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Cela vaut la peine de consulter, car il existe toujours une solution. © Getty Images

Prolapsus génital: comment reconnaître et traiter ce trouble?

Julie Luong

Gêne vaginale, sensation de lourdeur dans le bas-ventre, troubles urinaires... Une femme sur six sera concernée par le prolapsus génital au cours de sa vie. Ce trouble fréquent, aussi appelé descente d’organes, est souvent tabou et méconnu. Pourtant, des solutions existent pour améliorer le confort des patientes. Symptômes, causes et traitements: voici tout ce qu’il faut savoir sur le prolapsus génital

Le prolapsus reste une problématique relativement méconnue que les patientes trouvent souvent gênante à aborder. Elles attendent souvent très longtemps avant de consulter», constate Laurent de Landsheere, gynécologue au CHU de Liège et spécialiste en urogynécologie. Or, lors d’un examen gynécologique simple, le prolapsus n’est pas toujours détecté par le médecin. «Ce n’est souvent qu’en faisant tousser ou pousser la patiente qu’on peut voir le prolapsus.» Le spécialiste rappelle qu’une femme sur 6 sera pourtant concernée au cours de sa vie et que 11% des femmes seront opérées pour cette raison au cours de leur vie. «C’est l’une des indications les plus fréquentes de chirurgie en gynécologie.»

Accouchement et ménopause

Communément appelé «descente d’organes», le prolapsus génital est une saillie –permanente ou à l’effort– de tout ou d’une partie des organes pelviens au travers du vagin, à savoir la vessie (le plus fréquemment), l‘utérus (ou matrice), le fond du vagin, l’intestin grêle ou le rectum. «Le prolapsus se manifeste surtout par une gêne vaginale, quand il est affleurant à la vulve, précise le Dr Laurent de Landsheere. Mais aussi par une pesanteur pelvienne, notamment en fin de journée, c’est-à-dire par une sensation de lourdeur dans le bas-ventre. Cela amène surtout de l’inconfort, mais ce n’est jamais vraiment douloureux.» Des symptômes urinaires sont fréquemment associés: difficultés pour uriner ou vider la vessie, douleurs à la miction, envies fréquentes d’uriner et impériosités, fuites urinaires.

Lors d’un examen gynécologique simple, le prolapsus n’est pas toujours détecté par le médecin.

Conséquence du relâchement et de la perte d‘élasticité des structures soutenant les organes du bassin, le prolapsus est favorisé par différents facteurs, notamment les accouchements par voie basse, en particulier s’ils sont nombreux et si les bébés ont un poids important. «Plus de la moitié des femmes qui ont accouché auront un certain degré de prolapsus», précise Laurent de Landsheere. Le tabagisme est également un facteur de risque, en particulier s’il s’accompagne d’une toux chronique, qui va augmenter la pression au niveau abdominal. Le port régulier de charges lourdes ou la pratique intense de certains sports peut aussi favoriser le prolapsus, tout comme le fait d’avoir subi une hystérectomie. Il existe par ailleurs une composante génétique. «Les patientes qui ont des altérations des fibres collagène, comme dans la maladie d’Ehlers-Danlos, peuvent avoir des prolapsus de manière plus ou moins spontanée», relève Laurent de Landsheere. Enfin, l’avancée en âge et la ménopause sont des facteurs de risque importants puisque la baisse du taux d’œstrogènes favorise le relâchement des tissus.

Les solutions

Dans les stades débutants, une rééducation périnéale (physiothérapie, kinésithérapie...) suffit parfois à traiter le prolapsus. Si la saillie est plus importante, on peut recourir aux pessaires, des dispositifs intravaginaux (qui s’enlèvent en fin de journée ou restent en place plusieurs semaines). «C’est une alternative à la chirurgie pour des patientes plus âgées, ou plus jeunes qui ont encore envie d’avoir des enfants ou qui ne veulent pas être opérées», analyse Laurent de Landsheere. Le traitement par chirurgie donne, lui, de très bons résultats. La promontofixation par laparoscopie est aujourd’hui la technique de référence car elle permet de remonter tous les organes en une seule opération, avec de très bons résultats à long terme.

De 35 à 85 ans

À travers de petites incisions cutanées sur l’abdomen, une mini caméra est introduite à l’intérieur du ventre et permet au chirurgien d’attacher les organes descendus dans un tissu synthétique et de les remonter en tirant sur le tissu. Celui-ci est alors attaché au niveau d’un ligament qui se trouve devant la colonne vertébrale. Dans d’autres cas, la chirurgie se fera par les voies naturelles (voie vaginale): ce sont alors les propres tissus de la patiente qui sont utilisés comme renforts prothétiques.

L’âge moyen des interventions se situe entre 60 et 65 ans mais il peut aller de 35 à 85 ans. «Aujourd’hui, si elles sont actives et en bonne santé, on peut opérer des patientes de plus de 80 ans sans augmenter les complications. L’âge n’est plus une limitation aux indications chirurgicales. Et le taux de satisfaction après l’intervention est très important, rappelle le Dr de Landsheere. Au vu de l’inconfort, de la perte de qualité de vie, de confiance en soi et des problèmes sexuels que ce problème peut occasionner, cela vaut la peine de consulter. Car il existe toujours une solution.»

Bien choisir son sport

Les meilleurs sports pour le périnée sont la natation et le vélo. Le Pilates et le yoga sont également recommandés car ils permettent de travailler les muscles en profondeur. Des sports comme les barres asymétriques, le trampoline ou encore le volley-ball sont au contraire très éprouvants pour cette zone du corps. A bannir également, les abdos de type «crunch»! Concernant la course à pied, après un accouchement et/ou la ménopause, il vaut mieux prendre conseil auprès d’un kiné avant de s’y (re)mettre.

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