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Pourquoi les noctambules sont plus susceptibles de développer un diabète

Êtes-vous plutôt lève-tôt, couche-tard, ou un mixe des deux ? Vos habitudes de sommeil pourraient avoir un impact bien plus grand sur votre santé qu’on ne l’imaginait. Une récente étude néerlandaise, présentée cette semaine lors du Congrès européen sur le diabète, révèle que les personnes ayant un chronotype tardif ont deux fois plus de risques de développer un diabète de type 2.

« Le chronotype détermine la tendance naturelle de votre corps à être éveillé ou endormi à certaines heures. Il est en grande partie déterminé par la génétique et joue un rôle clé dans nos rythmes biologiques. Par exemple, les personnes matinales débordent d’énergie tôt dans la journée, tandis que les noctambules préfèrent se lever tard et sont au meilleur de leur forme en fin d’après-midi. Il existe également un groupe important de personnes au chronotype intermédiaire.

Répartition des graisses

Des recherches antérieures ont montré que les chronotypes tardifs adoptent souvent un mode de vie moins sain, avec une tendance à fumer davantage et à avoir une alimentation plus déséquilibrée. « Ces habitudes pourraient expliquer leur plus grande vulnérabilité à l’obésité et aux troubles métaboliques, comme le diabète de type 2. Cependant, nous pensons que le mode de vie seul ne suffit pas à expliquer cette relation », explique le Dr Jeroen Van der Velde du Centre universitaire de Leyde. « De plus, bien qu’il soit établi que les chronotypes tardifs sont associés à un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé, il reste à clarifier dans quelle mesure le chronotype influence la répartition des graisses, un autre facteur crucial. »

Le Dr Jeroen Van der Velde et son équipe ont examiné les liens potentiels entre les habitudes de sommeil, le diabète et la répartition des graisses corporelles chez 5 000 participants, dont la moyenne d’âge était de 56 ans. Cette étude faisait partie du vaste programme Netherlands Epidemiology of Obesity, qui explore l’influence précise de la répartition des graisses sur les maladies.

Autres mécanismes

Les participants ont complété des questionnaires pour déterminer leur chronotype : 20 % étaient des couche-tard, 20 % des lève-tôt, et 60 % avaient un chronotype intermédiaire. Leur IMC et leur tour de taille ont été mesurés, tandis que la graisse abdominale (graisse viscérale) et la teneur en graisse hépatique ont été évaluées grâce à des IRM et des examens du foie. Les participants ont ensuite été suivis pendant plus de six ans, période durant laquelle un diabète de type 2 a été diagnostiqué chez 225 personnes.

Les résultats ont montré que les couche-tard avaient environ 46 % plus de risques de développer un diabète que les lève-tôt. Ces résultats, ajustés en fonction du sexe, de l’âge, du niveau d’éducation et de divers facteurs, suggèrent que le mode de vie ne suffit pas à expliquer pourquoi les chronotypes tardifs sont davantage susceptibles de développer un diabète.

« Nous pensons que d’autres mécanismes entrent en jeu », a déclaré le Dr Van der Velde. « Une explication plausible réside dans le rôle du rythme circadien, qui régule les cycles veille-sommeil. Chez les chronotypes tardifs, la production de mélatonine, l’hormone du sommeil, est moins bien synchronisée avec les horaires de travail et de vie sociale imposés par la société. Cela crée une dysrégulation circadienne, pouvant entraîner des troubles métaboliques comme le diabète.

Les types précoces ont également fait l’objet d’un examen pour déterminer s’ils présentaient un risque accru, mais cela ne s’est pas avéré statistiquement significatif.

Intervenir sur le chronotype

Votre chronotype est en partie déterminé par des prédispositions génétiques et des facteurs environnementaux, mais cela ne signifie pas qu’il est immuable. « La prochaine étape consistera à explorer si les couche-tard peuvent améliorer leur santé métabolique en modifiant leurs habitudes de vie », explique le Dr Van der Velde. Pour cela, l’équipe de recherche néerlandaise s’est associée au consortium TIMED, qui étudie l’interaction complexe entre les cycles de sommeil, l’alimentation et l’activité physique en lien avec le diabète.

« Modifier l’heure des repas pourrait être une intervention prometteuse pour les chronotypes tardifs. En général, ils mangent plus tard dans la soirée, alors que de plus en plus de preuves suggèrent que le jeûne intermittent — et notamment éviter de manger après une heure fixe, comme 18 heures — pourrait avoir des effets bénéfiques sur le métabolisme. Au minimum, les couche-tard soucieux de prévenir le diabète pourraient essayer de ne pas manger trop tard. À l’avenir, nous espérons pouvoir traduire ces connaissances en recommandations concrètes concernant les horaires des habitudes de vie.

Source: Annual Meeting of European Association for the study of Diabetes (EASD)

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