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Punaises, cafards... Des clandestins dans les valises

C’est le genre de souvenirs de vacances dont on se passerait bien: punaises de lits et autres indésirables peuvent débarquer chez vous via vos bagages. Voici comment détecter leur présence au plus vite.

LES PUNAISES DE LIT

  • C’est quoi?

Les punaises de lits sont des insectes bruns se nourrissant de sang et dont la taille varie entre 5 et 8 mm. « Mâles et femelles piquent, explique le Dr Frédéric Francis, professeur d’entomologie fonctionnelle et évolutive à Gembloux Agro-Bio-Tech (ULiège). Pour détecter leurs proies, les punaises disposent d’un système très efficace de perception du CO2 émis lors de la respiration. Elles sont aussi fort sensibles aux odeurs liées à la sueur. »

Très présentes dans l’histoire humaine, les punaises avaient quasiment disparu d’Europe occidentale au XXe siècle, avant de faire un retour remarqué depuis quelques dizaines d’années. « Cette recrudescence est liée à la hausse du tourisme de masse: si son origine se situe dans les pays chauds, aujourd’hui, on retrouve aussi des hôtels ou logements infestés en Amérique du Nord et en Europe. Quelle que soit votre destination de vacances, un minimum de vigilance est donc de mise. »

Problème: l’insecte sait se faire particulièrement discret. Dans les hôtels et les immeubles à appartements, l’infestation peut parfois prendre plusieurs années avant d’être détectée. « De moeurs nocturnes et n’aimant pas la lumière, la punaise se cache en journée dans les anfractuosités, les coutures des textiles, les rainures du plancher... » Ce n’est que lorsqu’il fait noir qu’elle sort de sa cachette pour aller se nourrir, avant de regagner dare-dare sa planque. Si quelques spécimens s’introduisent dans votre valise, il y a peu de chances pour que vous le remarquiez...

  • Comment les détecter au retour?

En piquant, les punaises laissent des lésions cutanées caractéristiques mais, au départ, il est facile de les confondre avec des piqûres de moustique. Ce n’est que la multiplication des piqûres (et leur juxtaposition) qui met généralement la « puce à l’oreille ». « à noter que le corps réagit souvent assez fort aux piqûres, fait remarquer Frédéric Francis. La punaise injecte plus de salive que le moustique, ce qui peut engendrer pas mal de démangeaisons. »

Il existe d’autres indices : des traces de déjection jaunes-orangées sur la literie ou encore des carapaces abandonnées sur le sol. Un doute? N’hésitez pas à inspecter votre literie en détail, notamment la ligne de couture du matelas ou les recoins difficilement accessibles du sommier. « Généralement, quand on remarque l’infestation, elle est déjà fort avancée: en démontant tout, on découvre alors un très grand nombre de punaises qui s’agrègent dans les bonnes cachettes... » Sachant qu’un adulte peut vivre plusieurs mois et que la femelle peut pondre jusqu’à une dizaine d’oeufs par jour... Imaginez le tableau!

  • Que risque-t-on en cas d’infestation?

Les punaises de lit communes (cimex lectuarius) semblent être de mauvaises vectrices de maladies. Tout au plus les piqûres entraînent-elles de désagréables démangeaisons et lésions cutanées. Pour autant, comme il est difficile de se débarrasser des punaises, une infestation s’accompagne souvent de troubles psychologiques: anxiété, insomnies, stress, crises de panique, voire dépression... Difficile de trouver le repos quand on sait que des insectes se cachent en embuscade et n’attendent qu’une chose: qu’on éteigne la lampe de chevet pour partir à l’assaut!

  • Comment s’en débarrasser?

« Il est compliqué de combattre une infestation de punaises de lit, reconnaît l’entomologiste. Il existe différentes méthodes pour en venir à bout mais l’une des plus efficaces (et durables) est le traitement thermique à la vapeur de l’ensemble de la maison, pièces et mobilier, ce qui implique de faire appel à des professionnels. » Une méthode qui a fait ses preuves mais a un coût: comptez plusieurs milliers d’euros si toute la maison est infestée. Les méthodes « douces » et bon marché renseignées sur internet sont par contre bien moins efficaces: isoler les pieds du lit au moyen de terre de diatomée, censée repousser les punaises, n’a par exemple pas réellement de sens. « Les punaises sont des insectes extrêmement bien adaptés: si cela s’avère nécessaire, elles peuvent rester des semaines sans se nourrir. Isoler un lit, une chambre ou la maison ne suffit souvent pas à stopper l’infestation. »

CAFARDS ET BLATTES

  • C’est quoi?

Quand on parle de cafard ou de blatte, on a le plus souvent en tête la « blatte américaine » de plus de 4 cm, employée pour les scènes délibérément dégoûtantes des productions hollywoodiennes. En réalité, la grande majorité des espèces de blattes observées dans nos régions sont plus petites (1 à 2 cm). Très mobiles, ces insectes omnivores au corps plat et aux longues antennes, affichent une couleur oscillant entre le roux et le brun foncé. Il est possible de les observer en journée, même s’ils préfèrent se déplacer la nuit.

Comme les punaises, leur présence se fait plus forte en Belgique ces dernières années. « Dans ce cas-ci, il est plus rare de ramener des individus adultes dans ses valises, explique Frédéric Francis. C’est plutôt leur mode de reproduction qui est en question: les blattes ne pondent pas leurs oeufs à nu, mais dans des oothèques, des structures protectrices très résistantes et qui contiennent chacune une dizaine d’oeufs. La femelle va les déposer ici ou là, éventuellement à l’intérieur d’une valise ou d’un tas de linge sale. » Dans les zones infestées, il est aussi (rarement) possible que ces oothèques s’accrochent aux chaussures ou aux vêtements.

  • Comment les détecter au retour?

Ici encore, les cafards savent se faire relativement discrets. « Au moment où vous voyez une blatte se balader chez vous, surtout si c’est en pleine journée, c’est probablement qu’il y en a une bonne centaine cachées ailleurs », fait remarquer le professeur. Assez souvent, elles s’observent fortuitement en soirée: en allumant dans une pièce, il est alors possible de voir les cafards s’enfuir à toute vitesse vers leur cachette.

  • Que risque-t-on en cas d’infestation?

Les blattes ne sont pas vectrices de maladies. Elles peuvent toutefois en transmettre indirectement... « Les blattes sont omnivores et se baladent partout, parfois sur des denrées alimentaires pourries pleines de bactéries. » Ce faisant, elles peuvent contaminer d’autres aliments, comme une corbeille de fruits par exemple, avec des moisissures, des salmonelles ou E. coli.

  • Comment s’en débarrasser?

Comme les blattes se déplacent beaucoup et sont omnivores, les insecticides (si possible pas en aérosol) et les pièges à appâts sont relativement efficaces et permettent le plus souvent d’en éradiquer la majeure partie. Juguler l’infestation passe aussi par de bonnes règles d’hygiène à la maison: ne pas laisser traîner d’aliments, utiliser des contenants hermétiques, évacuer les poubelles... L’éradication est plus compliquée en appartement, les cafards n’hésitant pas à emprunter les conduits techniques pour se répandre dans le tout bâtiment: en cas d’infestation généralisée, l’appel à des professionnels sera souvent nécessaire.

LE SARCOPTE

  • C’est quoi?

Le sarcopte est un acarien parasite responsable de la gale: en creusant des galeries sous la peau de son hôte, le sarcopte provoque une dermatite et d’importantes démangeaisons.

L’infection a le plus souvent lieu lors d’un contact peau à peau avec une personne infectée, mais peut aussi avoir lieu via des textiles mis en contact avec des lésions cutanées de la gale et insuffisamment ou pas lavés (draps, serviettes, tabliers prêtés lors d’ateliers...). « Le risque de revenir avec du linge contaminé est toutefois très limité, rassure Frédéric Francis. Si vous développez la gale au retour de vacances, c’est probablement que vous avez été déjà infecté durant celles-ci. »

  • Comment les détecter au retour?

La période d’incubation de la gale oscille entre deux semaines et un mois. Passé ce délai, la maladie se marque par un prurit intense, tout spécialement la nuit ou après un bain chaud. Certaines zones du corps se couvrent progressivement de sillons blancs ou rouge, de petits nodules/vésicules.

  • Que risque-t-on en cas d’infestation?

La maladie est considérée comme bénigne, bien que très désagréable. Le plus grand risque est finalement de contaminer toute la maisonnée!

  • Comment s’en débarrasser?

La gale se traite assez facilement, au moyen de crèmes et/ou d’un traitement par voie orale. Pour éviter une propagation de la maladie, il est toutefois nécessaire de traiter l’ensemble des textiles et de la literie employés récemment, dans l’ensemble de la maison.

Mieux vaut prévenir...

Pour éviter de ramener des voyageurs indésirables dans ses affaires, le mieux est de les garder dans la valise, fermée, ou tout du moins de ne pas éparpiller les vêtements dans la pièce. Au retour, prêtez une attention particulière au sac à linge sale (dont l’odeur peut attirer les punaises de lit). En cas de doute, vous pouvez mettre les vêtements en quarantaine deux ou trois jours au congélateur ou, quand cela est envisageable, les laver à minimum 70°C.

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