Anne Vanderdonckt
Les voyages de la marmotte
Anne Vanderdonckt observe la société, ses évolutions, ses progrès, ses incohérences. Partage ses doutes, ses interrogations, ses enthousiasmes. Quand elle se moque, ce n’est jamais que d’elle-même.
Le secteur du tourisme n’a de cesse de se réinventer en fonction de l’air du temps et de la demande. En 2025, trois tendances s’affirment. Le all-inclusive, qui permet de se décharger des soucis d’intendance et de contrôler son budget, redevient hautement désirable, avec une percée notable chez les jeunes. Les vacances inspirées par les réseaux sociaux et les séries télé avec pour but… le shopping, font un tabac, merci Emily in Paris! Rapporter ce qu’on ne voit pas chez nous, c’est un peu comme un Graal à l’heure de la mondialisation! Mais la tendance qui s’impose de plus en plus au fil des ans et balaye toutes les autres, c’est la recherche de destinations qui réduisent le stress (une des raisons aussi du succès de l’all-inclusive) et nous rapprochent de la nature. Surtout bien loin du tumulte touristique et citadin. A ceci, on peut superposer, comme cerise sur le gâteau, le bien-être, le soin de soi.
Si les initiatives ne manquent pas pour répondre à ces besoins, la Suède, elle, ajoute encore un argument marketing peu usité, qui est celui du sommeil, partant du constat qu’on dort de plus en plus mal. Les Belges notamment. 60% dorment moins que 7 heures par nuit et un quart de ceux-ci dorment mal, indiquent les études. Bien sûr, en prenant de l’âge, cela ne s’arrange pas. Rien d’étonnant donc si nous sommes les plus grands consommateurs de somnifères d’Europe. Oubliez le mal de dos, l’insomnie est devenue la véritable maladie du siècle. A côté de cela, le lit est sacré endroit préféré et, paré de soie, trône en vedette sur les réseaux sociaux en une ultime exposition de l’intime.
La Suède a lancé le concept de tourisme du sommeil, ce qui est loin d’être soporifique!
Forte de ses atouts naturels, la Suède lance donc le concept de «tourisme du sommeil». De longues nuits en automne et en hiver, des milieux naturels paisibles loin des nuisances sonores comme les forêts ou les lacs, de l’air pur et des températures fraîches la nuit même en été: voilà qui conditionne déjà un sommeil réparateur. Ceci étant, l’industrie du tourisme donne un coup de pouce à la nature en imaginant des lieux de repos comme des cabines en verre nichées dans la verdure conçues pour une expérience de relaxation inédite.
S’engouffrant encore plus loin dans la brèche que l’hôtellerie de luxe internationale qui n’hésite pas à engager des maîtres du feng shui pour favoriser le sommeil de ses hôtes, des chaînes hôtelières suédoises proposent des chambres «Superior Sleep». De l’éclairage à l’esthétique en passant par le confort, tout est conçu pour le sommeil, y compris un check out tardif. Ces hôtels, qui ont organisé un grand «concert pour le sommeil» à Göteborg, proposent également des séances de yoga, de la méditation guidée et un programme télé qui aide les clients à s’endormir (sic, ce n’est pas de l’humour).
Alors la question, c’est: quel intérêt de se taper 1.700 km avec pour ambition de dormir comme une marmotte? On répondra par une autre question: quel intérêt de s’imposer plusieurs heures de vol juste pour s’allonger sur une plage? A chacun de décider. Mais en tout état de cause, travailler sur sa qualité de sommeil reste une excellente résolution pour 2025!
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici