Les idées fausses sur l’orgasme féminin
De nombreuses idées fausses circulent à propos de l’orgasme féminin... En voilà huit démystifiées.
1) Une femme qui n’a pas d’orgasme est frigide. C’est faux !
La frigidité est une notion :
– ambigüe : Elle désigne une absence de désir associée à une absence de plaisir et une absence d’orgasme. Les sexologues utilisent donc des mots plus précis comme :
« Inhibition du désir sexuel » ou « baise du désir sexuel » ou « désir sexuel hypoactif » pour l’absence de désir ;
« Anorgasmie » pour l’absence d’orgasme.
Le terme frigidité est utilisé en langage populaire, mais non en langage médical ou sexologique où il est tombé en désuétude.
– injuste car il est souvent employé par l’homme quand la femme ne ressent pas d’orgasme pas au niveau de son vagin au moment de la pénétration. Or, cette femme peut connaître des orgasmes par la stimulation de son clitoris avec son partentaire et parfois obtenir des orgasmes vaginaux, par ses propres auto-caresses.
– infamant : L’absence d’orgasme vaginal lors de la pénétration constitue quasiment une tare honteuse depuis que Freud a décrété que seul cet orgasme était valable et digne d’une vraie femme mâture et saine, et que l’orgasme clitoridien était une forme d’orgasme inférieure, propre aux femmes immatures voire névrosées. Si Freud a donné cette prépondérance au vagin, c’est en digne représentant du patriarcat, cette ère de domination de l’homme dont on sort aujourd’hui.
L’anorgasmie peut être clitoridienne et/ou vaginale. Une femme qui connaît l’orgasme clitoridien n’est pas anorgasmique, qu’elle obtienne ces orgasmes seule par masturbation ou en couple.
2) Question orgasme, les femmes sont soit vaginales, soit clitoridiennes.C’est faux !
Il n’existe pas deux types de femmes, les femmes clitoridiennes et les femmes vaginales. La plupart des femmes sont clitoridiennes (connaissent l’orgasme clitoridien) et certaines sont en plus vaginales. Il existe cependant des femmes n’ayant jamais expérimenté l’orgasme clitoridien. Et d’autres ne connaissant que l’orgasme vaginal, mais elles sont une minorité.
3 ) Certaines femmes sont totalement anorgasmiques. C’est quasiment toujours faux !
Il serait plus adapté de dire d’une femme qui n’atteint pas l’orgasme qu’elle est « pré-orgasmique », plutôt qu’anorgasmique. En effet, une femme qui n’a pas encore expérimenté d’orgasme à 20 ans peut s’en approcher de très près, connaître une montée du plaisir très proche de l’orgasme. Et elle pourra connaître des orgasmes à 22 ans ou plus, tout comme une femme qui n’a jamais expérimenté l’orgasme avec son partenaire pourra le découvrir avec un autre homme.
Enfin il faut distinguer l’anorgasmie primaire et l’anorgasmie secondaire. Dans le premier cas la femme n’a jamais eu d’orgasme dès ses premières relations sexuelles et dans le second cas elle a joui dans un premier temps et a cessé de le faire par la suite.
4) Le plaisir sexuel est étranger à la femme. C’est faux !
Le plaisir sexuel féminin existe, tout comme l’orgasme féminin. Le droit au plaisir et à l’orgasme est récent et date de la révolution féministe du 20ème siècle... Certaines personnes imaginent encore que toutes les femmes sont frigides ou simulatrices !
5) L’orgasme est obligatoire pour une relation réussie. C’est faux !
D’interdit, l’orgasme est devenu une obligation souvent trop forte depuis l’avènement de la sexologie et de la libération féminine. Ainsi les femmes qui n’accèdent pas à l’orgasme vaginal peuvent aujourd’hui se sentir dévalorisées dans leur sexualité et leur féminité.
Certaines vont jusqu’à imaginer qu’elles ne sont pas pleinement femmes.
Des femmes souffrent aussi de ne pas connaître ce plaisir qu’on dit si extraordinaire et si bénéfique. Quant au partenaire, il a peur d’être piètre amant, puisqu’il ne réussit pas à faire monter sa partenaire au septième ciel (comme on le qualifie !). Ne dit-on pas qu’il n’y a pas de femmes frigides, qu’il n’y a que des hommes malhabiles ? Il se sent lui aussi dévalorisé. Cette dictature de l’orgasme peut chez certains transformer chaque rapprochement sexuel en challenge et en une recherche obsessionnelle de jouissance maximale. Le couple peut alors se trouver en danger. La femme peut avoir tendance à reprocher son insatisfaction à son partenaire. Lui, de son côté, peut lui reprocher d’être frigide. Ces déceptions peuvent engendrer des conflits et compromettre le couple. On comprend que beaucoup de femmes préfèrent simuler.
6) Simuler l’orgasmeest bon pour le couple.C’est souvent faux !
En simulant l’orgasme, une femmes cède à la dictature de l’orgasme et entre dans une manipulation susceptible de fausser sa vie sexuelle. Simuler, c’est perdre des chances de d’améliorer la sexualité de couple et d’accéder un jour vraiment à l’orgasme. De plus, mentir éloigne les deux partenaires, ce qui est dommage dans un acte de rencontre sexuelle. Le plaisir et l’orgasme sont naturellement les fruits d’un apprentissage conscient, progressif et réciproque, d’un ajustement subtil et d’un patient éveil.
7) L’orgasme, c’est essentiel dans une vie de couple. C’est faux !
Si l’orgasme est agréable, intéressant et s’il a son importance, il est bon de rester conscients que l’essentiel est la rencontre sexuelle dans tout son ensemble: le contact des corps et des sexes a pour but de concrétiser de manière charnelle l’amour, le désir, et tous les sentiments que se vouent les partenaires ; il s’agit de doubler la communication des âmes par celle des sens.
8) Certains orgasmes sont des vrais orgasmes, et d’autres de faux orgasmes. C’est faux !
Il existe toutes sortes d’orgasmes (caresses de la poitrune, caresses du clitoris...) et aucun n’est plus « vrai » que d’autres. On peut sourire intérieurement ou éclater de rire pour des raisons différentes. La femme peut éprouver un bien-être profond et large sans explosion évidente. L’essentiel est le bien-être.
Une femme qui se réjouit de sentir le pénis l’habiter, apaisant la tension liée à l’excitation, satisfaisant son désir d’être pénétrée, comblant un creux en elle, est normale, même si elle n’éprouve pas de pic aigu de jouissance.
Une femme qui est heureuse d’aimer et d’être aimée est normale. Le bonheur de l’amour compte autant que les sensations physiques. L’orgasme n’est pas une fin en soi. D’ailleurs, même une fois l’orgasme obtenu, il peut laisser parfois une impression d’insatisfaction s’il manque l’affection, la tendresse. Car alors, il n’est pas le bonheur. Sans doute est-il temps d’élaborer une autre philosophie de l’amour.
Concrètement :
– L’orgasme doit être vu comme une possibilité et non un objectif.
– Simuler l’orgasme est une double erreur : la femme faire penser l’homme qu’il agit de manière adéquate (ce qui est faux) et la femme ne laissant pas la possibilité à son partenaire de lui apporter plus de plaisir (ce qui est dommage !)
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