Appel à un droit minimum aux visites dans les établissements de soins
Alors qu’une éclaircie s’installe dans un ciel embrumé depuis deux ans par la crise du coronavirus, les personnes hospitalisées ou résidant en maison de repos et leurs familles continuent de jongler avec des mesures restrictives strictes et des règles variables entre institutions, dénoncent 12 organismes. Ils appellent à une approche plus humaine de la question et à un cadre légal uniforme, débattu et voté au parlement.
Il y a par exemple ces parents obligés de se relayer auprès d’un enfant malade quand l’hôpital n’accepte qu’un seul accompagnant, ces personnes âgées derrière la vitre de la maison de repos, le téléphone collé à l’oreille pour entendre ce que leurs petits-enfants de moins de 12 ans ont à leur raconter depuis le pas de la porte, puisqu’ils ne peuvent pénétrer dans le bâtiment. Et tous ces autres hospitalisés ou en perte d’autonomie, « en souffrance physique et psychologique auxquelles vient s’ajouter un isolement total ou partiel dû à des conditions de visites très strictes« , relèvent le Gang des vieux en colère, le mouvement social des aînés Enéo ou encore l’ASBL Générations, qui défend l’épanouissement des plus jeunes.
« Le médecin chef de chaque hôpital peut restreindre les possibilités de visites en fonction de la situation dans et hors de l’hôpital. Les chefs de service ont également la possibilité de fixer des règles différentes pour leur propre service. » Un même jour, les conditions de visite sont ici renforcées, là assouplies, pointent les signataires.
Dans les maisons de repos, ces règles restreignant les droits fondamentaux sont édictées par des circulaires, et ne sont donc ni débattues ni votées dans les parlements. À Bruxelles, les aînés voient ainsi leur droit aux visites dépendre du taux de vaccination au sein de la maison de repos: sous 90%, les droits des résidents sont restreints, qu’ils soient eux-mêmes vaccinés ou non, illustrent les 12 organismes.
« En limitant le nombre de visites, de visiteurs ou en imposant des conditions liées à l’âge de ceux-ci, les établissements se rendent coupables d’une ingérence illégale des droits garantis par l’article 8 de la Convention européenne des droits humains, puisque aucun cadre légal ne prévoit cette restriction », soulignent les organismes.
La Ligue des familles, la Ligue des droits humains, le Gang des Vieux en Colère, Eneo, Espace Seniors, la LUSS, Senoah, Respect Seniors, le Bien Vieillir, Senior Montessori, Entr’âges et ASBL Générations appellent dès lors à l’élaboration d’un cadre légal après un débat démocratique pour fixer des règles communes aux différentes institutions, applicables selon les différents stades de la situation sanitaire.
Les 12 demandent
- un droit minimum aux visites, garanti quelle que soit la situation sanitaire,
- la possibilité pour les résidents des maisons de repos d’aller et venir librement, « au même titre et sous les mêmes conditions que le reste de la population »,
- la fin des bulles en maisons de repos, limitant les contacts entre deux et cinq visiteurs dans la capitale,
- « une attention particulière pour les enfants de tous âges » afin qu’ils puissent rendre visite à leurs proches en maison de repos ou hospitalisés et être accompagnés de leurs deux parents quand ils sont hospitalisés.