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Utiles, les poudres de collagène?

Julie Luong

Les compléments alimentaires à base de collagène ont le vent en poupe. Mais les preuves scientifiques de leur efficacité contre le vieillissement ou les douleurs articulaires manquent encore.

Naturellement présent dans l’organisme, le collagène est une protéine fibreuse produite par notre corps grâce aux acides aminés que nous apporte l’alimentation. Il entre dans la composition de tous les tissus conjonctifs: la peau, les os, les ligaments, les tendons, le cartilage...

Il existe environ 28 types de collagènes différents, qui assurent chacun des fonctions différentes. Le type I et le type III sont par exemple plutôt présents au niveau de la peau, alors que le type II se retrouvera davantage au niveau du cartilage. De manière générale, le collagène joue un rôle de matrice qui permet de maintenir ensemble différentes cellules et d’assurer la souplesse des tissus.

Avec l’acide hyaluronique et l’élastine, le collagène confère par exemple à la peau son aspect rebondi. Au niveau du cartilage, il assure l’élasticité qui permet aux articulations d’amortir les chocs. Mais voilà, « la production de collagène diminue naturellement avec l’âge », rappelle Muriel Creusot, dermatologue.
A partir de 25 ans et surtout après 40 ans, la peau va donc progressivement perdre son apparence lisse et le cartilage va devenir plus fragile, favorisant le développement de l’arthrose.

Outre ce processus normal de vieillissement, d’autres facteurs perturbent la synthèse naturelle de collagène comme le stress chronique, l’excès d’UV, les sucres raffinés, le tabagisme, l’alcool et les changements hormonaux, en particulier la baisse du taux d’œstrogènes au moment de la ménopause.

Manque de preuves scientifiques

Aujourd’hui, il existe de nombreux compléments alimentaires à base de collagène, que ce soit sous forme de poudre à mélanger, de comprimés, de gélules ou d’ampoules. Ces compléments contiennent du collagène marin ou bovin. Le collagène provient en effet toujours d’une source animale: il est prélevé sur la peau, les os, le cartilage, les écailles et les arêtes des animaux et ensuite retravaillé chimiquement pour faciliter son absorption par l’organisme.

«Il ne faut pas imaginer que le collagène peut être absorbé tel quel, prévient Muriel Creusot. Pour qu’il puisse être utilisé par l’organisme, il faut choisir un collagène de bonne qualité et hydrolysé. La concentration doit être d’au minimum 5 g par dose.»

Pour qu’il puisse être utilisé par l’organisme, il faut choisir un collagène de bonne qualité et hydrolysé.

L’hydrolyse signifie que les grosses molécules de collagène ont été «découpées» en peptides, qui présentent un poids moléculaire plus faible et peuvent donc être assimilés par la muqueuse digestive. Néanmoins, l’organisme pourra se servir de ces peptides pour produire d’autres protéines que le collagène...

En résumé, prendre des compléments de collagène ne signifie pas toujours récolter du collagène à l’arrivée! Dans une récente publication, l’association de consommateurs belge Test-Achats a d’ailleurs mis sévèrement en garde contre les fausses promesses des marchands de compléments alimentaires, en rappelant qu’il n’existe à ce jour aucune étude scientifique à grande échelle prouvant l’efficacité du collagène. L’association tacle également les fabricants pour le coût de ces cures, qui peut aller jusqu’à 200 € par mois.

Crèmes et injections

A défaut, faut-il miser sur les crèmes pour le visage à base de collagène qui ont envahi les rayons des parfumeries et supermarchés? Si elles peuvent avoir un effet lissant, là encore, il est illusoire de croire que le collagène pourra pénétrer au-delà des couches superficielles de la peau pour «remplacer» le collagène manquant...

Seules les interventions en médecine esthétique peuvent en réalité prétendre à un effet durable. «Aujourd’hui, on n’injecte plus de collagène –interdit en raison de son origine animale– mais des inducteurs tissulaires qui vont stimuler la synthèse de collagène, précise Muriel Creusot, qui constate une demande grandissante pour ce type d’intervention.

Je pense que ça va encore beaucoup bouger au niveau de la médecine esthétique car la population vieillit. Les injections de comblement sont une option mais on peut aussi stimuler la production de collagène par laser. Le traitement doit tenir compte de l’âge de la personne, des médicaments qu’elle prend, de son mode de vie, etc. Il doit être entièrement personnalisé.»

Des interventions qui ont bien sûr leur coût et leurs limites. «Nous, dermatologues, devons moduler les demandes et nous assurer qu’elle sont réalistes», conclut Muriel Creusot.

Collagène et articulations

Certains compléments à base de collagène prétendent lutter aussi contre les douleurs articulaires. Mais à ce jour, l’OARSI, la Société internationale de recherche sur l’ostéoarthrose, s’est prononcée contre l’utilisation de ces compléments, faute ici encore de preuves scientifiques suffisantes.

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