Les abeilles nous veulent du bien

L’apithérapie, qui consiste à utiliser les produits transformés ou sécrétés par l’abeille à des fins thérapeutiques, prend doucement son envol en Belgique. Ces produits favorisent la cicatrisation, soulagent les maux de dents, les rhumatismes,...

L’apithérapie se pratique désormais aussi en Belgique. On peut, en effet, suivre des conférences et des formations sur cette méthode de soins 100 % naturelle basée sur le miel, la propolis, le pollen, la gelée royale, la cire et le venin. Si le corps médical reconnaît des bienfaits aux substances apicoles, il n’est pas unanime sur leurs effets thérapeutiques.  » Probablement parce qu’il est difficile d’effectuer des études cliniques sur les produits de la ruche, vu qu’ils ne sont pas standardisables « , analyse Magali Culot, pharmacienne en Brabant wallon, qui a été formée en Belgique par le Dr Stefan Stangaciu, spécialiste en apithérapie, dont le pays, la Roumanie, est très en pointe en la matière.

La cire, un bon excipient

Produite par l’abeille et indispensable à la construction des rayons de la ruche, la cire est principalement utilisée comme excipient pour les préparations dermatologiques. On la trouve, entre autres, dans la cold cream et les sticks pour les lèvres. Elle donne, par ailleurs, un parfum agréable aux bougies...

La gelée royale, une arme anti-âge ?

Produite dans les glandes des abeilles ouvrières, c’est la nourriture exclusive de la reine. Etant donné que celle-ci vit cinq ans et pond jusqu’à 2.000 £ufs par jour, alors que l’abeille ouvrière ne vit que six semaines et ne peut pas pondre, on a reconnu à cette gelée des vertus de longévité et de santé.  » Elle se compose de vitamines essentiellement du groupe B, de sels minéraux et d’acides aminés essentiels, de facteurs antibiotiques et d’acétylcholine, un stimulant du cerveau. Des cures revitalisantes sont disponibles en pharmacie « , indique Magali Culot. La gelée royale est aussi utilisée en cosmétique dans les formules anti-vieillissement. Des vertus qui ne font pas l’unanimité...  » Il faut des preuves scientifiques « , tempère le Dr Géraud De Bodt, médecin généraliste à Morlanwelz.

La propolis, un antibiotique naturel

Pâte collante, la propolis assure la défense, l’immunité de la ruche. Pour la fabriquer, l’abeille récolte la résine produite par les arbres contre les organismes pathogènes, la mélange à de la cire et en enduit la ruche, ce qui l’aseptise.  » L’air de la ruche est tellement pur qu’on le fait respirer à des asthmatiques « , précise Magali Culot. Et si un ennemi tel qu’une souris s’invite dans la ruche, les abeilles l’embaument pour qu’il ne pourrisse pas ! D’ailleurs, en Egypte ancienne, la propolis servait déjà de produit d’embaumement pour les momies...

 » La propolis booste les défenses immunitaires, ajoute Magali Culot, elle a des propriétés antibactériennes, antivirales, anti-inflammatoires, anesthésiantes, cicatrisantes, ... Elle est indiquée pour la sphère ORL et respiratoire, en stomatologie et en dermatologie. La propolis présente un intérêt par rapport aux antibiotiques car sa composition évolue avec le temps puisqu’elle provient de la résine des arbres qui se défendent contre leur environnement pathogène « , explique-t-elle.

 » La teinture de propolis est utile à avoir dans la pharmacie familiale car elle est souveraine contre les aphtes « , estime le Dr Géraud De Bodt. Attention, la propolis donne des allergies cutanées dans 1 cas sur 1.000 car elle contient des dérivés de l’acide caféique qui sont allergisants. « 

Le miel, un bel énergisant

Le nectar des fleurs est amené par l’abeille à la ruche où il est transformé en miel. De nectar à miel, la proportion de 80 % d’eau et de 20 % de sucres s’inverse et le nectar s’enrichit en enzymes, car il passe d’abeille en abeille, avant d’être stocké dans une alvéole où il est operculé par une fine couche de cire.

Sous l’influence des enzymes, le saccharose du nectar devient glucose et fructose, directement assimilables par l’organisme. Grâce au glucose, le miel est un aliment énergétique et protecteur contre le froid. Le fructose, stocké au niveau du foie, contribue au mécanisme énergétique.  » Le miel est donc indiqué pour les surmenés, les frileux et les sportifs ! « , résume Magali Culot qui considère que tout le monde aurait intérêt à intégrer plus de miel dans son alimentation pour ses vitamines, ses oligoéléments qui favorisent une bonne fixation du calcium et du magnésium, ses facteurs germicides ou encore pour son action bénéfique sur la flore intestinale.

Les bienfaits de l’or de la ruche ne s’arrêtent pas là, le miel soulage aussi les rhumatismes, régule la fonction cardiaque, protège les voies respiratoires, etc.

Un cicatrisant efficace

Bon antiseptique, le miel est aussi utilisé en milieu hospitalier dans plusieurs pays pour cicatriser les plaies et les ulcères. Pionnier dans ce domaine en France, le Pr Bernard Descottes du CHU Limoges a mené pendant vingt-cinq ans (de 1984 à 2009, date de son décès) une étude sur plus de 3.000 patients. Ses travaux ont confirmé le rôle cicatrisant et antibactérien du miel de thym.  » La cicatrice devient pratiquement invisible pour certaines brûlures ou réparations tissulaires « , avait-il déclaré.

En Belgique aussi, le miel est utilisé à cet effet, notamment à l’hôpital militaire de Neder-Over-Heembeek où des pommades soignent les plaies chroniques. On se sert également de l’or de la ruche en médecine générale.  » Il m’arrive d’utiliser du miel stérile pour soigner des plaies difficiles, des escarres aux germes multirésistants car le miel apporte une arme que les autres antibiotiques ne possèdent pas « , confie le Dr De Bodt.

Les contre-indications

 » On relève toutefois deux contre- indications à la consommation de miel, avertit Magali Culot. Il ne faut pas en donner aux bébés de moins d’un an car leur système digestif n’est pas mature. L’enfant pourrait souffrir de botulisme infantile en raison de spores. Et les diabétiques doivent en consommer maximum une cuillère à soupe par jour. Idéalement, ils choisiront le miel d’acacia, plus riche en fructose, dilué dans de l’eau. « 

Bon à savoir

  • Evitez de chauffer le miel car les enzymes et les vitamines sont sensibles à la chaleur. Mieux vaut ajouter le miel dans la tisane quand la celle-ci est tiède.
  • Il y a des miels liquides et crémeux. Tous les miels cristallisent assez rapidement sauf ceux d’acacia et de sapin. Ils restent liquides en raison de leur forte teneur en fructose. Si vous achetez un miel liquide autre que d’acacia ou de sapin, soit il a été chauffé, soit il a été fraîchement récolté. Cette seconde option étant moins probable...

Le pollen, complément alimentaire

On ne parle pas ici du pollen transporté par le vent responsable des désagréables allergies de printemps, mais bien du pollen entomophile, c’est-à-dire transporté par les insectes.  » Le pollen des fleurs constitue les protéines de l’abeille. Cette dernière le ramène sous forme de pelotes dans la ruche où il mûrit. Il s’agit d’un super complément alimentaire riche en acides aminés, en vitamines et en oligoéléments « , détaille Magali Culot.

Et ce n’est pas tout...  » L’influence du pollen est particulièrement reconnue contre l’hypertrophie de la prostate et tous les hommes auraient intérêt à en consommer s’ils veulent éviter cette maladie « , conseillent les Pr Théodore Cherbuliez, médecin suisse, et Roch Domerego, naturopathe français (*). Même si les preuves scientifiques font défaut, le Dr De Bodt reconnaît cette propriété au pollen. Consommable tel quel, ce pollen est disponible dans les magasins bio.

Le venin, anti-inflammatoire

Si le mot effraye, cette arme de l’abeille contre ses prédateurs, possède un pouvoir anti-inflammatoire jusqu’à cent fois plus important que l’hydrocortisone ! Il est utilisé contre les rhumatismes. La technique, pratiquée par des médecins spécialisés, consiste à piquer le patient avec l’abeille sur des points d’acupuncture.  » Alors qu’il s’agit d’une spécialisation en Roumanie, ce procédé est peu répandu en Belgique « , précise Magali Culot. Pour la petite anecdote, on dit que Charlemagne s’est soigné de la goutte par le venin d’abeille...

(*) A lire : L’apithérapie. Médecine des abeilles, Pr Théodore Cherbuliez et Pr Roch Domerego, Ed. Amyris, 256 pages, 24,50 euro.

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