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Les bobos de l’entrejambe masculine

Comme tout organe, le pénis peut souffrir de pathologies spécifiques. De quoi susciter quelques inquiétudes ! Petit passage en revue des plus courantes, de leurs conséquences et des traitements disponibles.

Les pathologies au bout du bout

Les pathologies les plus courantes du pénis se situent au niveau du gland ou de la peau qui l’entoure au repos, le prépuce. Il en va ainsi du phimosis, soit un resserrement du prépuce qui empêche le décalottage. Le plus souvent bénin chez l’enfant de moins de cinq ans, il n’est généralement considéré comme pathologique que chez les sujets plus âgés. « Il existe plusieurs causes possibles à ce problème, mais il s’agit le plus souvent d’un problème cutané, explique le Dr Grégory Lefèbvre, urologue au Centre hospitalier universitaire de Namur (UCL) et à la Clinique Saint-Luc de Bouge. Le traitement passe par des crèmes visant à redonner de la souplesse au prépuce. Si cela ne suffit pas, une circoncision est alors envisageable. »

Parmi les causes possibles de phimosis, citons d’éventuels traumatismes (décalottages forcés et violents durant l’enfance, par exemple) ou encore unlichen scléro-atrophique. Cette inflammation chronique de la peau du prépuce, non contagieuse et dont l’origine est encore mal connue, peut apparaître à tout âge. La peau devient alors plus claire, fragile et/ou indurée. Il est important de prendre cette pathologie en charge car, à terme, elle peut entraîner l’apparition d’uncarcinome épidermoïde, soit le cancer du pénis. Ce dernier, diagnostiqué le plus souvent autour des soixante ans et fort rare, se marque par des lésions au niveau du gland ou du prépuce : des ulcères suitants ne guérissant pas ou des renflements bourgeonnants. Le traitement passe ici généralement par la chirurgie (ablation partielle ou totale, souvent suivie de chirurgie réparatrice), éventuellement accompagnée de chimiothérapie en cas de métastases.

Une variante du phimosis existe : on parle de paraphimosis lorsque le prépuce trop étroit est coincé en position rétractée, décalottée, créant une sorte de « col roulé » à la verge et laissant le gland à l’air. « Il s’agit d’une urgence médicale, le prépuce pouvant alors « étrangler » le gland et empêcher le sang d’y parvenir », met en garde l’urologue. Le traitement passe d’abord par une réduction manuelle (on recapuchonne le prépuce) avant de traiter l’éventuel phimosis sous-jacent.

Labalanite est pour sa part une inflammation chronique du gland ou du prépuce, souvent liée à une mauvaise hygiène, entraînant des infections fongiques ou bactériennes. Elle se caractérise le plus souvent par des rougeurs, une douleur ou des démangeaisons locales. A noter que par « mauvaise hygiène », on entend une toilette insuffisante, mais pas seulement : il arrive que certaines personnes se lavent trop souvent/intensément ou emploient des savons ou produits trop « mordants », créant de facto une irritation et les conditions propices à une inflammation.

Les pathologies liées à l’érection et à l’activité sexuelle

Lafracture du pénisreste rare, mais pas impossible. « L’enveloppe des corps caverneux, qui permettent l’érection en se gorgeant de sang, sont relativement fragiles et peuvent se briser, le plus souvent lors d’une pénétration sexuelle, détaille le Dr Grégory Lefèbvre. Lorsque cela arrive, impossible de passer à côté : la douleur est abominable, le gonflement et la coloration dus au saignement sont tels qu’on parle de « verge aubergine ». » Il s’agit encore une fois d’une urgence médicale : la déchirure doit être suturée au plus vite.

Bien moins grave mais tout aussi impressionnante, la rupture du frein (le frein est la petite ligne de peau reliant la face inférieure du gland au fourreau de la verge), généralement consécutive à un rapport sexuel intense, se caractérise par un saignement abondant, la zone étant irriguée par une petite artère. « Le saignement s’arrête assez vite de lui-même et la zone cicatrise naturellement. Cela dit, en cicatrisant, la zone peut se rétracter quelque peu et raccourcir le frein, ce qui peut gêner l’érection. En ce cas, une légère intervention chirurgicale permet de tout faire rentrer dans l’ordre ».

Relativement fréquente (elle touche environ 6% de la population masculine), laMaladie de Lapeyroniese caractérise quant à elle par une courbure anormale du pénis en érection, associée à une gêne, voire une douleur. « Sans qu’on sache vraiment pourquoi elle apparaît, cette pathologie est liée à un excès de cicatrisation sur l’enveloppe des corps caverneux, qui provoque une rétractation de certaines zones et, partant, une déviation du sexe. Elle est le plus souvent évolutive et il existe une multitude de traitements disponibles avec, en dernier recours, une intervention chirurgicale. Il est en tout cas important, si l’on en souffre, de ne pas interrompre les rapports sexuels, les érections semblant empêcher l’extension des plaques de cicatrisation. »

Le priapisme, dont le nom fait référence au dieu grec de la fertilité Priape, est une érection continue, prolongée dans le temps (plus de quatre heures) et douloureuse. Potentiellement provoquée par des traitements médicamenteux (anticoagulants, antidépresseurs...) ou certaines maladies, il s’agit d’une réelle urgence médicale. « Sans traitement, cette pathologie peut avoir des conséquences dramatiques sur l’avenir de l’érection. »

Enfin, il existe évidemment toute une cohorte de maladies sexuellement transmissibles (MST). Sans toutes les passer en revue (le site https://depistage.be/ en donne un bon échantillon, avec leurs principales caractéristiques), on se permettra de donner un coup de projecteur au papillomavirus humain (HPV), le plus souvent – et à tort – associé au sexe féminin. « En réalité, l’infection au HPV est la MST la plus fréquemment, rencontrée aussi bien chez les femmes que chez les hommes : à partir du moment où vous avez eu 2 ou 3 partenaires, il y a de grandes chances pour que vous soyez (ou ayez été) vous-même porteur du virus. » 70 à 80% de la population active serait ainsi « contaminée ». « Il existe quantité de souches et seule une partie d’entre elles peuvent donner le cancer de l’utérus ou un carcinome épidermoïde de la verge, qui est heureusement extrêmement rare. » L’infection est donc le plus souvent bénigne chez l’homme, même si elle peut donner lieu à des dermatoses, des verrues génitales qu’on appelle condylome. Ceux-ci se développent souvent en bouquets disgracieux, qu’il est possible de les faire disparaître au moyen de crèmes ou d’un traitement au laser. Les supprimer permet également de limiter la contagion à d’éventuels partenaires lors de rapports non protégés. A noter qu’il existe un vaccin, proposé aux adolescents et adolescentes et qui protège de certaines souches de HPV oncogène.

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