Anne Vanderdonckt
Comme le temps file...
Anne Vanderdonckt observe la société, ses évolutions, ses progrès, ses incohérences. Partage ses doutes, ses interrogations, ses enthousiasmes. Quand elle se moque, ce n’est jamais que d’elle-même.
Même si la perspective de réaliser ce vieux fantasme ne me tente absolument plus, je continue à éplucher les sites immobiliers à la recherche d’un appartement à la Côte. Pour rendre le jeu plus amusant, j’aligne de vrais critères, notamment l’âge du bâtiment. «Relativement neuf, mais pas assez pour entraîner les 21% de TVA» me semble raisonnable. Situé dans un bâtiment des années 1990, ce deux chambres que j’avais repéré dans une rue fleurant bon la villégiature cochait toutes cases. Relativement neuf, donc. C’est alors que j’ai fait le calcul. Les années 90, c’était il y a trente ans. Choc.
Tous les jours, j’écoute en voiture une radio dite pour «jeunes» qui a pour mérite de me tenir au courant de l’actualité de la musique actuelle. De 9h à 10h, place aux tubes des années 2000. Je retrouve des morceaux que je connais, parfois pas. Et tout d’un coup, je fais le calcul: les années 2000, c’était il y a un quart de siècle. Choc.
Cette même radio passe souvent une chanson récente dans laquelle Eddy de Pretto évoque «les années 20». Aussitôt se forment des images de coiffures à la Louise Brooks et de Charleston. Il m’a fallu quelques écoutes pour réaliser que les années 20, c’est aussi en 2024. Choc.
Choc du temps qui passe et qu’on ne voit pas filer…
Après deux mois de temps suspendu où tout le monde s’est éparpillé ici et là, septembre reste, quoi qu’on en dise, le vrai début de l’année. C’est, avec la vie quotidienne qui reprend dans sa terrible routine agitée parfois de soubresauts, un marqueur du temps qui passe. Un moment où on se dit: incroyable comme cela a filé, on ne s’en est même pas rendu compte !
Plus les années passent, plus le temps semble accélérer sa course.
Les souvenirs semblent si près du temps présent. C’est comme si c’était hier, s’exclame-t-on au mariage d’un neveu qu’on a bercé trente ans plus tôt. Et plus les années passent, plus le temps semble accélérer sa course. Et c’est comme cela qu’on en arrive à vivre dans un corps qui a 50, 60 ans ou plus avec un regard qui a toujours 15 ans, ou moins. A croire que le visage qui se reflète dans le miroir, ce n’est pas le nôtre, c’est de l’anticipation!
Plus on vieillit, plus le temps semble avoir coulé vite. Pourquoi? La réponse se résume d’abord à un simple calcul de fraction: si vous avez 7 ans ou 70 ans, une année ne pèse pas le même poids. Ensuite, notre cerveau est conçu pour enregistrer les changements. Les enfants, sans cesse confrontés à de nouvelles expériences, absorbent de nombreuses nouvelles images. Ce sont elles qui lui permettent de distinguer les jours et les mois. Avec l’âge et l’expérience, notre cerveau, réceptionnant moins d’images nouvelles, regroupe ces semaines qui se ressemblent, d’où l’impression que le temps se resserre. Solution: forcer son cerveau à être attentif.
Par contre, là où le temps prend son temps, même si notre cerveau pourrait les considérer comme une routine, c’est dans les embouteillages, ces temps énervants et inutiles. A se demander si on en viendrait pas à rajeunir en passant le Carrefour Léonard. Cela ne coûte rien de le croire…
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