Anne Vanderdonckt

L’aventure, c’est l’aventure

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Anne Vanderdonckt observe la société, ses évolutions, ses progrès, ses incohérences. Partage ses doutes, ses interrogations, ses enthousiasmes. Quand elle se moque, ce n’est jamais que d’elle-même.

Vendredi soir, début d’un week-end à deux dans les Ardennes françaises, avant le Covid. Alors que nous revenons tout joyeux du restaurant en débriefant le menu, j’aperçois une camionnette rouge garée en travers devant la porte de notre délicieux petit hôtel design.

– Oh, t’as vu? Des pompiers! , dis-je, pompette.

– Mais non, ce n’est pas un camion de pompier ça!

En effet, c’étaient des plombiers. Gros problème avec le boiler de l’hôtel dont l’eau était montée à 120° C. Gros problème avec les canalisations passant, notamment, derrière le mur de notre salle de bains, lui aussi donc, chauffé à 120°C. Je peux vous jurer que la nuit fut plus chaude que lors du plus torride épisode d’une canicule estivale. D’autant qu’on n’a pas pu se rafraîchir vu qu’il n’y avait plus une goutte d’eau dans tout l’hôtel. Grand bruit jusqu’à l’aube, à cause des plombiers qui tâchaient de faire ce qu’ils pouvaient. De nos canalisations en train de fondre et de disperser de l’eau dans le mur. Et du plafond de la chambre d’au-dessus qui s’est effondré.

Bref, le lendemain matin, il n’y avait toujours pas d’eau. On s’est partagé, moitié moitié, une bouteille d’eau minérale, que notre hôtesse tout affairée à dissimuler son stress nous avait livrée, et on s’est lavés de manière très écologique. Prétendre que nous nous sentions frais serait largement exagéré. Affirmer que nous étions sales serait faux. Monsieur a même réussi à se raser tout à fait convenablement, à sa plus grande surprise.

Emerveillés comme des enfants par notre capacité d’adaptation digne d’un reportage animalier, avec la gravité de grands sages, on s’est dit qu’on avait appris quelque chose: on utilise quotidiennement beaucoup trop d’eau. On s’est dit qu’on allait installer un régulateur d’eau (un jour) à la maison.

Vers 13 heures, les robinets ayant repris leur office, sauf dans les chambres sinistrées, on nous en a proposé une autre. Avec un grand bain. Fin de l’aventure dans un paradis de bulles parfumées. Et suite d’un week-end qui n’a, à aucun moment, cessé d’être excellent. Car l’avez-vous remarqué, à condition de ne pas se casser le dos en glissant dessus, ce sont les peaux de bananes qui forment les souvenirs les plus pittoresques, ceux qu’on se remémore avec plaisir et qu’on raconte encore, les yeux pétillants, des années plus tard.

Le sentiment d’aventure à quelques kilomètres de chez soi: sans le savoir, nous étions donc déjà en train d’inaugurer ce qui se propose comme la tendance de l’été 2021. Et qui porte un nom: la micro-aventure. Un concept qui, pour émerger aujourd’hui, date quand même d’une dizaine d’années. La micro-aventure, ce n’est évidemment pas celle qui vous confronte à un lion prêt à vous dévorer tongs comprises et sans ketchup, mais celle qui vous permet de sortir de l’ordinaire, de vivre une vraie déconnexion et de recharger vos batteries. L’aventure, c’est facile, cela peut tout simplement consister à accueillir l’inattendu avec humour et bienveillance.

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