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Ménopause : les règles de la sphère intime

Julie Luong

Sécheresse vaginale, infections, fuites urinaires: la ménopause s’accompagne de changements hormonaux qui peuvent avoir diverses répercussions dans la sphère intime. Une bonne hygiène doit parfois s’accompagner de traitements spécifiques.

La ménopause se caractérise par l’arrêt du fonctionnement ovarien et donc par l’arrêt de la production des hormones féminines comme les oestrogènes. Outre l’arrêt des règles et les fameuses bouffées de chaleur, ces changements hormonaux provoquent des modifications au niveau de la sphère intime. L’équilibre de la flore vaginale, qui abrite de bonnes et de mauvaises bactéries, peut être fragilisé, favorisant les mycoses et les infections urinaires. De bonnes habitudes d’hygiène sont donc essentielles !

  • Lavez vos parties intimes avec vos mains plutôt qu’avec un gant de toilette, véritable nid à microbes, ou alors changez-le à chaque nouvelle utilisation.
  • Ne lavez jamais l’intérieur du vagin (douche vaginale) : le vagin est doté de facultés auto-nettoyantes. Il est faux de penser que de mauvaises odeurs pourraient se dégager par manque d’hygiène : au contraire, une mauvaise odeur est souvent le symptôme que l’équilibre de la flore vaginale est perturbé... parfois par excès d’hygiène.
  • Utilisez de l’eau claire ou des savons sans parfum et au pH adapté.
  • Séchez vos parties intimes délicatement, en tapotant sans frotter, avec une serviette propre.
  • Lorsque vous allez aux toilettes, essuyez-vous toujours d’avant en arrière, afin d’éviter d’amener des bactéries vers le vagin.
  • Deux toilettes par jour (matin et soir) sont suffisantes.
  • Changez de sous-vêtements tous les jours. Choisissez-les de préférence en fibre naturelle comme le coton.
  • Évitez les vêtements serrés, car les frottements et le manque d’aération peuvent favoriser le développement de bactéries.
  • Buvez suffisamment, surtout en été. Mangez assez de fibres pour éviter la constipation.
  • Asseyez-vous correctement aux toilettes afin de bien vider votre vessie à chaque fois : en position semi-debout, la vessie ne peut pas se vider complètement.

Fuites urinaires

La ménopause s’accompagne aussi en général d’un affaiblissement des muscles du périnée, parfois déjà éprouvés par les accouchements. Des fuites urinaires peuvent alors survenir lors d’un effort physique, lors des éternuements ou des rires. Ces problèmes peuvent le plus souvent être traités par la rééducation, parfois par des médicaments ou des interventions chirurgicales. Mais pour les petites fuites, il existe également des protections adaptées vendues en grande surface ou en pharmacie.

TRAITER LA SÉCHERESSE VAGINALE

Une gêne et des démangeaisons au niveau intime peuvent aussi apparaître pendant la ménopause. Elles sont favorisées par la sécheresse vaginale qui a également un impact majeur sur la sexualité. « Avant, on estimait que la sécheresse vaginale touchait environ 40 % des femmes, explique le Dr Serge Rozenberg, gynécologue au CHU Saint-Pierre. Mais on parle aujourd’hui plutôt de 70 à 80 % de femmes touchées. Un des symptômes principaux est la douleur pendant les rapports qui peut entraîner à la longue un désir de non-rapport... On s’aperçoit ainsi que parmi les patientes qui n’ont pas de symptômes, il y a en fait beaucoup de femmes qui n’ont plus de rapports... précisément parce qu’elles avaient des symptômes. » Or, la sécheresse vaginale est un problème qui n’a rien avoir avec l’hygiène intime et qui ne peut pas être traitée par un savon spécifique ou un autre produit du commerce. Il faut recourir à des solutions hormonales locales, comme les ovules vaginaux ou les crèmes vaginales à base d’oestrogènes, à introduire dans le vagin avec un applicateur, en général plusieurs fois par semaine. « Ces traitements ne sont pas très populaires chez les femmes car jugés peu pratiques, commente le Dr Serge Rozenberg. Pourtant, il s’agit d’un traitement de premier choix. « 

AVANT, ON ESTIMAIT QUE LA SÉCHERESSE VAGINALE TOUCHAIT 40% DES FEMMES. AUJOURD’HUI, ON CONSTATE QU’ELLE EN TOUCHE PLUTÔT 70 À 80% !

Seul ou en complément, il est aussi recommandé d’utiliser un lubrifiant classique pendant les rapports. « La ménopause s’accompagne aussi de certaines modifications anatomiques au niveau du vagin, qui peut devenir plus court ou dont l’entrée peut devenir plus étroite, explique par ailleurs le spécialiste. Ce phénomène peut être accentué par l’absence de rapports. »

Aujourd’hui, les traitements par laser, ou radiofréquence sont étudiés afin de voir s’ils permettent dans certains cas de  » rajeunir  » la paroi vaginale, en stimulant la production de collagène et d’élastine : la paroi vaginale s’épaissit et permet à nouveau une lubrification vaginale suffisante. Ces traitements sont très chers (400 € par session) et ne sont pas remboursés par la sécurité sociale. Dans tous les cas, n’hésitez pas à évoquer ce problème avec votre gynécologue car il existe des solutions.

Des protections réutilisables

Aujourd’hui, les protections jetables sont critiquées pour leur impact sur l’environnement de même que pour les résidus de pesticides et de phtalates qu’elles contiennent. La mode est donc aux protections lavables, dont certaines sont spécifiquement conçues contre les fuites urinaires. Elles peuvent se présenter sous formes de serviettes à placer dans le slip mais aussi de culottes complètes. Vous en trouverez dans les magasins bios, sur internet ou en pharmacie.

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