat. « Nous imposons toujours la combinaison, explique Juliette Gueranger, été comme hiver, car l’activité dure une heure et, en Mer du Nord, le temps change rapidement et le vent peut se lever. Sans protection, on peut vite avoir froid. » Vu les températures hivernales de ce début d’année, j’enfile donc la totale: une épaisse combinaison en néoprène, doublée de chaussons, de gants et d’une cagoule, avant de sortir sur la plage.
Pour avancer, il faut constamment lutter contre la résistance de l’eau, avec les jambes et les bras.
L’activité se pratique nécessairement en groupe et idéalement sous l’égide d’un club, avant tout pour des raisons de sécurité. « Il y a toute une série de paramètres à prendre en compte avant de décider si une sortie est possible ou non: la hauteur des vagues, le courant, les coefficients de marée... On n’est par ailleurs jamais à l’abri d’un malaise ou d’une crampe, d’où l’importance d’être à plusieurs. Enfin, en Belgique, on n’a théoriquement pas le droit de se baigner en dehors des périodes de surveillance des plages: nous avons dû demander des autorisations, avec des règles de sécurité bien définies. »
Comme des enfants
Vient l’heure tant redoutée de se mettre à l’eau. Bonne surprise: la combinaison s’avère parfaitement isolante, c’est à peine si un petit filet d’eau froide s’infiltre ci et là, provoquant un petit frisson. Juste de quoi donner un bon petit coup de fouet avant de s’élancer jusqu’au diaphragme au milieu des flots. Le groupe est constitué d’une dizaine de personnes, entre 40 et 60 ans, et la séance débute... très joyeusement. On a beau être adultes, difficile de résister à la tentation de jouer un peu avec les vagues quand, comme aujourd’hui, elles s’avèrent impétueuses et hautes. Pendant une heure, tout l’art consistera à ne pas se laisser surprendre, à casser les plus petits rouleaux du plat de la main ou à s’immerger sous les plus gros. « Les habitués préfèrent une météo de ce type: on se fait bien secouer, ça a un côté très convivial et enfantin, mais cela nécessite d’être parfaitement à l’aise avec l’eau. Bien sûr, le longe-côte se pratique aussi dans une mer calme, c’est même la meilleure façon de débuter ce sport... »
Combien ça coûte?
Pour être pratiqué en toute sécurité, le longe-côte doit être réalisé sous l’égide d’un club. S’ils sont nombreux outre-Quiévrain, il n’en existe à l’heure actuelle qu’un en Belgique. Comptez 15€ pour une sortie, assurance et encadrement compris. Niveau équipement, tout dépend de la saison: une combinaison estivale de base peut se trouver dès 90€ et peut être combinée avec une paire de vieilles baskets. Les combinaisons hivernales, plus complètes (cagoule, etc.) sont plus chères, mais il est généralement possible de louer du matériel à un prix très démocratique.
Nous nous mettons ensuite en route, en alternance dans le sens du courant, puis face à lui. Rapidement, j’apprends à dérouler les jambes sous l’eau: le mouvement s’avère bien plus doux qu’une foulée de jogging, sans aucun choc. Les bras, eux, esquissent des mouvements de crawl en surface. Malgré la pression de l’eau, je n’ai jamais l’impression de fournir un effort violent. Pourtant, dans cette mer agitée, ma respiration s’accélère et il arrive des moments où l’essoufflement n’est plus très loin: ici aussi, il faut savoir doser son effort. J’en viens même à avoir la sensation de suer sous ma combinaison! Heureusement, il est possible de se regrouper pour créer un effet « brise-lame » et avancer plus facilement contre le courant.
Après une heure, passée à toute vitesse, vient le moment de quitter l’eau. Le visage rougeaud et souriant, je me sens vivifié, zen, plein d’énergie. Jusqu’au vestiaire, la combinaison garde son effet isolant, tandis que nous retraversons la plage, petite cohorte de phoques humains, sous le regard incrédule des promeneurs. Voici déjà l’heure de la conclusion: au final, j’ai la sensation d’avoir pratiqué une activité sportive sans les désagréments que j’y associe souvent – ni courbatures, ni fatigue – et, mieux que tout, je me suis amusé. Dites, c’est quand qu’on recommence?
Plus d’infos: www.longecotebelgium.be. Rappel: ce sport est déconseillé aux personnes mal à l’aise dans l’eau et/ou cardiaques.
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