Impressions de vacances

Anne Vanderdonckt observe la société, ses évolutions, ses progrès, ses incohérences. Partage ses doutes, ses interrogations, ses enthousiasmes. Quand elle se moque, ce n’est jamais que d’elle-même.

Le court séjour est-il moins cher que le long? Selon les statistiques, 4 Belges sur 10 ne partent pas en vacances. S’il fallait leur accorder un minimum de foi, je pourrais dire que je fais partie de cette catégorie. Lorsqu’en début d’année, j’ai cherché une maison à louer en Bretagne, j’ai été sidérée, révoltée par les prix explosifs en regard de ceux d’avant le covid. Alors, non, non et non, c’est une question de principe.

Les « grandes » vacances ont alors été remplacées par plusieurs mini-vacances de trois ou quatre jours. Beaux hôtels, bons restos, shopping, petites glaces, après tout, on n’a que trois jours et si ce n’est pas pour être mieux qu’à la maison, ce n’est pas la peine (question de principe également). Le prix des nuitées, comme tout le reste, a lui aussi, bondi, mais là, je suis comme un végétarien qui se régale de saucisses porc-veau, je peux faire semblant que je n’en sais rien. Au total, j’aurai dépensé plus. Mais le principe est sauf.

Peut-on encore manger sans réserver? En gros, non. Parfois, après avoir comparé les menus en devanture, il suffit d’entrer ou de passer un coup de fil. Méthode à l’ancienne. Ou bien, plus 2.0, on réserve via le site du resto. Mais il y a aussi ceci, qui nous est arrivé à Lille: Toc toc, bonjour madame, on peut réserver pour ce soir? Oui, via l’application, répond la femme... qui est juste en train de vérifier l’état de ses réservations sur son ordi. Souris en main, elle refuse fermement de nous enregistrer si nous ne passons pas par l’appli. Eh bien, tant pis! Question de principe. On va tenter le coup plus loin: même réponse émanant d’un serveur en chair et en os, il faut passer par l’appli. Dans le même ordre d’idées, il y a ces établissements tout à fait classiques où vous ne pouvez plus commander que par le truchement de l’Ipad qui se trouve sur la table alors que des serveurs humains vous observent. Ou comment l’Homme nous prépare à son remplacement par des robots...

Faut-il manger ce que le chef nous impose? Comme de plus en plus de gens, je suis difficile à nourrir: pas de volaille, pas de viande (sauf des saucisses porc-veau), du poisson mais qui ne goûte pas trop le poisson, etc. Et encore, je ne souffre pas d’allergies. Or, lorsqu’on passe les restaurants en revue, on constate que de plus en plus imposent un menu, point à la ligne. C’est le chef, star du XXIe siècle, qui décide. Le pire, ceux qui annoncent juste « suivant le marché ». Ok, mais moi, je suis cliente ; je veux manger ce que j’aime, pas ce qu’on m’impose.

Peut-on encore vivre sans QR code? Voici le QR code qui donne accès au garage, si ça ne marche pas, téléphonez-moi, prévient le réceptionniste. Allô, en effet. Et voici le QR code pour la chambre. Si ça ne fonctionne pas, téléphonez-moi. Habituée aux clés électroniques qui se démagnétisent, généralement quand il n’y a plus personne à l’accueil, je ne suis pas préparée à ce scénario: la porte s’ouvre. A chaque fois, miracle!, j’éprouve un sentiment de victoire. Je me sens Bill Gates! Je suis Mark Zuckerberg! Oh oui, j’ai vraiment passé de bonnes vacances!