Ce que signifie « être grands-parents » en 2023
Beaucoup de clichés, mais pas de patron à découper et à suivre. Grand-parent, c’est un rôle, espéré ou craint, dont beaucoup d’éléments ne dépendent pas de lui et que chacun doit réinventer et investir à sa manière. Une mission passionnante!
La grand-parentalité suscite énormément de questions. Sur soi, sur la relation qu’on a avec ses enfants devenus parents, avec les petits, bien sûr, sur les attentes de la société et sur la place qu’on occupe dans la galaxie familiale. Si certaines de ces questions sont celles que se posaient déjà nos parents, d’autres, nouvelles, se posent en regard de nos conditions de vie actuelle.
Qui sont les grands-parents aujourd’hui?
L’image d’Epinal des grands-parents – chignon gris ou barbe blanche et plaid sur les genoux- continue néanmoins à faire florès notamment dans la pub et la presse, peu encline à sortir des clichés sitôt qu’il s’agit d’âge. Or, les grands-parents actuels, qui travaillent à l’extérieur, dialoguent avec leurs amis vrais ou virtuels via les réseaux sociaux et s’inspirent sur Instagram, ont pris en charge un bénévolat ou/et d’autres loisirs, voyagent, divorcent, tombent amoureux, se remarient, prennent soin d’eux, en sont loin.
En outre, il n’est pas rare du tout que les grands-parents cumulent ce rôle avec celui de parents d’un enfant encore à leur charge. Et last but not least, ils ont encore très souvent leurs propres parents désormais très âgés voire dépendants dont ils doivent s’occuper ou tenir compte. Ce qui fait que ces grands-parents se situent au coeur d’un club sandwich dont ils sont le pivot. Leur charge mentale est énorme et leur temps est compté. Faire des gâteaux avec les petits-enfants, oui, mais ceci n’est qu’une facette de leur identité.
Le tableau se complique encore un peu quand on sait que les enfants actuels, par le jeu des divorces et remariages de leurs parents et grands-parents, ont souvent plus de quatre grands-parents si l’on compte ceux avec lesquels ils n’ont aucun lien de sang mais peut-être bien d’autres affinités. La question qui pique: que deviennent ces liens en cas de séparation des adultes?
Alors, heureux?
Qu’est-ce qu’être grands-parents aujourd’hui? Que ce nouvel état soit désiré, attendu, subi ou craint, il ne résulte en tout cas pas du choix des grands-parents auxquels, bien sûr, leurs enfants ne demandent pas leur autorisation de procréer, et c’est très bien comme ça.
Devenir grand-parent génère des sentiments ambivalents: du bonheur oui. Mais en même temps, on prend une autre place dans l’ordre générationnel, et on va aussi se retrouver tout à coup à partager la couche d’un grand-père ou d’une grand-mère. Un pas vers la vieillesse, alors qu’on se sent en pleine forme et en tout cas pas vieux? Un pas vers la renonciation pour s’occuper de cet enfant alors qu’on a tant d’autres projets?
Ou pas heureux?
C’est certainement encore très tabou, mais la grand-parentalité n’apporte pas nécessairement le bonheur. Notamment quand les enfants se sont installés à l’étranger et qu’on a peu de contacts avec les petits, contacts encore plus difficiles quand on ne partage pas la langue. Ni quand enfants et parents se disputent et que ces derniers se voient privés de leur relation avec leurs petits-enfants. Une souffrance difficile à transcrire. Souffrance... Surtout si on avait quelque chose à réparer par rapport à ses propres enfants et qu’on est ainsi empêché de le faire. Pas le bonheur non plus quand le fait de pouvoir visiter les enfants ou pas est brandi comme une épée de Damoclès.
Et puis, il y a ces grands-parents qui, au grand dam des parents, ne s’intéressent pas vraiment à leurs petits-enfants, qui leur ont été imposés et repésentent un projet qui n’est pas le leur.
Un boulot à responsabilités
Certains grands-parents confient leurs craintes de ne pas être à la hauteur, de n’avoir pas les moyens financiers ou les compétences pour suivre, par ex. en informatique. Ils sont d’autant plus angoissés que les médias mettent en avant les grands-parents idéaux. Bref, encore une pression ajoutée à leur vie: réussir son couple, réussir sa famille, réussir sa carrière et... sa grand-parentalité.
Qu’attend-on d’eux: de soutenir, d’être disponibles, mobilisables, d’entrer dans un projet éducatif qui n’est pas nécessairement le leur. C’est énorme.
Faut-il tout accepter?
Il est clair que pour la plupart, un petit-enfant peut redonner un élan à leur vie, un nouvelle raison de se lever le matin.
En donnant trop, au prix de leurs propres centres d’intérêt, les grands-parents courent néanmoins le risque de se retrouver fort isolés et déçus le jour où le petit-enfant devenu grand prend son envol. Attention donc à poser ses limites, et à ne pas entrer dans le jeu d’enfants qui s’imaginent que tout leur est dû. Faut-il sacrifier sa carrière et les finances de sa future pension pour se consacrer à plein temps à un petit-enfant dont les parents travaillent? Le rôle de soutien est-il obligatoire? Et jusqu’où? C’est une question qui mérite qu’on se penche dessus. A chacun de trouver ses réponses.
Les grands-mères sont-elles biologiquement équipées pour s’attacher à leurs petits-enfants?
Des chercheurs de l’Université d’Emory en Géorgie (USA) ont analysé le cerveau de 50 grands-mères à qui ont été montrées des images de leurs petits-enfants, âgés de 3 à 12 ans. Il leur a aussi été montré des images d’enfants qu’elles ne connaissaient pas, d’un de leurs enfants devenu adulte, et d’un adulte inconnu.
« Face aux images de leur petit-enfant, elles ressentaient vraiment ce qu’il ressentait. Lorsqu’il exprime de la joie, elles ressentent de la joie. Quand il exprime de la détresse, elles ressentent de la détresse, a expliqué l’anthropologue et neuroscientifique James Rilling, auteur principal de l’étude. Elles activent des zones du cerveau impliquées dans l’empathie émotionnelle, et d’autres dans le mouvement ».
Au contraire, quand les grands-mères regardaient des images de leur enfant adulte, l’activation de régions liées à l’empathie cognitive était plus forte. Comme pour chercher à comprendre ce qu’une personne pense ou ressent et pourquoi, sans qu’il y ait d’implication émotionnelle.
Ces résultats pourraient en partie être liés, selon James Rilling, à l’apparence mignonne des enfants, un phénomène partagé par de nombreuses espèces afin de susciter une réaction de protection.
James Rilling a voulu explorer une théorie de l’hypothèse de la grand-mère, selon laquelle l’évolution a fait en sorte que les femmes vivent plus longtemps, bien après qu’elles ne sont plus capables de se reproduire, afin qu’elles puissent s’occuper des générations suivantes. Contrairement aux autres primates, chez les humains, les mères reçoivent de l’aide pour élever les enfants.
Un tabou: la rivalité entre grands-parents
Les autres grands-parents sont-ils mieux appréciés que nous? Hmmmm...
D’abord, la jalousie est un sentiment normal. Ensuite, nous voulons tous transmettre certaines valeurs à nos descendants. C’est l’héritage familial. Voyez les réunions de famille. Les personnes présentes ne se sont parfois plus rencontrées depuis des années, ce qui n’empêche qu’elles ressentent un sentiment d’appartenance. C’est pour cette raison que nous sommes si heureux de retrouver chez nos petits-enfants certaines de nos caractéristiques physiques et psychiques.
Le fait de voir peu ses petits-enfants crée un manque. La lignée familiale est comme rompue. Nous réagissons en développant une forme de jalousie envers les autres grands-parents, qui parviendraient, eux, à assurer cette transmission. On pourrait alors être tenté d’entrer en concurrence et de couvrir nos petits-enfants de cadeaux. Mais demandez-vous plutôt comment être plus présent en cherchant des moyens de développer un lien authentique.
Les autres grands-parents sont peut-être plus aisés ou ont plus de temps libre? Soit. Cela ne doit pas vous empêcher de jouer votre rôle de grand-parent actif et présent, à votre façon et avec vos moyens. Etre là quand il faut, se montrer chaleureux et affectueux, c’est l’essentiel.
Si vous remarquez que votre petit-enfant préfère voir ses autres grands-parents, inutile de lui en parler. Il ne faut pas le culpabiliser, ce qui ne ferait que compliquer les choses.
Rares sont les grands-parents qui parlent de cette rivalité avec leurs enfants. Dommage, car le dialogue est la clé, à condition de trouver les mots justes. Ne dites pas : Il me semble que les autres grands-parents voient plus souvent les petits, mais: Nos petits-enfants nous manquent et nous aimerions tisser des liens plus forts avec eux. Devons-nous nous parler à coeur ouvert de ce problème à notre fils ou à notre fille seul(e) à seul(e)? Si la relation est intime, on peut en parler devant le couple. Sinon, il vaut sans doute mieux en parler uniquement à son enfant.
La rivalité entre grands-parents peut se compliquer lorsqu’un des enfants se met en ménage avec un conjoint qui a déjà des enfants. Ou si vous-même vivez avec un nouveau partenaire qui a aussi des enfants et des petits-enfants. Il arrive que la relation soit meilleure avec un grand-parent non biologique qu’avec les grands-parents de sang. Il convient alors de ne pas faire de distinction entre les vrais grands-parents et les autres, au risque de nuire à la relation avec votre enfant, car cette distinction signifierait que vous jugez son choix de vie. Veillez simplement à être présent et raisonnablement impliqué dans la vie de famille.
Etre là quand il faut, se montrer chaleureux et affectueux, c’est l’essentiel.
De quand date le concept de grands-parents?
Dans la civilisation romaine, le grand-père reste dépositaire de la fonction de chef de famille jusqu’à la fin de sa vie. Il a donc son mot à dire sur l’éducation de ses petits-enfants et son consentement est requis lors d’un mariage. Par ailleurs, si un grand-parent survit à ses enfants, ses petits-enfants ont le devoir de subvenir à ses besoins. On est très loin encore d’une relation axée sur le ludique!
Au Moyen-Âge, dans les classes les plus aisées, le grand-père garde une autorité importante: il transmet son titre, sa fonction, son patrimoine. Mais il est alors rare que trois générations partagent le même toit et on peut supposer que les relations intergénérationnelles sont assez limitées.
Changement au XIVe siècle. De 1347 à 1352, le bacille de la peste bubonique tue de 30 à 50% de la population européenne. Peste qui délaisse les plus âgés, de même que les pandémies suivantes. Avec pour conséquence qu’il revient aux grands-parents de transmettre leur expérience, à la place des parents, désormais décédés.
Au XVIIIe siècle, sous l’influence des Lumières, les grands-parents restent plus durablement actifs dans la société et deviennent plus complices et affectueux. A cela, il faut ajouter une hausse graduelle de l’espérance de vie au tournant du XIXe siècle. Pour autant, les relations intergénérationnelles varient selon la classe sociale et les zones géographiques. Dans les classes ouvrières du XIXe siècle, par ex, souvent, les mères travaillent. La garde des enfants est donc laissée à l’aïeule.
C’est dans le milieu bourgeois qu’apparaît l’ancêtre du modèle d’aujourd’hui: le grand-père et la grand-mère tendres, bienveillants, à qui l’enfant rend des visites et chez qui il va passer une partie de ses vacances. Petit à petit, le rapport vertical entre un grand-parent et ses petits-enfants a tendance à s’effacer, notamment durant les années 70, au profit d’une relation avant tout basée sur l’ouverture au monde et les bons moments passés ensemble.
Quand les grands-parents habitent très loin
Il n’existe pas de chiffres (on avance parfois 6%) mais l’internationalisation du marché du travail laisse supposer que de plus en plus de grands-parents ont des petits-enfants à l’autre bout du monde.
Or, si internet et les réseaux sociaux rendent les contacts plus faciles qu’il y a une vingtaine d’années, la grand-parentalité virtuelle a des limites.
A partir de la 3e maternelle, il est important que les enfants entretiennent des relations avec les membres de la famille qui ne jouent pas un rôle éducatif et à qui ils peuvent se confier, les grands-parents dans la plupart des cas. Au fur et à mesure que les enfants grandissent, ils deviennent plus actifs sur les réseaux sociaux et allouent plus d’espace aux grands-parents hors la présence des parents.
Pour nourrir la relation avec ses petits-enfants, il faut avant tout leur montrer qu’on pense à eux: un coup de fil ou un sms le jour de leur anniversaire, de la rentrée scolaire...
Il n’empêche que le contact physique est essentiel. Il y a des moments qu’il est impossible de compenser par un appel vidéo. La naissance et les premiers mois d’un enfant, par ex. Lorsque c’est possible, les futurs grands-parents s’arrangent pour être sur place au moment de l’accouchement.
Les rencontres « en live » vont permettre d’engranger des souvenirs communs à partir desquels il est possible de développer une relation virtuelle par la suite.
A quelle distance habitent les grands-parents?
En Belgique, la moitié des grands-parents ont au moins un petit-enfant qui habite à moins de 5 km. Par ailleurs, pour un peu plus de 308.000 grands-parents, la distance se situe entre 5 et 10 kilomètres.
3 petits-enfants (de 15 ans ou moins), sur 4 ont un grand-parent qui habite à 10 km maximum.
Pour 63% des enfants, au moins un grand-parent habite à une distance qui peut être parcourue à vélo (entre 1 et 5 km) et pour 28,5%, il habite juste à moins de 1 km ou avec eux (6%).
20% des enfants n’ont soit plus de grands-parents, soit pas de grand-père ou de grand-mère qui habite en Belgique.
Famille recomposée: les grands-parents par alliance
Un enfant peut avoir plus de 4 grands-parents. Une des questions phares tourne généralement autour des enfants: accepteront-ils le nouveau partenaire? Avec les petits-enfants, la relation est souvent bien plus détendue parce que moins lestée de contraintes. Plus simple car les moments sont choisis et vécus dans le plaisir. Il reste que pour faire le plongeon dans la grand-parentalité, il faut déjà avoir un peu avancé dans la vie. Or, il n’est pas rare qu’un homme épouse une femme plus jeune.. Une fois grand-père, sa compagne peut ainsi avoir des difficultés à s’identifier au rôle de grand-mère.
Si positive que soit la relation avec les petits-enfants de son conjoint, les pincettes sont souvent de rigueur avec leurs parents, génération qui demande à ses parents beaucoup d’investissement, mais ne veut pas se sentir supplantée. Avec de longues listes de recommandations laissées par leurs enfants, des grands-parents craignent toujours de mal faire et pour les « pièces rapportées », c’est encore plus compliqué. Présents, lointains ou décédés, les grands-parents « de sang » peuvent jouer un rôle dans le lien entre petits-enfants et beaux-grands-parents. Ces derniers veillent en général à ne froisser aucune susceptibilité. Mais les liens peuvent aussi être simples et naturels autour de ces petits-enfants choyés par tous. Qui peuvent même rendre les relations entre adultes plus harmonieuses.
Lorsque les petits-enfants ont été adoptés, qu’est-ce que cela change?
Si certains grands-parents ont été associés aux démarches des futurs parents, d’autres n’ont pas beaucoup de temps pour se faire à l’idée. Quoi qu’il en soit, face à l’adoption, il s’agit de resserrer les rangs, de mettre ses propres interrogations en veilleuse. Les questions sur l’avenir, les doutes, il est probable que les nouveaux parents les aient eus aussi. Ce que les grands-parents ont de mieux à faire, c’est d’accepter leur décision et de les soutenir.
Un malentendu classique, entre parents et grands-parents, porte sur les motivations de l’adoption. Les parents, dans le cadre de la procédure d’adoption, suivent une formation qui les aide à se préparer, à analyser leur démarche. Adopter, c’est pour le bien de l’enfant, mais c’est aussi parce qu’on a envie d’être parent. Les grands-parents ont souvent une vision différente : pour eux, il s’agit de sauver un enfant. Cependant, un enfant n’est pas une bonne action. Aux parents d’aider les grands-parents à se détacher de cette image.
Devient-on grand-parent du jour au lendemain? Que le bébé soit de notre sang ou pas, la relation peut démarrer en douceur et se construire au fil du temps. Dans les deux cas, la rencontre est un moment d’adoption. On s’apprivoise mutuellement. Il faut laisser faire le temps, en nommant sa place, en disant: « Je suis ton grand-père, ta grand-mère ».
Le lien entre un petit-enfant et ses grands-parents est lié à la place que les parents donnent aux grands-parents. Cette place doit exister dans le discours, pas seulement dans les rencontres. Evoquer les grands-parents, parler d’eux quand ils étaient parents, est aussi important que de permettre aux petits-enfants que de passer du temps avec eux.
Pour renforcer cette construction du lien familial, les grands-parents peuvent prendre un album de photos, et montrer à l’enfant l’histoire de sa famille, raconter des anecdotes, dire « Ton père, ta mère, tes tantes, tes cousins... »
Autre rapprochement possible: l’éducation. Si les trois générations ne partagent pas les mêmes valeurs, le contact sera plus difficile, que les petits-enfants soient biologiques ou non. A l’inverse, si les grands-parents sont en accord avec l’éducation et les valeurs transmises aux enfants, cela leur permettra de se retrouver en eux.
D’ailleurs, les grands-parents ne doivent pas hésiter à participer à cette éducation. Faire des remarques aux petits-enfants s’ils font une bêtise, ne se tiennent pas bien. Il ne faut surtout pas s’abstenir d’en faire, sous prétexte que ce ne sont pas vos petits-enfants biologiques. Cela ne ferait que marquer leur différence.
Il s’agit de resserrer les rangs et de mettre ses propres interrogations en veilleuse.
Divorce: quel rôle pour les grands-parents?
Une séparation ou un divorce bouleverse les rôles familiaux. La nature et la fréquence des contacts entre les grands-parents et les petits-enfants sont appelées à changer, surtout si ces derniers partent vivre plus loin. Pour mettre toutes les chances de votre côté, éviter une rupture et maintenir des contacts avec vos petits-enfants, il est primordial de parler à vos enfants et, surtout, de rester neutre dans le conflit qui les oppose.
Il faut souvent faire des compromis entre les souhaits et contraintes de chacun. Ne vous arrêtez pas à vos désirs et à ceux de votre enfant. Prenez également en compte les attentes de son ex, celles de l’enfant lui-même et, éventuellement, du nouveau partenaire.
Faites des propositions concrètes, sans reproches ni commentaires. Organisez en priorité le nombre de visites, les jours et les heures. Vous avez tout intérêt à parler avec votre ex-belle fille ou ex-beau fils. Entamez la conversation en disant « Je comprends que cela doit être dur pour toi mais cette situation m’attriste énormément. » Trouves-tu aussi que c’est important que nous gardions un bon contact avec nos petits-enfants? Que souhaites-tu personnellement? »
Pourquoi ne pas impliquer dans la discussion la nouvelle compagne ou le nouveau compagnon de notre enfant? Il ou elle est appelé(e) à s’occuper des petits et à les voir souvent. Autant nouer immédiatement un dialogue.
Ne jamais prendre parti dans une séparation est essentiel. Ce qui ne signifie pas que vous ne pouvez pas soutenir votre enfant. Vous pouvez aussi lui expliquer qu’un enfant a besoin de ses deux parents et que l’ex a le droit d’assumer sa parentalité. Les grands-parents du côté du parent divorcé qui a la garde de l’enfant peuvent exercer une certaine influence. Les autres sont malheureusement impuissants.
Vous devez éviter à tout prix de confronter vos petits-enfants à un dilemme. Ne les questionnez pas et ne parlez pas en mal de leur papa ou de leur maman. Les enfants restent loyaux à l’égard de leurs deux parents et les défendent contre vents et marées en cas de séparation. Y compris quand ils ont été témoins de violences.
Concentrez-vous sur le seul rôle pour les grands-parents en cas de divorce: celui de refuge et de gage de stabilité. Vos petits-enfants vous seront reconnaissants de pouvoir se confier à vous. Laissez-les être eux-mêmes, distrayez-les, câlinez-les, aidez-les à faire leurs devoirs. S’ils ont envie de parler de la séparation, ok, mais ne forcez pas les choses. Laissez-les s’épancher, ne prenez pas parti et ne répétez pas systématiquement à ses parents ce qu’ils vous ont dit. Vous aurez parfois l’impression que vos petits-enfants sont montés contre vous. Une seule règle: restez zen.
Vos petits-enfants n’ont plus envie de vous voir
Il se peut, dans le cadre d’un divorce ou autre, que vos petits-enfants déclarent ne plus avoir envie de vous voir. Tâchez de comprendre pourquoi. Ils ont peut-être simplement d’autres centres d’intérêt, à moins qu’il ne se soit produit quelque chose de désagréable lors de leur dernière visite. Ce n’est sans doute que temporaire, auquel cas vous devez accepter la situation et respecter leur désir.
Même si l’enfant se détourne de manière plus durable, gardez le contact en envoyant des SMS, des cartes ou des e-mails, ou passez un coup de fil. Vous pouvez acheter un album de famille dans lequel vous racontez votre vie, puis le leur envoyer. Ou faire régulièrement un petit cadeau. C’est un symbole qui signifie: vous restez nos petits- enfants, nous restons vos grands-parents quoi qu’il arrive et vous faites partie de notre famille.
Il est normal que le contact avec les petits-enfants se dilue à l’adolescence. A la puberté, un enfant est en quête de sa propre identité et se détache de la famille. Soyez patient et ne vous en faites pas. Une fois devenu adulte et lancé dans la vie, l’enfant revient de lui-même vers ses racines et donc vers ses grands-parents.
Adultes, ils retrouvent l’envie de voir leurs grands-parents.
Dispute ou divorce: Je ne vois plus mes petits-enfants!
Lors d’une séparation, parfois, l’enfant aura tendance à stigmatiser un des parents. L’ex-partenaire accuse l’autre parent de tous les maux, l’enfant ne veut plus le voir ni ses grands-parents mis dans le même sac que le parent stigmatisé.
Autre cause possible de détérioration des relations entre les grands-parents et les petits-enfants : le décès d’un des parents ou un désaccord entre parents et grands-parents. La relation grands-parents/petits-enfants est tout sauf simple. Il y a toujours une génération de parents entre eux. Ce sont eux qui décident, pour les enfants en bas âge en tout cas, de la fréquence des rencontres. Les grands-parents n’ont donc presque aucune prise.
Comment s’y prendre pour que votre petit-enfant sache que vous cherchez à le revoir? Evitez de vous poster à la sortie des classes pour l’apercevoir. Vous ne ferez que mettre l’école et l’enfant dans l’embarras. Les réseaux sociaux sont une solution, à condition que l’enfant le souhaite et ne soit pas surveillé par ses parents. Vous pouvez aussi envoyer une carte, voire un petit cadeau d’anniversaire pour lui faire savoir que vous pensez à lui. Mais rien ne garantit qu’il les recevra ou les acceptera.
Que faire quand il n’y a plus aucun espoir de réconciliation? Accepter la situation et s’en accommoder le mieux possible. Pour cela, une grand-mère écrivait chaque jour à sa petite-fille dans son journal intime. A sa mort, le journal devait être remis à sa petite-fille. C’était sa dernière tentative de lui montrer qu’elle n’avait jamais cessé de penser à elle.
Tribunal ou médiation?
De nombreux experts déconseillent une intervention du tribunal qui risque d’aggraver les conflits familiaux. Le point le plus important de la loi est l’intérêt de l’enfant, une notion sujette à interprétation. Dans certaines circonscriptions, le droit de visite des grands-parents n’est pour ainsi dire jamais accordé. Si le contact entre (un des) parents et grands-parents est difficile, pourquoi compliquer encore la vie des petits en autorisant la visite des grands-parents. Les petits-enfants sont alors pris au piège dans un conflit de loyauté vis-à-vis de leurs parents. La plupart des juges estime ne pas devoir imposer d’obligation supplémentaire aux enfants. Dans certains cas, la situation se régularise assez facilement parce que les petits-enfants aspirent à voir leurs grands-parents. Souvent, les enfants, lorsqu’ils sont encore très jeunes, s’habituent vite à une nouvelle vie sans grands-parents. Le temps est un facteur primordial dans la stigmatisation d’un (grand-)parent. Plus l’enfant s’entend dire qu’un (grand-)parent se conduit mal, plus le contact sera difficile à rétablir. Une solution consiste à faire appel à un médiateur (un membre de la famille, un ami ou un professionnel).
« Si le conflit est profondément enraciné, je commence par écouter chaque partie séparément avant de les réunir. Il m’est arrivé d’entendre aussi les petits-enfants. La vraie raison du conflit est souvent plus profonde que la goutte qui fait déborder le vase. Il convient alors de remonter dans le passé pour comprendre », confie un médiateur.
Les grands-parents ont des droits
Comme grands-parents, vous gardez, contre vents et marées, le droit de rester en contact avec vos petits-enfants. Un droit clairement reconnu par le Code civil (art. 375 bis): « Les grands-parents ont le droit d’entretenir des relations personnelles avec l’enfant.... A défaut d’accord entre les parties, l’exercice de ce droit est réglé dans l’intérêt de l’enfant par le tribunal de la jeunesse... »
Comment s’organise le contact grands-parents/petits-enfants ? Si aucun accord ne peut être trouvé entre parents et grands-parents, les grands-parents peuvent se tourner vers le tribunal de la jeunesse pour obtenir un droit à des relations personnelles avec l’enfant.
Même si votre propre enfant n’a plus aucun droit à des relations personnelles, les grands-parents conservent le leur vis-à-vis de leurs petits-enfants. Dans chaque cas, c’est l’intérêt de l’enfant qui dictera la décision du juge.
En principe, le grand-parent doit exercer son droit de visite pendant les périodes où son propre enfant exerce le sien et dans des plages horaires convenues de commun accord. Lorsque le juge lui accorde un droit de visite indépendant de celui de son fils ou de sa fille, il s’agira, par exemple, d’un demi-jour tous les deux mois.
C’est tendance! Trois générations en vacances
Manière de tisser du lien, les vacances qui rassemblent trois générations sont de plus en plus fréquentes. Pour les familles éclatées géographiquement qui peuvent ainsi se rapprocher, comme pour les autres. Et lorsque les grands-parents sont là, les petits-enfants sont au centre de l’attention, ce qui leur plaît beaucoup.
Les préparatifs semblent souvent obéir au même schéma. C’est en général la mère de famille qui gère l’organisation pratique et fait les réservations, les enfants donnent leur avis sur la destination et... les grands-parents paient la note. Les parcs de vacances remportent un franc succès. Mais les croisières en famille les talonnent: elles proposent, en effet, toutes les facilités et chacun peut vaquer à ses occupations.
Dans les parcs de vacances, les vacances en groupe sont essentiellement des vacances à trois générations ou plus. Ce type de séjour marque souvent un événement, comme un jubilé ou un anniversaire spécial. Ce qui compte le plus pour les adeptes de ce genre de formule? La qualité du temps passé ensemble et l’esprit de famille!
Idem du côté des locations de vacances où la demande pour des villas pouvant accueillir de 6 à 20 personnes, souvent plusieurs générations d’une même famille, ne cesse de croître. Les vacanciers demandent autant de salles de bain que de chambres, histoire de garantir l’intimité de chacun. Mais ces grandes maisons doivent avant tout disposer d’une vaste pièce à vivre où tout le monde peut se rassembler. L’important est de partager des repas autour d’une grande table.
Ce genre de vacances ne s’improvise pas. Il faut planifier à l’avance une série d’activités en famille, sans oublier de prévoir des plages d’intimité et la possibilité de faire des choses seul ou à deux. Il est important de respecter la liberté de chacun et d’oublier les éventuels problèmes familiaux au moins le temps des vacances. Si vous louez une petite maison et qu’il faut assurer les courses, les repas et le ménage, songez à la répartition des tâches. En (se) rappelant que les grands-parents ne sont pas corvéables à merci. Indiquez clairement vos désirs et limites.
Besoin d’une autorisation parentale?
Il n’existe pas de procédures internationales qui fixent les règles en matière d’autorisation parentale pour le voyage des enfants. Cependant, lorsqu’un mineur voyage en compagnie d’autres personnes que ses parents, par exemple avec ses grands-parents, il est conseillé d’établir une autorisation parentale.
Concrètement, le représentant légal ou le parent qui autorise (père, mère, tuteur) doit se présenter à l’administration communale et faire légaliser les signatures sur le document « autorisation de voyage à l’étranger ».
Mais attention, ce ne sera pas le seul document à emporter. La Kids-ID (la carte d’identité des – 12 ans) est obligatoire pour les enfants qui voyagent au sein de l’Union européenne. Elle est valable trois ans. On peut la demander dès la naissance. Il faut s’y prendre à l’avance: le délai pour l’obtention d’une Kids-ID est généralement de trois semaines.
Le SPF Affaires étrangères précise que l’autorisation parentale et la Kids-ID ne suffisent pas toujours en dehors de L’Union européenne ou des pays où aucun passeport international n’est requis. Pour éviter toute mauvaise surprise, « renseignez-vous quant aux documents supplémentaires exigés pour les enfants qui voyagent seuls ou avec un seul de leurs parents, auprès de l’ambassade ou du consulat de votre pays de destination ainsi qu’auprès de votre compagnie aérienne. »
Héritage ou donation sauter une génération
Léguer son héritage directement à ses petits-enfants pour éviter les droits de succession, c’est l’idée qui sous-tend le saut de génération. Attention, les règles ne sont pas tout à fait identiques en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre.
Le testament
La loi vous autorise à léguer par testament la partie disponible de votre patrimoine, c’est-à-dire la moitié, à la personne de votre choix. Vous pouvez donc léguer directement une partie de vos biens à vos petits-enfants et sauter ainsi une génération.
Une partie seulement car vous devez tenir compte de la réserve de vos enfants, la part qui doit obligatoirement leur revenir. Cette part se monte toujours à la moitié de la masse successorale, quel que soit le nombre d’enfants.
Le saut de génération volontaire
Le saut de génération peut également être volontaire. En effet, lorsqu’un enfant renonce à son héritage, celui-ci revient à ses propres enfants et non à ses frères et soeurs : les petits-enfants prennent la place de l’héritier (leur parent) qui renonce à son héritage. Par conséquent, le saut de génération ne peut se produire que si la génération intermédiaire renonce à ce qui lui revient. Il s’agit donc de « tout ou rien ». Mais les grands-parents ne peuvent jamais être totalement certains que leurs enfants renonceront à leur héritage. S’ils peuvent exprimer ce souhait de leur vivant, ils ne peuvent imposer leur volonté.
Qu’en est-il fiscalement?
En Flandre, vous bénéficiez d’un avantage si vous sautez une génération (et s’il y a plus d’un petit-enfant): lorsque l’héritage est partagé entre plusieurs bénéficiaires, chacun paie les droits de succession au taux le plus bas. Ce n’est le cas ni à Bruxelles ni en Wallonie où les petits-enfants paient ensemble autant de droits de succession que l’aurait fait leur parent qui renonce à la succession. Mais il y a économie d’impôts dans les trois Régions puisque l’héritage passe directement une génération « plus loin » et qu’il n’est donc imposé qu’une seule fois au lieu de deux.
Le saut de génération partiel
Depuis le 1er septembre 2018, les grands-parents peuvent faire une donation à leurs petits-enfants, avec l’accord de leurs enfants et sans que ces derniers n’aient à renoncer totalement à leur héritage. Le principe est le suivant: le grand-parent fait une donation à son petit-enfant et l’enfant (le parent du petit-enfant) s’engage à imputer fictivement sur sa propre part successorale la donation faite à ses propres enfants. C’est ce qu’on appelle le « rapport pour autrui ». L’imputation que fait l’enfant se fait au bénéfice du petit-enfant. Au final, la part successorale de l’enfant est évidemment moindre que celles de ses frères et soeurs.
Il existe une autre possibilité: la donation en cascade. L’enfant accepte la succession et paie les droits correspondants. Dans les 90 jours (Wallonie) ou dans l’année (Flandre) qui suivent l’acceptation, il fait don de tout ou partie de son héritage à ses propres enfants (les petits-enfants) sans payer de droits de donation. L’exonération est au maximum égale aux droits de succession payés précédemment. La donation en cascade n’est pas encore possible à Bruxelles.
Épargner intelligemment pour ses petits-enfants
Votre courtier ou banquier vous le dira peut-être, une assurance épargne (branche 21) est un des moyens futés pour léguer de l’argent à ses petits-enfants en évitant de payer trop d’impôts. Car en tant que grands-parents, vous pouvez toujours souscrire un contrat de branche 21, une assurance-vie. Il s’agit d’une formule d’épargne avec laquelle vous visez la sécurité. Et vous pouvez désigner un petit-enfant comme bénéficiaire en cas de décès. Cette technique s’inscrit aussi dans la réflexion du saut de génération.
Concrètement, en tant que preneur d’assurance, vous conservez le contrôle total du contrat et pouvez même changer de bénéficiaire après coup. La branche 21 procure un taux garanti et une éventuelle participation bénéficiaire. Notons qu’il existe aussi une assurance de branche 23 qui investit dans des fonds. Les rendements obtenus sont potentiellement plus élevés sur le long terme, mais les risques sont aussi plus importants. Ici, pour dormir sur ses deux oreilles, la branche 21 va constituer un instrument intéressant. Retenons encore que l’investisseur flamand est favorisé. Car en Flandre, et pas dans les deux autres Régions, les petits-enfants bénéficient d’une exonération d’impôts successoraux à concurrence de 12.500 ? par grand-parent.
À partir de 30€ par mois
Une autre piste qu’une branche 21? Ils se nomment Junior Plan, Junior Invest Plan, Life Junior, peu importe... Ce sont des formules d’épargne proposées dans la plupart des banques et qui vous permettent d’investir, à intervalles réguliers, un montant déterminé pour vos petits-enfants.
On vous propose déjà d’épargner à partir de 30€ par mois dans une branche 44. Cette dernière ne correspond à aucune définition légale, mais il s’agit d’une combinaison de deux catégories d’assurances-vie des branches 21 et 23 (21+23=44). Pour combiner à la fois sécurité et prises de risques.
Donc, avec une telle d’assurance placement pour les enfants, vous allez investir à votre rythme financier jusqu’à leurs 18, 21 ou 24 ans. Mais que faire si vous craignez que votre petit-enfant, encore immature à vos yeux, n’utilise pas cet argent comme vous le désirez? Vous pouvez toujours souscrire une telle assurance placement à votre nom tout en désignant l’enfant comme bénéficiaire. Ce qui vous laisse toujours la possibilité de modifier le bénéficiaire.
Enfin, n’oublions pas que si ces produits sont rentables sur la durée, ils sont aussi soumis à des frais et à des taxes. Renseignez-vous auprès de votre conseiller financier.
Un compte avec stipulation pour autrui
Il est simple d’ouvrir un compte d’épargne au nom de votre petit-enfant. Et même s’il offre pour le moment peu de rendement, vous avez la certitude que l’argent lui reviendra. Le capital tombera en dehors de la succession en cas de décès. Seuls les versements, avant le décès, des trois dernières années en Flandre/Bruxelles et des cinq dernières années en Wallonie, feront partie de la succession.
Mais ouvrir un compte au nom de l’enfant n’est pas sans inconvénient. Si votre petite-fille vide son compte à sa majorité pour s’acheter une moto alors que vous n’êtes pas d’accord, vous n’aurez plus rien à dire. L’idée serait donc de garder le compte à votre nom. Mais en cas de décès, le capital va tomber dans la succession générale et il n’y aura plus de certitude que l’argent ira à l’enfant désigné.
Existe-t-il une alternative? Oui, celle du compte d’épargne avec stipulation pour autrui. Ce type de compte, plutôt rare, est encore proposé par quelques institutions.
Il est ouvert à votre nom, mais vous y désignez aussi votre petit-enfant. Vous mentionnez la date à laquelle le capital lui reviendra, par exemple à ses 25 ans. Et jusqu’à 30 jours avant l’échéance, si vous estimez que l’enfant n’est pas capable de gérer ses avoirs, vous pouvez retirer l’argent ou modifier la date d’échéance.
Attention, en cas de décès, le bénéficiaire devra payer des droits de succession. Et le compte sera bloqué jusqu’à ce que le petit-enfant ait atteint l’âge stipulé dans le contrat.
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