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SOS e-stress

Réunions zoom, e-péritifs, achats en ligne, e-guichet, déclarartion en ligne... Pratique, mais que de stress parfois !

Ce qui semblait impossible à de nombreuses entreprises il y a sept mois est devenu réalité grâce au coronavirus : le télétravail est désormais la règle. Dans la Grande Etude Corona (UAnvers, UHasselt, KUL et ULB), 75% des répondants déclaraient travailler à domicile au plus fort de la crise, prouvant ainsi qu’il est possible d’être performant sans être présent sur le lieu de travail.

Les achats en ligne, eux, se sont multipliés. Quelques clics suffisent pour commander un repas à emporter à la brasserie du coin. Les psy proposent des téléconsultations. Bref, si nous avons réussi à vivre plus ou moins normalement pendant le confinement, c’est grâce en grande partie aux canaux numériques.

De nombreuses entreprises ont déjà fait savoir que le télétravail serait prolongé jusqu’à fin 2020 et passé ce délai, vivement encouragé. Neuf employés sur dix ont manifesté leur désir de continuer le télétravail un à trois jours par semaine après la crise sanitaire.

Le stress numérique

Quand on effectue plusieurs tâches en ligne, on a les yeux rivés sur son smartphone, sa boîte mail, les réseaux sociaux, les applications bancaires... La communication avec les collègues se fait par courriel et par vidéoconférence. La livraison de votre colis par la poste est annoncée par mail ou par une application. D’où cette question : la présence permanente en ligne est-elle sans danger pour notre santé ?

Cette dépendance croissante à la technologie et aux réseaux sociaux génère du stress numérique. Selon une étude de la haute école Artevelde, la moitié des employés du secteur public en souffrait déjà.  » Le stress numérique est un concept fourre-tout aux origines multiples, explique le Dr. Lotte Vermeulen, chercheuse à la haute école. Certains employés, plus âgés ont peur d’être dépassés par les innovations technologiques. D’autres éprouvent des difficultés à gérer l’énorme quantité d’informations qui leur parviennent. La frontière de plus en plus floue entre vie privée et vie professionnelle est elle aussi source de stress. Le fait d’être en contact avec sa sphère privée via les réseaux sociaux peut influencer la productivité. Inversement, il est plus difficile de se déconnecter de son travail quand on voit entrer des mails professionnels le soir.  »

Aucune étude récente ne le confirme mais plus on passe de temps en ligne, plus on subit ce genre de stress. Le fossé numérique risque de se creuser un peu plus : ceux qui n’ont pas ou peu accès à internet et aux appareils intelligents risquent bien de rester sur la touche.  » Avant le coronavirus, la surcharge d’informations était probablement la principale source de stress numérique, précise Lotte Vermeulen. Aujourd’hui, le stress provient du chevauchement vie privée-vie professionnelle. Une mauvaise maîtrise des nouvelles technologies peut aussi créer un stress supplémentaire.

Avant, il était encore possible de refuser délibérément les applications numériques. On n’a plus le choix aujourd’hui. Prenez l’exemple du corps enseignant contraint du jour au lendemain à organiser des cours en ligne. Mais tout n’est pas négatif. Quand on travaille chez soi, on risque moins d’être dérangé par un collègue qui a envie de bavarder ou un supérieur qui vous impose du travail supplémentaire. Le fait de travailler essentiellement en ligne permet aussi de se couper (temporairement) de certains canaux de communication pour se concentrer sur une tâche unique, sans être dérangé.  »

Ne pas déranger

Se concentrer sur ce qu’on fait sans être dérangé, tel est le secret d’une bonne hygiène numérique.  » Un mauvais usage de la technologie finit par morceler le cerveau, analyse le neuropsychiatre Theo Compernolle. ll existe deux types d’attention : l’attention susceptible d’être attirée et l’attention qu’on produit. La première est un réflexe animal. Quand une voiture fonce sur vous, vous avez le réflexe de réagir pour éviter le danger. Pour rester attentif, il faut se concentrer, ce qui demande pas mal d’énergie, comme un muscle qu’il faut entraîner. Ce muscle n’est plus entraîné quand on est constamment distrait par les réseaux sociaux. Certaines personnes ont du mal à rester concentrées sur une seule tâche pendant 10 minutes.  »

Selon le neuropsychiatre, toute la difficulté consiste à gérer efficacement l’outil numérique.  » Effectuer ses opérations bancaires en ligne, skyper, intégrer une nouvelle application... la plupart d’entre nous y arrive. Mais pour être vraiment compétent au niveau numérique, il faut pouvoir se libérer du numérique. Autrement dit, il ne faut pas devenir esclave de la technologie. Votre téléphone ne peut pas décider pour vous quand, pour quelle raison et combien de temps vous devez le tenir en main. Vous devez rester maître de la technologie en apprenant par exemple à ne lire et ne répondre aux messages que trois fois par jour.  »

Apprendre à structurer

Travailler en ligne, se réunir en ligne, faire son shopping en ligne, regarder des films en ligne, rencontrer ses amis en ligne... pas de problème à condition de structurer toutes ces activités en blocs et d’exclure (temporairement) les éventuelles perturbations. À commencer par les notifications des applications sur votre téléphone et votre ordinateur. Certaines applications (Cold Turkey par ex.) permettent de bloquer certains sites pendant un moment. Combien de fois ne vous est-il pas arrivé d’ouvrir Facebook pour cinq petites minutes seulement. Et voilà que vous tombez sur un lien vers un article intéressant. Et les cinq minutes se transforment en une demi-heure, voire plus.

Autre astuce : la technique Pomodoro, du nom de cette petite minuterie en forme de tomate.  » Vous vous obligez à rester concentré sur une tâche pendant 25 minutes et à déconnecter tout le reste (mail, smartphone,...), conseille Lotte Vermeulen. Au bout de 25 minutes, vous vous accordez une pause de 5 minutes, suivie à nouveau de 25 minutes de concentration. Répétez l’opération quatre fois avant de marquer une pause un peu plus longue. 25 minutes, cela semble peu mais vous seriez étonné de voir tout le travail que vous pouvez abattre en si peu de temps.  »

Pour Theo Compernolle également, l’organisation du travail en blocs (un bloc concentration, un bloc gestion des messages, un bloc menus travaux) permet de gagner un temps précieux.  » Cela ne change pas fondamentalement votre façon de travailler mais une organisation plus efficace permet de gagner pas mal de temps. C’est vrai pour d’autres activités également. Le risque de faire un mauvais achat sera moins élevé si vous faites preuve d’un minimum de concentration.  » L’idéal est d’expliquer aux collègues, à la famille et aux amis comment vous comptez organiser votre journée. Rédigez une note out-of-office, enregistrez un message sur votre téléphone annonçant votre indisponibilité de telle à telle heure. Expliquez aux membres de votre famille à quel moment vous voulez rester concentré sur votre travail et à quel moment ils peuvent éventuellement vous interrompre.

Besoin de vrais contacts sociaux

Même si les techniques modernes de communication nous ont permis de maintenir le contact ces derniers mois, la crise du coronavirus nous a fait prendre conscience des limites de ce type de communication. Rien ne remplacera jamais les vrais contacts sociaux.  » L’homme est un animal grégaire. Les fêtes, les rassemblements... le besoin de vrais contacts sociaux est inscrit dans nos gènes, constate le neuropsychiatre Theo Compernolle. Le réseau social est indispensable pour compenser le stress. Les rencontres virtuelles ne sont qu’une solution de secours.  »

 » Certaines applications en ligne pourraient devenir définitives, estime Lotte Vermeulen. Le télétravail entre peu à peu dans les moeurs mais pas à temps plein car les entreprises ont pris conscience de l’importance d’une véritable connexion entre collègues pour la cohésion de l’équipe. Les entreprises, les établissements d’enseignement, les travailleurs humanitaires,... devront réfléchir sérieusement aux services qu’ils peuvent offrir en ligne et aux tâches à effectuer en présentiel.  »

Marre des vidéoconférences ?

Les conseils du neuropsychologue Theo Compernolle pour que vos réunions virtuelles se déroulent sans stress :

  • La réunion virtuelle doit poursuivre un objectif strictement informatif. Elle ne convient pas pour les entretiens à caractère émotionnel.
  • L’environnement doit être professionnel : grand écran, casque confortable, fond neutre, tenue de travail, rester à l’écart des membres de la famille...
  • Placez la caméra à hauteur des yeux, pas trop près, pour être à même distance que lors d’une conversation normale. De cette façon, vous donnez moins l’impression de regarder la caméra et votre langage corporel reste perceptible.
  • Supprimez votre image. On ne se voit pas dans une vraie conversation.
  • Lors d’une vidéoconférence réunissant plusieurs interlocuteurs, gelez l’image. Certaines applications permettent de voir à l’écran la personne qui parle uniquement.
  • La prise de notes pendant la vidéoconférence favorise la concentration.
  • Si des problèmes techniques interrompent régulièrement la réunion ou si vous trouvez l’exercice trop éreintant, supprimez l’image à l’écran ou privilégiez la conversation téléphonique. Vous y êtes davantage habitué, vous en connaissez les possibilités et les limites, vous ne devez pas faire d’effort supplémentaire parce que le son et l’image ne sont pas synchrones.

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