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Maintenir le lien avec ses petits-enfants, malgré la distance

Priver les grands-parents de leurs petits-enfants est source de frustration, comme l’a montré la crise du coronavirus. Comment s’y prennent les grands-parents qui vivent à des centaines, voire des milliers de kilomètres de leur descendance pour entretenir cette relation unique ?

Grands-parents et petits-enfants ont été privés de contacts rapprochés pendant des semaines pour freiner la propagation du Covid-19. Une interdiction difficile à supporter pour les grands-parents habitués à aller les chercher à la sortie de l’école. Une interdiction encore plus douloureuse pour les grands-parents qui ne voyaient leurs rejetons qu’aux grandes occasions. Les menottes collantes et les cris de joie des enfants ont dû leur manquer terriblement. La vie s’est arrêtée dans un silence étourdissant. Un grand vide s’est installé que même les visites à la fenêtre et les conversations sur Skype n’arrivaient pas à combler.

C’est ce qui ressort de la grande enquête du Centre de connaissances des sciences familiales de la haute école Odisee.  » Passer un bon moment ensemble, se faire des câlins, jouer, se côtoyer... procure une agréable sensation de proximité que les réseaux sociaux sont incapables de compenser, constate Hans Van Crombrugge, professeur de Pédagogie. Au début, cette solution de facilité permet de maintenir un contact virtuel entre les générations mais à la longue, il devient de plus en plus difficile de capter l’attention des petits.  »

GRANDS-PARENTS VIRTUELS

Il n’existe pas de chiffres mais l’internationalisation des entreprises, la prolifération des expatriés et des émigrés sur le marché du travail laisse supposer que de plus en plus de grands-parents ont des petits-enfants à l’autre bout du monde. Dans une enquête sur les prands-parents réalisée par la Ligue des Familles en 2016, 6% d’entre eux déclarent avoir des petits-enfants à l’étranger. L’internet et les réseaux sociaux rendent les contacts plus faciles qu’il y a une vingtaine d’années mais la grand-parentalié virtuelle atteint ses limites selon Hans Van Crombrugge.

« Les grands-parents qui ont des contacts virtuels avec leur progéniture sont dépendants des parents qui fixent les rendez-vous Skype et influencent la conversation malgré eux. En l’absence de ceux-ci, un enfant racontera peut-être autre chose... A partir de la troisième maternelle, il est important que les enfants entretiennent des relations avec les membres de la famille qui ne jouent pas un rôle éducatif et à qui ils peuvent se confier, les grands-parents dans la plupart des cas. » Au fur et à mesure que les petits-enfants grandissent, ils deviennent plus actifs sur les réseaux sociaux et allouent plus d’espace aux grands-parents hors la présence des parents.

Maintenir le lien avec ses petits-enfants, malgré la distance

SANS LES PARENTS

Pour nourrir la relation avec les petits-enfants dans un pays lointain, il faut leur montrer qu’on pense à eux. Un coup de fil ou un message le jour de leur anniversaire, de la rentrée scolaire, avant ou après un match de foot ou un concert de musique... ne fût-ce que pour marquer son intérêt.

« Une relation extra-parentale est importante. L’enfant doit pouvoir dire à ses parents que sa mamy l’a appelé pour lui souhaiter bonne chance. Ou que son papy est le seul qui lui envoie encore une carte d’anniversaire en papier », affirme Hans Van Crombrugge.

Le contact physique est essentiel, cela va de soi. Il y a des moments qu’il est impossible de compenser par un appel vidéo. La naissance et les premiers mois d’un petit-enfant, par exemple. « Les personnes devenues grands- parents pendant le confinement sont très frustrées de ne pas pouvoir prendre le nouveau-né dans leurs bras, constate Hans Van Crombrugge. En temps normal, les futurs grands- parents s’arrangent pour être sur place au moment de l’accouchement. Ils laissent parfois tout tomber et sautent dans un avion pour voir la frimousse du bébé de leurs propres yeux. »

Les rencontres véritables sont essentielles pour engranger des souvenirs communs à partir desquels il est possible de développer une relation virtuelle par la suite. Ce n’est pas le seul avantage. Par l’intermédiaire de leurs grands-parents, les petits- enfants entrent en contact avec leurs tantes et oncles, leurs neveux et nièces, découvrent le cocon familial dans lequel les parents ont grandi.

Les petits-fils de Ludo Hugaerts vivent à Helsinki

Maintenir le lien avec ses petits-enfants, malgré la distance

Mon fils a épousé une Finlandaise. Mes petits-fils Frans-Emil, 14 ans, et Aukusti, 12 ans, deviennent de vrais petits Finlandais. On s’appelle plusieurs fois par mois sur Skype. Ils comprennent assez bien le néerlandais mais le parlent peu, ce qui ne facilite pas toujours les échanges. Nous essayons de nous voir en vrai deux à trois fois par an. Une fois par an, nous louons une grande maison pour passer les vacances avec nos deux enfants et nos quatre petits-enfants.

Nous n’avons pris conscience de ce dont nous avons été privés que lorsque ma fille, qui habite près d’ici, a eu des enfants. Nos petits-enfants belges viennent chez nous après l’école deux à trois fois par semaine. Nous les voyons grandir, jour après jour. La relation avec nos petits-enfants finlandais est plus difficile. Notre fils a fait sa vie en Finlande et est très heureux. Ce qui nous réjouit, bien sûr, mais le manque de proximité nous manque malgré tout.

Nous aurions dû aller voir le match Finlande-Belgique du Championnat d’Europe. Nos petits-fils sont eux aussi supporters des Diables Rouges. Mais, pandémie de Covid-19 oblige, tout a été annulé et nous espérons pouvoir retourner en Finlande le plus vite possible. Nous avons appris à apprécier la culture finlandaise par l’entremise de nos petits-enfants. En été, ils vont dans leur cabane au bord d’un lac. Ils allument le sauna à 10 heures du soir, quand les moustiques vont dormir. Du sauna on plonge directement dans le lac, dans le plus simple appareil. Ce sont des moments très intenses.

Quand ils viennent en Belgique, j’emmène toujours mes petits-fils dans une friterie. Il n’en existe pas en Finlande. L’été dernier, nous avons navigué sur les canaux gantois et leur avons fait découvrir le Moyen-Âge. Il n’y a pas de bâtiments médiévaux à Helsinki, une ville construite au XIXe siècle. J’essaie de leur apporter tout ce que je peux. Malgré la barrière de la langue, je profite pleinement des moments que nous passons ensemble.

Jacques et Nicole se sont installés à Toulouse, à 1.000 km de Louise et Marion

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Vivre à 1.000 km de ses petits-enfants amène son lot de frustrations. Prenons un exemple récent de moment joyeux. Notre petite-fille vient de réussir à rouler à vélo sans aide, ni de ses parents, ni des petites roues ... Nous avons vécu cet exploit en visionnant une vidéo la montrant réjouie et fière d’elle. Lorsque nous aurons l’occasion de la voir en chair et en os, rouler à vélo sera devenu une habitude pour elle. Nous aurons loupé la phase d’émerveillement...

Mais, le côté positif, c’est que les vidéos et les photos existent et que nos enfants nous envoient une multitude de films, de messages vocaux... pour nous montrer nos petits bouts sous de multiples facettes. De même, nous avons recours aux différents canaux de communication tels que Skype, Facetime, Whatsapp... Ces petits rendez-vous, nous en sommes friands et nous cherchons à les rendre aussi fréquents que possible, pour ne pas perdre le lien et pour rester des confidents privilégiés de leur quotidien.

Nous cherchons systématiquement à retrouver nos petites-filles lors des congés scolaires, soit en Belgique dans leur environnement, soit chez nous pour des vacances durant lesquelles elles nous épuisent mais dont nous sortons tous heureux d’avoir passé des moments magiques. Ces périodes sont riches et intenses car alors, nous en profitons 24 heures sur 24 en consacrant tout notre temps et toute notre énergie à les gâter et les regarder vivre au quotidien.

LES ALTERNATIVES

Heureusement, cette terrible impression de manque n’est pas la seule ressentie. Grands-parents et petits-enfants qui vivent éloignés l’un de l’autre font preuve d’une imagination débordante pour rester en contact. Ils trouvent des alternatives parfois très enrichissantes qui permettent même une plus grande implication. Pendant la crise sanitaire, certains grands- parents ont donné des cours à distance, les petits-enfants ont donné des petits concerts en ligne, un grand-père a appris à son petit-fils à jouer aux échecs sur internet...

 » Le fait d’avoir des petits- enfants à l’étranger permet également d’élargir son horizon. On découvre d’autres coutumes, d’autres cultures, une autre langue, affirme Hans Van Crombrugge. La différence de langue est parfois frustrante mais chacun fait de gros efforts pour communiquer le mieux possible.

Les grands-parents sont généralement sans préjugés vis-à-vis de leurs petits-enfants, ils les jugent moins facilement. Ils acceptent volontiers certaines coutumes qu’ils trouveraient peut-être bizarres dans un contexte différent.  »

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