Anne Vanderdonckt
Après les pluies...
Ce mardi 20 juillet, veille de notre fête nationale, a été décrété deuil national suite aux inondations terribles qui ont touché notre pays. Du fond du coeur, toutes nos pensées vont aux victimes, à tous ceux qui ont été touchés par cette catastrophe.
Après les pluies diluviennes, dantesques, le soleil est revenu. Il revient toujours, triomphant. Comme si de rien n’était. Eclairant cette fois, sous ses spots impitoyables de mi-juillet, des plaies béantes. Des maisons éventrées, des rues envahies de détritus, des trottoirs dépavés, des rivières qui, dans un dernier grondement, regagnent leur lit. Des gens qui, tant bien que mal, épongent leurs foyers dévastés par les boues et dont le dress code comprend obligatoirement de hautes bottes en caoutchouc destinées à les protéger.
Ce n’est pas le moment de pleurer ni de se laisser aller à sa tristesse. Elle, elle viendra après, et encore bien plus tard, quand on ne l’attendra plus, quand l’adrénaline sera retombée et qu’on pourra se permettre de se pencher sur la peur qu’on a éprouvée jusqu’au fond des os, sur tout ce qu’on a perdu. Des papiers, des photos de famille, des souvenirs dont la valeur n’est pas monétisable. Parfois son gagne-pain. Tout ce qu’on avait construit au fil des années. Pire encore, des proches. La tristesse reviendra quand des images viendront hanter les nuits blanches... Ces personnes âgées, de l’eau jusqu’au cou, tâchant de fuir le long de ce qui fut une rangée de maisons. Ces parents solitaires, coincés dans leur maison cerclée par les eaux et dont le gsm est hors d’usage. Ces habitants qui pour la première fois de leur vie, sans penser que cela pourrait leur arriver un jour, attendaient, transis, les secours sur leur toit. Ces chiens que leur maître a réussi à percher dans un semblant de sécurité sur le toit d’une voiture presque totalement immergée. Cette péniche qui sombre, aussi fragile qu’une coquille de noix. Ces disparus. Ces morts. Qui ne pourront jamais raconter leur histoire.
Jamais, on n’avait jamais vu ça chez nous. Ces inondations terribles, ce déchaînement, cette dévastation, on croyait que cela n’arrivait qu’à d’autres, ailleurs, loin de chez nous. Mais là, nous avons pu ressentir toute notre vulnérabilité. Les sinistrés. Et les autres. Nous tous. Jamais l’empathie n’aura été plus puissante.
Il restera aussi, et c’est à ceux-là qu’il faudra s’accrocher, les images de ce fabuleux élan de solidarité, ces gens, venus parfois de très loin, pour secourir, nettoyer, apporter des vêtements, de la nourriture, des médicaments, un logement... L’Homme dans ce qu’il a de meilleur.
Qu’une journée de deuil national ait été décrétée pour ce mardi, c’est bien. Se recueillir ensemble, dans un même souffle, c’est exactement ce dont nous avons besoin aujourd’hui. Puis, il sera temps de remettre en question ce qui doit l’être. Il sera temps de reconstruire, même si personne ne pourra jamais oublier.
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