Une prise de sang pour détecter un cancer du sein
Une nouvelle étude belge a montré qu’il était possible de détecter, grâce à une simple prise de sang, des anomalies génétiques des cancers du sein. Cet examen pourrait ainsi se substituer à la biopsie classique, beaucoup plus invasive.
Cette étude a été menée par l’Institut Jules Bordet, considéré comme le centre du cancer intégré de référence en Belgique et à l’étranger. Des recherches de plus grande ampleur seront toutefois nécessaires pour confirmer cette approche, mais les médecins espèrent avoir recours à cet examen dans les cinq années à venir.
Biospie liquide vs biopsie solide
Chez les femmes, un cancer sur trois concerne le sein. En Belgique, 9.700 nouveaux cas de cancer du sein avaient été diagnostiqués en 2008. Il s’agit d’un problème de santé publique majeur qui touchera une femme sur neuf avant l’âge de 75 ans. Actuellement, le suivi de la maladie nécessite souvent une biopsie dite solide, qui consiste à prélever (une partie de) la tumeur pour ensuite être analysée. L’étude menée par le Dr Michail Ignatiadis, oncologue à l’Institut Bordet, et la biologiste Françoise Rothé, confirme l’énorme potentiel des biopsies liquides. Celles-ci consistent en un prélèvement de sang dans le but de détecter la présence d’ADN tumoral circulant (ADNtc) ou de cellules tumorales circulantes (CTC) dans le sang de la patiente. Cette prise de sang est ensuite analysée dans le but de détecter des anomalies génétiques de la tumeur primaire et des métastases, de suivre l’évolution de la maladie, d’évaluer facilement l’efficacité d’un traitement et de guider le choix d’un nouveau traitement personnalisé.
Avantages
Pour les patientes, les avantages d’un tel examen seraient multiples : technique peu invasive, moins risquée par rapport aux biopsies solides, facile à mettre en place, efficace dans les cas de lésions ou de tumeurs difficilement accessibles par biopsie classique. La recherche des scientifiques de l’Institut Bordet, financée par les Amis de Bordet, devait donc déterminer si une analyse de l’ADNtc présent dans le plasma (partie liquide du sang) pouvait être utilisée comme alternative à la biopsie classique. Soixante-neuf échantillons de tumeurs et 31 échantillons de plasma ont été prélevés sur 17 patientes souffrant d’un cancer du sein métastatique. Ils ont été analysés à l’aide d’un panel de 50 gènes les plus fréquemment impliqués dans ce type de cancer. L’étude a montré que pour près de 80% des patientes, la tumeur et le plasma apportent la même information, indiquant qu’une prise de sang permet, à elle seule, de détecter une anomalie génétique.
Cette recherche, la première du genre, a été publiée dans le journal scientifique Annals of Oncology.
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