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Les grands-parents gâtent-ils trop leurs petits-enfants?

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Souvent compagnons d’amusement, parfois confidents, la plupart des grands-parents ne ménagent pas leurs efforts pour faire plaisir. Quitte à en faire trop?

Les grands-parents d’aujourd’hui ressentent moins leur rôle comme étant un rôle d’autorité. La relation avec les petits-enfants est plus axée sur le ludique, la découverte. Ils cherchent à apporter des choses que les parents, souvent, n’ont plus le temps de faire.

Face à cette relation privilégiée, les parents peuvent éprouver de l’amertume à voir leurs propres parents, autrefois sévères, se transformer en grands-parents gâteaux. Rien d’étonnant à cela: ils sont désormais en seconde ligne. S’ils peuvent toujours participer au projet éducatif, ils n’en sont plus responsables, ce qui leur ôte une solide pression. Ils sont aussi plus disponibles et le temps passé ensemble, forcément limité, va être consacré à développer une relation qualitative.

Qui dit qualitatif, dit plaisir: les grands-parents chercheront à contenter leurs petits-enfants, sans que cela passe nécessairement par une profusion de cadeaux. Le plus souvent, il s’agira d’attentions, de sorties amusantes... Le tout dans une atmosphère un peu plus permissive. Les enfants savent bien faire la part des choses entre les règles des grands-parents et celles de leurs parents.

Attention, il est très important de ne pas mettre l’enfant en conflit de loyauté. Dire à l’enfant « Tu ne diras rien à tes parents « le mettra dans une situation très inconfortable. Il sera ravi d’avoir été gâté, mais n’aura pas envie de mentir à ses parents.

Il est cependant important que les parents et grands-parents adoptent globalement la même ligne de conduite. L’enfant a besoin de structure, de règles: il n’est pas interdit de lui faire plaisir, mais il est important de ne pas céder à tous ses caprices. Il est aussi utile d’identifier les raisons des règles mises en place par les parents.

Ceci dit, autoriser l’enfant à se coucher un peu plus tard ou lui offrir occasionnellement un petit cadeau sans raison n’aura d’autre conséquence que de susciter de la joie. Mieux: développer une relation forte avec ses petits-enfants permettra de faire évoluer leur vision du monde et de la société. Des études montrent que quand on a des relations qualitativement bonnes avec ses grands-parents, quand on est enfant ou adolescent, on se fait une meilleure représentation de l’âge.

Offrir un cadeau à un enfant sans se brouiller avec ses parents

Un cadeau destiné à un jeune enfant ne doit pas nécessairement être volumineux, original ou onéreux. Il ne doit pas nécessairement avoir été acheté dans un magasin.

Avant toute chose, il importe de tenir compte des goûts de l’enfant. Ne lui demandez pas « Qu’aimerais-tu recevoir? », mais plutôt « Qu’aimes-tu faire? ».

Si la liste vient de lui, il n’y a pas de mal à s’en inspirer sans qu’elle ne devienne une liste d’exigences. L’enfant doit être conscient qu’il s’agit simplement d’idées. Déduisez-en ses intérêts sans tomber dans le piège du marketing.

Un mini fer à repasser? Si la demande vient de l’enfant, il n’y a pas de mal à offrir ce genre de jouets. Certains trouvent très amusant d’aider papa ou maman. L’important étant de ne pas offrir ce genre de jouets exclusivement aux petites filles. Si les petits garçons de la famille s’amusent tout autant que les filles avec un ustensile de nettoyage ou un mini aspirateur et que ces dernières jouent aussi avec les outils de bricolage ou les petites autos de leurs frères, pas de souci!

De même, on pourrait se demander s’il ne faut acheter que des poupées aux petites filles et que des voitures aux petits garçons. La réponse est bien entendu non. Ce qui importe, c’est de leur donner l’occasion d’explorer diverses sortes de jeux. A eux de déterminer leurs préférences. Si, en tant qu’adulte, vous ne véhiculez pas de stéréotypes et que vous laissez à l’enfant la liberté de choisir ses jeux, peu importe qu’il s’agisse d’une poupée ou d’un fer à repasser, d’une voiture ou d’une mini foreuse.

Les règles d’éducation, les valeurs et les normes des enfants sont fixées par les parents. Il est essentiel de les respecter. Faute de quoi cela risque de créer des tensions dont les enfants sont les premières victimes. Consulter les parents avant d’acheter un cadeau est un must.

S’il faut respecter le refus des parents, on peut aussi chercher un compromis. Demandez, par ex., aux parents pour quelle(s) raison(s) ils sont opposés à l’idée d’avoir des animaux domestiques. Si c’est pour une question d’allergie, ok. Si, en revanche, leur refus a trait à l’entretien quotidien, proposez d’offrir un lapin à vos petits-enfants... mais chez vous. Si vous souhaitez faire plaisir à un enfant en lui offrant un vêtement, il faut qu’il ait son mot à dire et qu’il puisse choisir la pièce qui lui convient. Sans quoi, il risque d’être déçu. L’idée? Faire du shopping avec lui.

Un cadeau ne doit pas nécessairement être matériel. Passer du temps en famille figure en tête de liste des souhaits des enfants. N’hésitez donc pas à leur proposer une activité en lieu et place d’un cadeau à déballer. Cette activité ne doit pas nécessairement être onéreuse. Si vous proposez un pique-nique au parc alors qu’ils n’ont jamais l’occasion d’en faire, ils garderont sans aucun doute un merveilleux souvenir de ce moment.

Des passeurs de sens

L’éducation c’est pour les parents. Chouchouter, c’est pour les grands-parents qui, au passage, renouent avec leur propre enfance. Empiler des Lego, se rouler dans l’herbe, colorier des livres d’images, waouh, quel bol d’air dans une vie d’adulte confronté à ses factures! Leur rôle consiste aussi à transmettre des histoires, des mémoires familiales, des valeurs... Mais tenez-vous bien, le grand gagnant de cette relation privilégiée, c’est la lecture ! La toute grande majorité des grands-parents déclarent que leur priorité est de donner le goût de la lecture à leurs petits-enfants. Et eux-mêmes découvrent du coup qu’Harry Potter, ça fonctionne aussi à la maturité. Car comme toute relation, celle des petits-enfants et des grands-parents s’alimente dans les deux sens.

Offrir de l’argent, une bonne idée?

Si enfant est trop jeune pour se rendre compte de ce que représente l’argent et de ce qu’il peut en faire, lui offrir une enveloppe n’est sans doute pas une bonne idée. Trop abstrait, l’argent n’est pas considéré comme un cadeau par les jeunes enfants. S’ils sont plus âgés, cela ne pose pas de problème mais il est important qu’ils sachent comment l’utiliser.

Nombreux sont les enfants impatients de posséder de l’argent. Si vous souhaitez qu’ils en épargnent une partie, expliquez-le clairement et prenez leur âge en considération. Car gérer son argent s’apprend progressivement. N’ayez pas d’attentes trop élevées. L’argent liquide doit être considéré comme de l’argent de poche. Quel est son but? Qu’est-ce qu’un enfant peut acquérir avec cet argent? Quelles sont les dépenses que les parents estiment ne plus avoir à prendre en charge? Les parents ont peut-être déjà conclu des accords avec leurs enfants à ce sujet et il faut en tenir compte. Ne vous attendez pas à ce qu’un enfant économise la totalité de l’argent qu’il reçoit. Prévoyez un montant leur permettant d’épargner une partie et de dépenser l’autre. Vous insistez pour que l’argent donné soit économisé par l’enfant? Déposez-le alors sur un carnet d’épargne tout en expliquant votre démarche.

Un bon-cadeau est trop abstrait pour les jeunes enfants incapables d’en déterminer la valeur. C’est une bonne idée, en revanche, lorsque les enfants sont plus grands. Cela revient à donner de l’argent mais c’est nettement plus concret puisqu’il ne s’agit pas de l’économiser dans ce cas-ci.

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