Les pouvoirs de l’hypnose médicale
Nous associons souvent l’hypnose à des spectacles comme ceux de Messmer. Or, l’hypnose est beaucoup plus intéressante que ça. Elle est utilisée avec succès dans différents domaines médicaux et permet de traiter efficacement des problèmes de dépendance voire même de réaliser certaines opérations sans narcose.
L’hypnose est une discipline qui permet de mettre une personne dans un état modifié de conscience, entre la veille et le sommeil. Également appelé « transe », cet état, qui n’a rien de magique ni d’envoûtant, apparaît aussi de manière naturelle. Eh oui! « Nous expérimentons la transe hypnotique au cours d’occupations qui demandent une concentration telle qu’elle nous fait perdre la notion du temps, comme c’est le cas au volant de notre voiture, ou lorsque nous sommes captivés par un livre, ou encore quand nous sommes dans la lune », affirme Barbara Briqmane, psychologue praticienne et formatrice en hypnose clinique.
Une voie directe vers l’inconscient
L’hypnothérapeute part du postulat que de nombreux problèmes personnels trouvent leur origine dans l’inconscient. Y sont emmagasinés pêle-mêle interdictions, obligations, croyances familiales et culturelles, dogmes auxquels nous sommes contraints de nous soumettre. Sans parler des peurs et des traumatismes de la petite enfance, refoulés, mais toujours bien présents! Ce monde inconscient influence nos comportements, nos choix, nos décisions, en un mot notre existence.
Mais dans notre inconscient se trouve également un réservoir de ressources au potentiel immense! Et l’hypnose est une des techniques qui permet de communiquer directement avec l’inconscient afin d’accéder à nos ressources cachées et activer de la sorte notre pouvoir d’auto-guérison. « Grâce aux nombreux outils qu’il a à sa disposition, l’hypnothérapeute peut suggérer à l’inconscient de modifier certaines programmations au niveau des comportements, des désirs, de l’interprétation de la douleur, de la vision de soi, des autres, du monde, etc. afin d’aller vers davantage de bien-être et de bonheur, explique Barbara Briqmane. Au début du travail, il est bien sûr primordial d’établir un bon diagnostic. L’objectif est d’autonomiser les patients en faisant en sorte qu’ils comprennent que l’hypnose, c’est d’abord leur capacité à utiliser leurs ressources personnelles. Cette démarche va à l’opposé de la malencontreuse tendance à se battre contre soi-même, résister, forcer, exiger que le corps fonctionne comme une machine . »
L’hypnose permet de communiquer avec l’inconscient.
Un soutien au changement comportemental
L’hypnose a des effets positifs dans de nombreux domaines. Au niveau comportemental, elle aide, entre autres, à soigner la timidité et les phobies, à perdre du poids, à améliorer la qualité du sommeil. Elle soulage les effets du sevrage tabagique et alcoolique. Des études ont effectivement montré que le taux d’abandon du tabagisme se situe entre 30 et 40% six mois après une hypnothérapie. « L’hypnose peut aider un patient à arrêter de fumer à condition qu’il soit motivé, prévient toutefois la psychologue. Sans motivation, les suggestions mentales resteront sans effet. L’hypnose n’enlève pas l’envie de fumer, mais elle adoucit les effets secondaires du sevrage, rendant celui-ci plus confortable, ce qui évite la rechute. On sait par exemple que l’arrêt du tabac provoque une augmentation de la quantité d’oxygène dans le sang, avec comme conséquence une sensation d’étourdissement. Le thérapeute peut suggérer au corps de diminuer légèrement l’apport d’oxygène vers le cerveau. La personne, qui sent alors rapidement quelque chose se calmer en elle, ne souffre pas de vertiges.
Par ailleurs, l’hypnothérapeute peut également proposer au patient de boire un grand verre d’eau pour l’aider à ne pas grignoter quand vient l’envie de fumer et pour gérer le stress lié au manque. Le thérapeute suggère à l’inconscient que ce verre d’eau va nettoyer et apaiser le corps, lui procurer du bien-être, de sorte que le patient se sentira bien pendant les deux heures suivantes et ne pensera plus à fumer. Une fois que l’inconscient a accepté cette suggestion, il la met en application. Dès que l’envie de fumer reviendra, la personne sera attirée par le verre d’eau . »
La gestion du stress et des émotions
L’hypnothérapie est également une aide précieuse au développement personnel. Nombreuses sont les personnes qui y recourent pour apprendre à mieux gérer leur stress et leurs émotions. « Pour commencer, il faut apprendre à reconnaître le stress, à observer de quelle manière il impacte le corps, à adopter une hygiène des émotions et de l’énergie, à accueillir tout ce que dit le corps et ne plus se battre contre ses messages. Nos émotions sont notre meilleure force car elles nous indiquent de quelle manière notre corps essaie de nous aider à entrer en relation avec le monde extérieur: là, quelque-chose m’a mis en colère, ou m’a rendu triste, ou heureux... On commence donc par apprendre à accueillir les petites difficultés de la vie et les émotions qu’elles provoquent, à se respecter de manière à vider tout de suite le trop-plein.
On propose ensuite des outils permettant d’exprimer et de décharger le stress de manière adéquate, au bon moment, c’est-à-dire pas en public ou face à son patron. Ces outils sont expérimentés en séance afin que la personne puisse les répliquer par la suite chez lui. Concrètement, on apprend par exemple au patient à drainer le stress vers l’extérieur du corps grâce à la respiration. «
La gestion de la douleur
Enfin, l’hypnose est reconnue pour gérer efficacement la douleur et les manifestations psychosomatiques. « La douleur est une information utile et nécessaire envoyée par le cerveau pour nous protéger. Mais elle est aussi une donnée subjective liée à des mécanismes de défense qui se mettent en place de manière automatique. C’est pourquoi le rapport à la douleur et sa perception varient fortement d’une personne à l’autre. Le cerveau possède la capacité de stopper la douleur, d’en modifier la perception, de l’interpréter autrement. Le rôle du praticien consiste à proposer un outil, une sorte de médicament psychique, que la personne peut s’approprier pour soulager et gérer sa douleur. Le thérapeute dispose ainsi de toute une série d’exercices en lien avec la visualisation, la suggestion et la réification (transformation) de la douleur, cette dernière étant l’outil le plus classique utilisé en hypnothérapie. Certains outils suggèrent au corps de transformer la perception douloureuse en un ressenti moins désagréable et inconfortable comme le serait une sensation de lourdeur, de fraîcheur, ou encore de picotement.
L’hypnose ne se substitue pas à un suivi médical.
Pour soulager une douleur chronique située sur un nerf, par exemple, le patient peut-être est invité à visualiser l’endroit où se trouve le nerf douloureux. S’il compare sa douleur à un feu en train de couver, le thérapeute peut l’amener à modifier cette image en lui proposant d’éteindre le feu avec de l’eau et ainsi de refroidir l’endroit. De manière étonnante, la personne observe que la chaleur et l’inflammation refluent, et la douleur se calme. Elle est ainsi en possession d’un outil qui va lui permettre de gérer et diminuer sa douleur.
On peut également apprendre au patient à ne pas focaliser son attention sur l’endroit douloureux, mais à se concentrer sur ce qui est confortable. On peut aussi lui montrer comment se mettre dans un état de dissociation par rapport à son corps et à la douleur. Celle-ci est alors perçue comme un bruit de fond auquel il ne fait plus attention et qui ne l’empêche plus de vivre. » Notons pour finir que si l’hypnose a le pouvoir d’aider l’individu à découvrir son potentiel pour aller mieux, elle ne peut, on l’a compris, faire disparaitre les problèmes et en aucun cas se substituer à un suivi médical adapté.
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