Soigner ses maux psychologiques grâce à la méthode EMDR
Suivre du regard le doigt d’un thérapeute pour trouver la guérison mentale... ça marche vraiment! On perce le mystère de l’EMDR en 7 questions-réponses.
L’EMDR ou « Eye movement desensitization and reprocessing » signifie en français « Désensibilisation et reprogrammation (de l’information) par les mouvements oculaires ». Cette technique a été découverte par l’Américaine, Francine Shapiro, en 1987, alors qu’elle était atteinte d’un cancer. Au cours d’une promenade, elle a remarqué que ses pensées perturbantes avaient subitement diminué pendant que ses yeux effectuaient des mouvements alternatifs. Après quoi, elle a développé avec d’autres chercheurs une méthode qui fut testée sur des bénévoles et ensuite sur des vétérans de la guerre du Vietnam. Utilisée à l’origine pour traiter l’état de stress post-traumatique (ESPT), son application s’est étendue à d’autres troubles mentaux. Son efficacité a été démontrée par de nombreuses études scientifiques.
1. Quel est le principe de la thérapie EMDR?
Le fondement de la méthode consiste à faire bouger les yeux de la personne de gauche à droite et de droite à gauche afin de produire des stimulations sensorielles bilatérales alternées pendant qu’elle se reconnecte à un événement traumatisant, analyse Nathalie King, psychologue, psychothérapeute et formatrice EMDR au Centre de formation Prisme. Cela peut aussi se faire par des tapotements (tapping) alternés sur les genoux – ou les mains – du patient, ou au moyen de sons allant d’une oreille à l’autre via un casque, ou encore par des vibrations passant par les mains.
2. À quoi servent ces stimulations alternées?
Lorsque le psychisme est dépassé par un choc traumatique à cause de son intensité ou de sa répétition dans le temps, il arrive que le cerveau ne parvienne plus à réaliser le traitement adaptatif de l’information. On dit alors que l’information est gelée et la personne développe un état de stress post-traumatique (ESPT). Aussi longtemps que ce processus est bloqué, l’information ne peut être digérée et la personne revit sans cesse son trauma et sa cohorte de symptômes (hypersensibilité, angoisses, dépression, flash-back, cauchemars, hyper vigilance, évitements, troubles alimentaires, du sommeil, etc.). Le recours aux stimulations bilatérales alternées permet de débloquer et de relancer le processus de traitement adaptatif de l’information.
3. Comment cela se passe-t-il concrètement?
La thérapie EMDR suit un protocole en huit étapes. Le thérapeute demande à la personne de fixer l’image traumatisante, l’émotion et la sensation qui y sont associées en même temps qu’ont lieu les stimulations bilatérales alternées. Ce travail permet de désensibiliser l’information liée au trauma. Le praticien procède par cycles de désensibilisation jusqu’à ce que la personne arrive à zéro ou un sur dix sur l’échelle de la détresse. Il l’aide ensuite à installer des pensées et des émotions positives, à les ancrer et les renforcer. Le travail prend fin lorsque le cerveau est arrivé au bout du traitement des informations liées au trauma et les a archivées de sorte que le patient puisse changer son point de vue sur l’événement et s’en dissocier.
L’OMS recommande l’EMDR pour le stress aigu, le deuil et l’état de stress post-traumatique.
L’EMDR peut être combinée à d’autres techniques comme l’hypnose, la programmation neurolinguistique (PNL), le recours aux métaphores, etc. La durée d’une séance varie de 45 à 90 minutes en fonction des thérapeutes et de l’étape atteinte dans le plan thérapeutique. La gravité du trauma, le nombre de traumatismes, la présence ou pas de ressources, l’âge, l’apparition ou non de nouveaux affects pendant le travail de désensibilisation déterminent le nombre de séances nécessaires.
4. Pour quels troubles l’EMDR est-elle recommandée?
Depuis 2013, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande l’EMDR pour la prise en charge du stress aigu, du deuil et de l’ESTP. L’état de stress post-traumatique a de multiples causes: accident, attentat, catastrophe naturelle, violences conjugales, viol, inceste, agression, harcèlement, divorce, négligence affective et émotionnelle, etc. L’EMDR est également très efficace pour traiter les phobies, les addictions, la gestion de la douleur, les troubles du comportement alimentaire ou encore le manque de confiance en soi associé à des croyances limitantes.
5. Tout le monde peut-il faire de l’EMDR?
L’EMDR convient à tout âge. Elle est contre-indiquée en cas de troubles psychotiques et chez les personnes borderline car il y a un risque de décompensation. Elle est également déconseillée aux personnes souffrant d’épilepsie. Si l’âge n’est pas un obstacle en soi, il convient d’être prudent avec les patients âgés au coeur fragile ou présentant des troubles cognitifs. Des précautions doivent être prises avec le médecin. »
6. Quel est le prix d’une séance?
Les prix vont de 50 à 100€, en fonction des régions. Lorsqu’on consulte un prestataire inscrit à la Commission des psychologues, on bénéficie d’un remboursement auprès de leur mutuelle.
7. Comment trouver un thérapeute fiable?
Il est primordial de consulter un praticien formé à l’EMDR. Le médecin généraliste peut être de bon conseil. Des listes reprenant les thérapeutes diplômés peuvent être consultées.
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