Les agrumes responsables d’un cancer de la peau ?
Les jus d’oranges et de pamplemousses, deux fruits si frais et riches en vitamine C, sont aujourd’hui pointés du doigt pour leur éventuelle responsabilité dans l’apparition d’un mélanome. Faut-il vraiment s’en inquiéter ?
Votre médecin vous a diagnostiqué une carence en vitamine C et vous a conseillé les jus d’oranges, de pamplemousses et d’autres agrumes ? Oui, mais prudence car à trop en consommer, vous risquez un mélanome ! Finalement, que peut-on encore consommer sans risque ? Des oranges et des pamplemousses assurément, car cette assertion doit encore être vérifiée plus amplement.
Le responsable : le psoralène
Selon des chercheurs américains de la Harvard School of Public Health, la consommation régulière d’agrumes augmenterait le risque de développer un mélanome en raison d’un composé organique présent en grande quantité dans ces jus et qui réduirait la protection de la peau aux rayons ultraviolets. Ce composé, que l’on retrouve dans les oranges, citrons, pamplemousses, etc., s’appelle le psoralène et appartient à la famille des furocoumarines. Cette molécule est un agent toxique photosensible et donc capable d’interagir avec la lumière ultraviolette, rendant de la sorte la peau beaucoup plus sensible aux rayons UV. En Belgique, on enregistre chaque année plus de 1.500 nouveaux cas de mélanomes. Avant la puberté, ce cancer est extrêmement rare. Mais ensuite, il peut survenir à tout âge, un peu plus souvent chez les femmes que chez les hommes.
Pas de consommation abusive ...
Les spécialistes américains pointent plus particulièrement les jus de pamplemousses et d’oranges frais. Pour parvenir à cette constatation, ils se sont basés sur l’analyse de données sanitaires (habitudes alimentaires, activité sportive, tabagisme, consommation d’alcool) de plus de 100.000 Américains, hommes et femmes travaillant comme infirmiers ou professionnels de la santé, sur une période de 26 ans. Durant ce laps de temps, 1.840 patients ont été atteints d’un mélanome. Après avoir ajusté les autres facteurs de risque, il est apparu que les personnes qui consommaient quotidiennement un pamplemousse ou une orange et demie (ou 270 ml de jus) avaient un risque de cancer 36% plus élevé que celles qui en mangeaient moins de deux fois par semaine. Ce fait serait particulièrement visible sur les sujets consommant des pamplemousses. Par ailleurs, le mélanome est principalement apparu sur les parties du corps découvertes : tête, cou, bras.
... sans toutefois changer ses habitudes
» Si cette corrélation est intrigante, il est quand même trop tôt pour changer les recommandations alimentaires », soulignent les chercheurs. Le lien entre agrumes et mélanome doit donc encore être confirmé par une étude en population générale. Les chercheurs doivent également établir pourquoi d’autres légumes riches en psoralènes, comme les panais ou les carottes, n’ont pas le même effet cancérigène que le pamplemousse. En attendant, on ne boude pas son plaisir de siroter un jus d’agrumes frais, qui ont quand même un effet protecteur contre les maladies cardio-vasculaires, et on se protège comme il se doit contre les rayons du soleil.
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