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Maladies infantiles : les adultes aussi !

Julie Luong

Coqueluche, rougeole, VRS : les maladies dites « infantiles » peuvent aussi toucher les adultes. Ont-elles les mêmes conséquences ? Et comment s’en protéger lorsqu’on fréquente de jeunes enfants ?

Les maladies infectieuses sont très fréquentes chez les enfants... et souvent très contagieuses. Heureusement, contre le tiercé rougeole-rubéole-oreillons, le vaccin combiné – même s’il n’assure pas une protection à 100% – permet de limiter en grande partie les risques. Le hic ? Administré une première fois à l’âge d’un an, ce vaccin nécessite un rappel vers 10-12 ans mais environ 20 à 30% de la population passe entre les mailles du filet. Il n’est donc pas rare de voir apparaître ces maladies à l’âge adulte avec, dans de rares cas, des complications sévères. « Dans un cas sur 1.000, la rougeole peut avoir des conséquences graves : encéphalite, pneumonie... », explique le Pr Yves Van Laethem, spécialiste des maladies infectieuses au CHU Saint-Pierre à Bruxelles.

La bonne nouvelle, c’est que si vous êtes nés avant 1960, vous ne risquez théoriquement rien. « Au sein de cette génération, tout le monde a fait ces maladies dans l’enfance car elles étaient alors très fréquentes. Les personnes sont donc protégées », poursuit le spécialiste. C’est en effet le principal avantage de ces maladies infantiles : quand l’organisme a rencontré une fois le virus, il développe des anticorps spécifiques qui protègent théoriquement à vie.

C’est le cas pour la mononucléose : cette maladie dite du baiser (parce qu’elle se transmet essentiellement par la salive), due au virus Epstein-Barr, n’apparaît qu’une fois, généralement pendant l’enfance ou l’adolescence. Caractérisée par une grande fatigue, elle peut passer relativement inaperçue : beaucoup de personnes ont ainsi fait la mononucléose sans le savoir et, au final, seuls quelque 10% des plus de 50 ans ne l’ont jamais eue. Comme il n’existe pour l’heure aucun vaccin (bien que des recherches soient en cours), les recommandations de base sont de mise pour cette petite frange de la population : éviter d’embrasser sur la bouche une personne porteuse de la maladie, ne pas utiliser les mêmes verres ou couverts... et consulter son médecin en cas de fatigue persistante et de fièvre. La mononucléose peut en effet être très invalidante mais entraîner aussi, dans de rares cas, des complications sévères comme une rupture de la rate.

Des conséquences plus importantes ?

Les adultes sont donc susceptibles de contracter certaines maladies  » d’enfant « . Mais les grands-parents sont-ils plus à risque que les parents ? « Pas vraiment, répond le Pr Yves Van Laethem, même si les conséquences sont un peu différentes et potentiellement plus sévères, avec le VRS, par exemple ». Très fréquent entre novembre et mars, le VRS (virus respiratoire syncytial) provoque chez l’adulte des symptômes similaires à ceux de la grippe (toux, fièvre, maux de tête...) : il peut être à l’origine de complications sévères, notamment chez les personnes présentant des pathologies cardiaques ou pulmonaires.

« On pense aujourd’hui que le VRS est porteur d’une mortalité du même ordre que la grippe chez les seniors », explique le spécialiste. Comme il n’existe pour l’heure aucune vaccination, il est donc recommandé aux grands-parents d’éviter les contacts avec de jeunes enfants atteints d’infections respiratoires de ce type. Comme les tout-petits, les seniors sont en effet des populations  » à risque ». En effet, avec l’avancée en âge, le système immunitaire subit une évolution complexe appelée  » immunosénescence  » : certaines fonctions immunitaires sont conservées, voire augmentées (parfois à mauvais escient comme dans les maladies auto-immunes ou la prolifération tumorale) tandis que d’autres sont réduites. De manière générale, ce remodelage diminue la réponse vaccinale et rend plus vulnérable face aux infections. Sans compter que c’est dans cette tranche d’âge qu’on trouve le plus de maladies chroniques. Diabète, problèmes respiratoires ou cardiaques : autant de terrains propices aux complications. C’est pourquoi vacciner les enfants est aussi un moyen de protéger... les grands-parents ! « C’est le cas du vaccin contre le pneumocoque chez l’enfant dont on sait aujourd’hui qu’il diminue les infections invasives chez la personne plus âgée », rappelle le Pr Yves Van Laethem.

Protéger ses petits-enfants

L’inverse est également vrai : en se protégeant soi-même, on protège ses petits-enfants. La coqueluche en est un bon exemple : caractérisée par une toux persistante (plus de deux ou trois semaines) qui produit un bruit long et sifflant évoquant le chant du coq – d’où le nom de coqueluche -, cette maladie nécessite une revaccination régulière. « Avec le vaccin, la protection est de quelques années. Lorsqu’on a déjà eu la maladie, la protection est meilleure mais il arrive tout de même qu’on refasse la coqueluche », explique le Pr Yves Van Laethem. C’est pourquoi les femmes enceintes sont systématiquement vaccinées. Le danger principal est en effet de transmettre la maladie à un bébé de moins d’un an qui n’a pas encore reçu le vaccin et pour qui les complications peuvent être graves.

La vaccination reste donc une option intéressante pour les grands-parents qui gardent leurs petits-enfants car la coqueluche, qui se transmet par voie aérienne (toux), est extrêmement contagieuse. C’est pourquoi ce vaccin est d’ailleurs remboursé pour les parents et la fratrie du nouveau-né. « A priori, les grands-parents n’entrent pas dans les conditions de remboursement. Mais c’est en train d’évoluer », se réjouit le Pr Yves Van Laethem. Il est donc intéressant d’en parler avec votre médecin traitant. Au-delà de ces mesures de précautions, rappelons enfin que les contacts entre petits-enfants et grands-parents sont globalement excellents pour le bien-être des uns et des autres... et vous garantissent donc une immunité à toute épreuve !

Les conseils à retenir

– Evitez de garder vos petits-enfants s’ils souffrent d’une infection respiratoire VRS ou si vous-même en souffrez.

– Lavez-vous régulièrement les mains à l’eau savonneuse, en particulier après être allé aux toilettes, avant les repas, après avoir changé ou mouché un enfant.

– Les jouets, doudous et autres peluches sont des nids à microbes : lavez-les régulièrement.

– Faites le point sur vos vaccinations avec votre médecin traitant.

Zona et varicelle

Un virus endormi

La varicelle est une maladie infantile très contagieuse de la famille des herpèsvirus: elle se caractérise par la présence de boutons rouges et de démangeaisons. La plupart des adultes ont fait la varicelle dans l’enfance, en général vers l’âge de 5-6 ans. Le virus reste ensuite « endormi » dans les ganglions nerveux situés le long de la colonne vertébrale. S’il se réveille, on parle de zona.

Des symptômes douloureux

Le zona se présente sous la forme d’une éruption cutanée douloureuse, généralement située d’un seul côté du corps : elle peut évoluer en une atteinte nerveuse, responsable de douleurs parfois importantes au niveau du dos et de la poitrine mais aussi de la tête, du cou et parfois des yeux (zona ophtalmique). Les lésions de la peau disparaissent naturellement au bout de trois à quatre semaines mais les douleurs peuvent nécessiter un traitement prolongé. Certaines personnes peuvent conserver longtemps des névralgies résiduelles appelées post-zostériennes. Le zona n’est pas contagieux : seul le contact direct avec les lésions cutanées (vésicules et croûtes) est à risque... pour qui n’a jamais eu la varicelle.

Un réveil lié au stress

Le zona se déclenche en général à partir de 45-50 ans. La plupart du temps, une personne n’aura heureusement qu’une seule crise de zona au cours de sa vie. On estime que le zona touche jusqu’à 50% des plus de 80 ans. Le réveil du virus est lié à une baisse de l’immunité : celle-ci est souvent en rapport avec la survenue d’un stress physique (maladie) ou psychologique, voire avec la prise de certains médicaments (cortisone).

« Le fait d’être en présence de la varicelle pourrait jouer un rôle mais c’est surtout le virus qu’on a gardé en soi depuis l’enfance qui est responsable », confirme le Pr Yves Van Laethem. Les grands-parents n’ont donc a priori aucune raison de craindre le contact avec un enfant qui a la varicelle... sauf si euxmêmes n’ont jamais eu la maladie (ce qui est rare), auquel cas ils pourraient alors faire une varicelle et non un zona...

L’hépatite A: peu de contagions directes

L’hépatite A est surtout présente dans les pays en voie de développement, où les conditions d’hygiène sont moins bonnes. Responsable de symptômes digestifs (diarrhées, nausées, douleurs abdominales...), elle est d’une grande innocuité chez les touts petits: plus on grandit, plus les symptômes seront en revanche importants, avec un risque de mortalité chez les plus de 55 ans. « Aujourd’hui, la plupart des gens de cette génération ont des anticorps contre la maladie car il y a quelques décennies, le virus circulait encore beaucoup en Belgique. Néanmoins, cela vaut la peine de vérifier que l’on est bien porteur de ces anticorps lors d’un bilan de santé, en particulier lorsqu’on a l’habitude de voyager à l’étranger. Le cas échant, on pourra se faire vacciner », explique le Pr Yves Van Laethem. En revanche, le risque de transmission des petits-enfants aux grands-parents est faible: l’hépatite A se transmet en effet par voie féco-orale, c’est-à-dire en pratique essentiellement par des aliments ou de l’eau contaminés.

La recrudescence de la rougeole

Depuis quelques années, la rougeole est en recrudescence en Belgique comme dans plusieurs pays européens, notamment dans les populations étudiantes. La « couverture vaccinale » n’est en effet pas suffisante pour protéger la population puisqu’on estime que seuls 70% des Belges sont correctement vaccinés. Pourtant, la rougeole fait partie de ces maladies qui pourraient être totalement éradiquées dans les années à venir. C’est déjà le cas, par exemple, dans les pays nordiques, qui ont investi dans des campagnes de vaccination très bien suivies. « La rougeole fait partie de ces maladies à réservoir uniquement humain. Contrairement à la rage, par exemple, qui est aussi présente chez les animaux. Il serait donc tout à fait possible de l’éradiquer par une politique préventive adéquate », analyse le Pr Yves Van Laethem.

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