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La chasse au gaspi est ouverte!

Mettre au rebut des tonnes de nourriture est moralement et écologiquement intenable. Des pratiques des supermarchés jusqu’à l’organisation de vos poubelles et de votre... smartphone, la gestion du gaspillage alimentaire pourrait vous étonner.

Près d’un kilo de nourriture par habitant vole à la poubelle chaque jour en Belgique « Ce que nous jetons le plus? Ce sont les viennoiseries et le pain qui ne peuvent pas rester plus de 24 heures en rayon. Ils partent parfois par sacs entiers », explique un gérant indépendant de supermarché. A lui seul, le pain représente 20% du gaspillage alimentaire en Belgique. Les fruits et légumes participent aussi amplement à la montagne de déchets dont les chiffres sont affolants. La Belgique est parmi les plus gros « jeteurs » d’Europe. Chaque citoyen gaspille en moyenne 345 kg de nourriture par an, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La moyenne européenne est de 176 kilos.

Ces chiffres ne sont cependant pas dus qu’aux citoyens. Toutes les étapes de la chaîne alimentaire de la production jusqu’à la consommation sont impliquées. L’agriculture est responsable de 36% de ces pertes, l’industrie alimentaire de 25% et les ménages de « seulement » 23%.

Deux fois plus que l’aviation

Il n’en reste pas moins que, chez nous, 30% des produits alimentaires sont gaspillés. Ce n’est pas moins de 25.000 tonnes de produits alimentaires qui finissent à la poubelle chaque année rien qu’à Bruxelles. Et ces déchets représentent de 7 à 8% des émissions totales de CO2, deux fois plus que l’aviation. On pourrait théoriquement nourrir près de 200 millions de personnes uniquement avec la nourriture gaspillée en Europe! Elle coûte en outre 143 milliards d’euros aux ménages européens par an. Un gros gâchis à la fois éthique, environnemental et financier.

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Parmi toute la nourriture produite dans le monde, un tiers est gaspillé.

C’est léquivalent de ... 1 paquet de frites sur 3 jeté à la poubelle!

345 kg

Chaque Belge gaspille en moyenne 345 kg de nourriture par an.

Cela répresente... 10 gaufres de Liège jetées à la poubelle chaque jour!

Source: To Good To Go

Du poisson pour 0,50€

Alors les initiatives se développent et en particulier dans la grande distribution qui a mis plus que jamais l’accent sur les ventes rapides à l’exemple du Zero Waste de Lidl. Si vous faites vos courses chez ce discounter, souvent peu de temps avant la fermeture, vous pourrez peut-être bénéficier de cartons de fruits et légumes de 3 kg pour 1 €, de la viande et du poisson à consommer le jour même pour 0,50 €. Ces produits sont toujours propres à la consommation. Mais un jour plus tard, ils seraient déclassés. L’objectif de Lidl est de réduire ses pertes alimentaires de 50% d’ici à 2025. Les revenus générés par « zéro gaspi » sont reversés à la fédération des banques alimentaires de Belgique.

Chez Colruyt, autre exemple, près de 97% des produits frais et surgelés sont vendus. Les produits frais invendus sont retirés des rayons trois à quatre jours avant leur date de péremption. Il reste donc 3% d’invendus dont la plupart sont conservés dans la chambre froide d’un des 311 magasins Colruyt, OKay ou encore Bio-Planet pour être ensuite récupérés par les banques alimentaires.Quelque 5.600 tonnes de nourriture sont ainsi données par an: des fruits et légumes, de la charcuterie, des plats préparés, de la viande et du poisson, du lait, du yaourt, des produits dont l’emballage est légèrement endommagé, etc. C’est un beau geste, mais cela évite de renvoyer les marchandises vers la centrale, ce qui coûte en trajets et en manutention.

Si ces initiatives sont saluées, elles sont encore insuffisantes pour Super-Lijst, une association qui s’intéresse au supermarché durable. La grande distribution devrait « influencer plus positivement les comportements d’achat pour diminuer le gaspillage alimentaire. Or, c’est tout l’inverse qui se passe quand les chaînes favorisent les grands conditionnements, les achats en masse via de la publicité ou encore les achats impulsifs... »

Les chocolats après Pâques

Mais tous les invendus ne sont pas donnés à des associations. Chez certaines enseignes, beaucoup de produits alimentaires vont encore directement dans de grandes poubelles à l’arrière des supermarchés. Leur contenu est parfois généreusement aspergé d’eau de javel pour éviter que des personnes ne viennent se servir, un phénomène qui prend de l’ampleur. Et ce ne sont pas toujours des gens nécessiteux qui viennent récupérer les chocolats jetés après Pâques, mais aussi des jeunes gens (et moins jeunes) qui le font par conviction écologique. Sur les réseaux sociaux, les groupes consacrés à la récupération d’invendus alimentaires se multiplient en donnant toutes les astuces possibles, les emplacements, les horaires, etc. Ces personnes font aussi les fins de marché pour récupérer les fruits et légumes que les maraîchers abandonnent.

Les lasagnes avec leur barquette!

Que vont devenir ces produits qui se retrouvent dans les poubelles-conteneurs des supermarchés? Ils vont être transformés en gaz et en engrais pour l’agriculture. Et le plus fou dans cette histoire? C’est qu’ils sont envoyés dans l’usine de traitement dans leur emballage d’origine: la lasagne est dans son contenant en aluminium et sous plastique, les yaourts dans leur pot, la soupe dans son tétrapack, etc. Le groupe Vanheede, qui possède plusieurs implantations en Belgique et dans le nord de la France, est le champion de ce type de recyclage. Des machines automatisées séparent les aliments des emballages qui partent au recyclage. La matière organique va rejoindre un méthaniseur, une grande cuve à l’intérieur de laquelle une fermentation va produire du méthane pour alimenter un générateur d’électricité. L’eau et les matières restantes, les digestats, seront valorisables par épandage agricole.

Pourquoi jette-t-on autant?

« Comme nos ancêtres, nous préférons jeter un aliment que de courir le risque d’être infectés. Cette crainte hygiéniste nous renvoie, fondamentalement, à notre peur de la mort », explique Yoneko Nurtantio, auteur du livre « Zéro gaspi! », conférencière et initiatrice du challenge Just Keep It, soit 21 jours sans gaspillage. Il y a aussi cette croyance selon laquelle les ressources seraient infinies. Sans oublier le fait que ne connaissons plus l’histoire des aliments que nous consommons. On jette plus facilement un plat préparé que des légumes cultivés dans notre jardin. Si Yoneko Nurtantio propose de se remettre aux fourneaux (en valorisant les ingrédients et en accommodant les restes) et d’acheter les bonnes quantités, elle met aussi l’accent sur la conservation des aliments. Ce qui passe aussi par une meilleure connaissance des dates de péremption des produits.

« À consommer de préférence avant le »

Si la sécurité alimentaire doit demeurer une priorité pour éviter les intoxications, des produits sont néanmoins jetés par méconnaissance des indications. La phrase « à consommer de préférence avant le » ne précise que la limite d’utilisation optimale d’un produit. Il ne sera donc pas impropre à la consommation après la date butoir, mais ses qualités gustatives ne seront plus garanties par le fabricant.

Un exemple? Les produits laitiers fermentés non ouverts de type yaourt, s’ils ont été correctement conservés, peuvent encore être consommés plusieurs semaines après la date optimale. Le goût sera peut-être un rien plus acide. Et encore... Autres exemples: le chocolat, les conserves, les biscuits ou le lait UHT dans leur emballage peuvent très bien être consommés plusieurs semaines ou mois après la date de péremption idéale. Et puis, il y a tous ces produits qui ne périment jamais comme le sel, le sucre, le miel, le riz blanc, les pâtes, la fécule de maïs, les légumes secs, etc.

Le smartphone, votre meilleur outil anti-gaspi?

Voici quelques applications anti gaspi bien pratiques...

  • NO WASTE

Cette app permet de gérer le contenu du garde-manger et du frigo. Il s’agit d’une liste avec date de péremption pour savoir ce qu’il ne faut pas acheter en double quand on fait les courses. Liste à partager avec la famille. Et, cerise sur le gâteau, elle permet de calculer le montant des économies réalisées.

  • TOO GOOD TO GO

Faire en sorte que la nourriture soit consommée et non gaspillée. Chaque jour, des aliments frais sont gaspillés dans des commerces alimentaires simplement parce qu’ils n’ont pas été vendus à temps. Too Good To Go permet aux utilisateurs d’acheter des paniers surprise composés de produits invendus à petit prix.

  • EMPTY MY FRIDGE

Comment cuisiner ce qui reste plutôt que de le jeter? L’application « Empty my Fridge » donne de l’inspiration pour créer des recettes pratiques avec ce qui traîne dans votre frigo. Simple comme un paquet de pâtes, quelques lardons et des légumes qui traînent dans le frigo. Il vous suffit de faire une recherche par produit et l’application vous donne des idées de recette.

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