Messieurs, exprimez vos émotions mais pas trop !

Les hommes ont désormais le droit d’exprimer leurs émotions. Comment apprendre à « se lâcher » ? La parole aux hommes.

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 » Arrête de pleurnicher « 
Il n’est jamais trop tard pour apprendre
Les hommes qui expriment leurs émotions sont-ils plus séduisants ?
Politique et intelligence émotionnelle

 » Le soir après 19 h et le week-end, je me consacre pleinement à ma femme et à mes deux fils. Mon emploi chez Metris n’est pas mon seul centre d’intérêt. Mes enfants sont vulnérables, très dépendants de leurs parents pour trouver leur bonheur, et cela me touche infiniment. Pour la première fois de ma vie, je me sens totalement dépendant – dans le bon sens du terme – de l’amour que je reçois de mes deux garçons. C’est un pur bonheur,  » avoue Bart Van Coppenolle, homme d’affaires et patron de l’entreprise Metris, spécialisée dans la haute technologie.

Un témoignage éloquent ! Le patron d’une entreprise cotée en bourse a-t-il le droit d’avouer qu’il ne vit pas vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour son travail et son entreprise ? Peut-il afficher ouvertement sa sensibilité et sa vulnérabilité ?

 » C’est la preuve qu’on commence enfin à considérer différemment les hommes qui osent montrer leurs émotions », réagit Nele De Meyere, psychologue clinicienne, spécialisée, entre autres, dans la gestion des émotions. Malheureusement, il reste toujours un gouffre entre la théorie et la pratique. Nous avons encore tendance à nous référer à l’exemple de nos parents. Il arrivait à nos mères de pleurer, mais nos pères, eux, ne pleuraient jamais. « 

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 » Arrête de pleurnicher « 

Les hommes viennent-ils vraiment de Mars et les femmes de Vénus ? Existe-t-il des différences entre le cerveau masculin et le cerveau féminin ? Une chose est certaine : pendant la petite enfance, les émotions sont identiques chez la petite fille et chez le petit garçon. Dans le monde entier, les bébés et les jeunes enfants des deux sexes expriment leur tristesse, leur joie ou leur colère de la même manière. Ce n’est qu’à l’âge où l’on commence à différencier ses émotions spontanées du raisonnement que la différence se marque entre les filles et les garçons.

 » Notre éducation forge notre façon de penser et nos convictions durant l’enfance, précise Nele De Meyere. Aujourd’hui encore, malgré les grands progrès en matière d’émancipation, nombre de parents et d’éducateurs n’hésitent pas à dire à un garçonnet qui pleure d’arrêter de pleurer parce qu’il est trop grand pour ça. Les filles, elles, ont davantage le droit d’exprimer leur frustration, même si, quand elles sont en colère, on leur dit parfois d’arrêter de tirer la tête parce que sinon elles seront vilaines quand elles seront grandes...

Le message est pourtant le même : réprimez vos émotions. C’est comme cela qu’on perpétue l’idée que les hommes doivent être  » forts  » et que les femmes doivent être tendres et émotives. Cette idée reçue est évidemment en totale contradiction avec nos véritables sentiments. D’un point de vue social, il est admis que les hommes puissent exprimer des émotions viriles telles que la colère et la frustration (au travail, sur un terrain de sport...) mais pas leur chagrin. Au cours d’une réunion, ils ont le droit de taper du poing sur la table mais pas de pleurer. Les femmes, elles, peuvent montrer leur chagrin mais pas trahir leur colère ou leur agressivité. « 

 » Lors de la crémation de notre mère, nous avions convenu entre frères et soeurs de lire chacun une intention, témoigne Joseph. Le lien qui me liait à elle vers la fin de sa vie était plutôt ténu et je ne ressentais pas beaucoup de chagrin. Pourtant, au milieu de mon intervention et devant toute la salle pleine à craquer, j’ai fondu en larmes. Je ne pouvais plus m’arrêter de sangloter. C’était plus fort que moi. »

Parfois, à force de raison, on enfouit ses sentiments si profondément qu’on en vient, pour les hommes, à ne plus éprouver de chagrin et, pour les femmes, à ne plus ressentir d’agressivité. A tout moment, ces émotions enfouies peuvent remonter à la surface avec violence. Résultat : des crises d’impulsivité à des moments socialement inadaptés. C’est ainsi que des mères piquent une colère noire sur leurs enfants turbulents dans une grande surface, par exemple.

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Il n’est jamais trop tard pour apprendre

Dans la société actuelle, les hommes (et les femmes) les mieux dans leur peau sont ceux capables de gérer et de composer avec leurs émotions .  » C’est une faculté que l’on peut acquérir à tout âge de la vie, même si on n’a jamais ou rarement été capable d’exprimer son ressenti « , affirme la psychologue. Conseils pour gérer vos émotions en 5 étapes :

1. Sachez reconnaître les signaux de votre corps. Les émotions fortes trouvent un écho physique. On a mal à l’estomac, on a la gorge serrée, le pouls s’accélère, les jambes sont « en coton »... Ces phénomènes ne sont pas à prendre à la légère, il faut les accepter.

2. Traduisez vos émotions par des mots. Dès que vous ressentez physiquement une émotion forte essayez de l’identifier : J’ai peur. J’ai du chagrin. Je suis frustré...

3. Identifiez le besoin qui se cache derrière une émotion. Toute émotion s’accompagne d’un besoin sous-jacent. Lorsque je suis abattu de chagrin, j’ai besoin du soutien et de la proximité des autres. Lorsqu’un grand bonheur m’arrive, j’ai besoin d’en parler à quelqu’un. Lorsque je me sens angoissé, j’ai besoin de protection.

4. Osez exprimez vos besoins. C’est le principe de base de la gestion des émotions. Il faut parvenir à combler nos besoins d’une manière socialement acceptable, sans en rejeter la responsabilité sur autrui. Le simple fait d’exprimer ses besoins s’avère libérateur.

5. Exprimez vos sentiments au bon moment et au bon endroit. Imaginez que vous vous êtres donné beaucoup de mal avec vos enfants pour préparer une belle surprise pour l’anniversaire de votre femme. Sur le moment, elle n’explose pas de joie et vous êtes naturellement très déçu. Il faut que vous lui fassiez part de votre désappointement mais pas pendant la fête ou le repas. Choisissez un moment où vous serez seuls.

Montrez vos émotions mais sans excès, et de préférence dans un endroit qui convient. N’ayez pas peur d’être pris pour une petite nature.  » C’est une question d’habitude, d’entraînement, insiste Nele De Meyere. Plus on acquiert d’expérience dans ce domaine, moins on accorde d’attention aux réactions d’autrui. Les opinions des autres les regardent, c’est leur problème, pas le vôtre ! « 

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Les hommes qui expriment leurs émotions sont-ils plus séduisants ?

Les femmes craquent-elles pour les hommes qui ont appris à reconnaître leurs sentiments et à exprimer leurs émotions sans retenue ? Rien n’est moins sûr.

 » Les femmes semblent ne demander qu’une seule chose : que les hommes expriment davantage leurs émotions, constate la psychologue. Elles souhaitent que les hommes expriment toutes leurs émotions, y compris leur colère, leur force, leurs frustrations et leur quête de dépassements en tout genre. Parallèlement, elles veulent des hommes, des vrais et pas des pouilles mouillées.

Les femmes, de leur côté, doivent l’accepter. En général, elles trouvent qu’un homme qui ne cache pas son côté féminin fait un excellent ami (elles se sentent en confiance) mais n’en tombent pas amoureuses...

Une relation homme/femme réussie repose toujours sur l’équilibre entre les sentiments et la raison. Si l’homme doit exprimer toute la palette de ses émotions, la femme doit être prête à extérioriser, elle aussi, son côté masculin, plus rationnel.

Or, beaucoup de femmes ont tendance à négliger ce trait de leur caractère. Il faut donc qu’apparaisse également une génération de femmes qui n’hésitent pas à faire preuve d’un tempérament plus affirmé ! « 

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Politique et intelligence émotionnelle

L’intelligence émotionnelle consiste-t-elle à trouver le juste équilibre entre raison et émotions ?

 » Le concept d’intelligence émotionnelle est bien plus profond que cela, affirme Nele De Meyere. Il faut tout d’abord être capable gérer ses émotions bien sûr. Mais cela ne suffit pas. Il faut également faire preuve d’une bonne dose d’empathie (de compréhension pour l’affect des autres), être capable de se faire une image réaliste et précise de soi-même et des autres, tenir bon même quand c’est difficile et pouvoir différer la satisfaction de ses propres souhaits. Bref, fournir des efforts sans être directement récompensé. « 

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