Les bons gestes pour combattre les odeurs de pieds
La fin des vacances estivales s’accompagne d’un retour aux chaussures fermées… dans lesquelles les effluves de pied peuvent facilement s’épanouir. Ce qui n’est heureusement pas une fatalité!
Avec la mauvaise haleine, les pieds odorants sont probablement l’une des affections courantes les plus gênantes. Et si, durant les vacances, les chaussures ouvertes ou les pieds nus peuvent limiter les désagréments, le retour au train-train quotidien, une fois les petons chaussés de bottines, ballerines, ou baskets, remet le problème à l’avant-plan. C’est que les chaussures fermées s’avèrent les incubatrices idéales pour permettre le développement d’odeurs plus ou moins fortes, voire piquantes. La raison de ce phénomène est assez simple: de nombreuses bactéries colonisent naturellement notre peau, se nourrissant de nos cellules cutanées mortes et de nos sécrétions sudorales. Or, les chaussures peuvent jouer le rôle de nurserie. Une fois placées dans ce milieu chaud, humide et peu ventilé, les bactéries s’en donnent à cœur joie et s’y reproduisent à grande vitesse. Après être passé à table, tout ce petit monde rejette des substances odorantes aux noms barbares (on vous les épargne), qu’on retrouve notamment dans le fromage de Herve ou le beurre rance. Techniquement, ce ne sont donc pas les pieds qui sentent, ce sont les bactéries qui s’y trouvent qui digèrent, nuance!
Tout le monde n’est cependant pas égal face à ce trouble odorant. Certains semblent y échapper la majorité du temps, alors que d’autres voient leurs chaussures exhaler systématiquement un fumet désagréable, même en se lavant les pieds quotidiennement. Une mauvaise hygiène n’est donc pas toujours en cause, loin de là… «La principale raison tient en fait en une hyperactivité des glandes sudoripares», précise David Bacquart, podologue et professeur de podologie à la Haute Ecole libre de Bruxelles Ilya Prigogine. On parle alors d’hyperhidrose: la plupart du temps, cette sudation excessive, souvent localisée au niveau des pieds et des mains, du visage et/ou des aisselles, est d’origine génétique. Pas de chance, il va falloir faire avec. «Mais de nombreux autres facteurs peuvent aussi jouer: l’âge, le surpoids, le stress, la consommation d’alcool, un déséquilibre alimentaire, sans oublier certaines pathologies ou troubles hormonaux.» Même si le sujet semble trivial, il peut donc être utile de consulter un médecin, afin d’identifier ou d’exclure certains de ces facteurs, potentiellement graves (diabète, hyperthyroïdie…) ou curables.
Au sec et sain
Faute de toujours pouvoir traiter le problème à la racine, le principal palliatif consiste à limiter les conditions idéales à la prolifération bactérienne. Le premier point sur lequel agir concerne… les chaussettes. Qu’on se le dise: même si c’est parfois moche et peu glamour, celles-ci sont à recommander dès lors qu’on porte des chaussures fermées, quitte à opter pour le format «soquette» lorsqu’il s’agit de souliers légers ou partiellements ouverts, comme les ballerines, les chaussures bateaux ou les escarpins. «Ne pas porter de chaussettes, c’est exactement comme porter un jeans plusieurs jours d’affilée sans sous-vêtement et sans le laver», compare Mikaela Tibi, infirmière et pédicure médicale, directrice de deux écoles de pédicure médicale (école Mathieu, Liège et EFPM, Bruxelles). Ces chaussettes doivent être en matière absorbante (coton), et changées tous les jours. «Il faut aussi prêter attention aux semelles, en optant pour des modèles faciles à ôter pour les aérer et les nettoyer régulièrement.» La flemme? Achetez des semelles bon marché, que vous pourrez alors changer de façon ponctuelle. Les chaussures, pour leur part, doivent être régulièrement aérées, pour permettre à l’humidité de s’échapper: l’idéal est d’en changer presque quotidiennement et d’alterner entre trois ou quatre paires. Leur matière première a aussi son importance. Privilégiez le cuir ou les matériaux respirants.
Mal sécher ses pieds, c’est laisser quantité de foyers bactériens.
Les pieds, eux aussi, doivent faire l’objet de soins, soit en empêchant la transpiration, soit en limitant les conditions idéales à la prolifération bactérienne. Difficile de conseiller un produit anti-transpirant spécifique, tant l’offre est abondante. Les seuls vraiment efficaces semblent être ceux contenant des sels d’aluminium (même la pierre d’alun en contient). Certains doivent être appliqués quotidiennement tandis que pour d’autres, plus concentrés, une à deux applications par semaine suffisent. Il est aussi possible d’opter pour des poudres astringentes (talc, bicarbonate de soude…), à répandre dans la chaussure. Parfois enrichies d’huiles essentielles, celles-ci sont capables d’absorber en partie l’humidité et les odeurs. Autre remède éprouvé: les paillettes d’acide borique. En plus de leur effet absorbant, elles ont la particularité de changer le PH de la sueur, dégradant les conditions de vie des bactéries.
Mais c’est, peut-être et surtout, en amont qu’il faut agir, en n’oubliant pas une étape primordiale après s’être lavé les pieds: le séchage. «Mal sécher ses pieds, c’est laisser plein de foyers bactériens ou de mycoses, insiste Mikaela Tibi. L’espace entre les orteils est souvent oublié ou négligé, c’est une erreur. Essuyez-le avec un essuie-tout – les serviettes de bain sont trop épaisses – et pulvérisez-y un peu de spray déodorant ou anti-mycosique. Jamais de crème, par contre, qui créerait un foyer humide. »
Pédicure médicale et infirmière, directrice des écoles de pédicure médicale Mathieu (Liège) et EFPM (Bruxelles). Mikaela Tibi
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