Michel Fugain : » Ma vie ? Une belle histoire, oui ! «
Fais comme l’oiseau, C’est la fête, ... On connaît ses tubes par coeur ! A 75 ans, Michel Fugain ne se lasse pas de chanter la vie. Il se confie sur la sienne...
Il est de ces chansons qui restent dans les esprits. Parce qu’elles respirent la joie. Parce qu’elles mettent de bonne humeur. Celles de l’initiateur de la troupe mythique du Big Bazar des années 70 en font assurément partie ! A 75 ans, l’énergique Michel Fugain n’entend sûrement pas s’arrêter à ses cinquante ans de carrière. Régulièrement, il délaisse son Ile de Beauté adorée pour monter sur scène et distribuer du bonheur avec les musiciens de son groupe Pluribus.
Quel est le secret de votre longévité ?
A l’époque, nous cherchions d’abord des mélodies et ensuite les paroles. J’ai toujours essayé de cultiver la fraîcheur ou encore l’innocence,... Je reste en action, avec énormément de projets. En fait, j’ai 25 ans dans mon coeur et j’ai l’énergie de mes 30 ou 40 ans ! Je n’ai pas de plan de carrière. En avoir un doit d’ailleurs être terrible car cela implique des débuts et des fins.
Vos succès perdurent...
Un récent moment invraisemblable : lors du défilé militaire du 14 juillet, la fanfare a joué La fête ! Je regardais la télé et, surpris, je me suis retourné vers ma femme qui était en larmes. Ce sont des bonus impensables ! Ma réaction n’est pas de me dire que je suis vachement célèbre mais de me dire qu’on a bien bossé. Hier encore, mon petit-fils de 10 ans chantait Chante la vie chante, je lui ai demandé » Euh, tu n’as pas autre chose, là » ? (rires)
Votre répertoire s’offre une nouvelle jeunesse dans un album hommage » Chante la vie chante » interprété par la nouvelle génération (Kids United, Arcadian, Claudio Capéo...). Ca vous fait quoi ?
Ils m’ont appelé au secours sur certains trucs mais je ne suis pas l’initiateur du projet. Ça aura été une vraie rencontre avec une génération que je ne connaissais pas, avec des mômes avides de savoir, qui ont l’humilité et le respect. Il y a presque le rapport paternel, et pas paternaliste, qu’il peut y avoir entre un artiste qui a de la bouteille et des tous jeunes. J’en suis ravi et cela crée des liens forts !
Votre chanson préférée ?
C’est comme mes rides, je tiens à chacune d’elles car chacune représente quelque chose. Quand on fait des chansons, il y a de la complicité, des moments magiques, on fouille dans nos têtes... Mais si je devais en isoler une, ce serait Le chiffon rouge. Alors qu’elle n’avait pas été prévue pour ça, cette chanson s’est retrouvée un jour dans des manifestations où des mecs défendaient leur dignité, leur boulot. C’est devenu une chanson de combat, ma Légion d’honneur !
Les chanteurs sont des décorateurs de vie.
Pas lassé de chanter vos tubes ?
Pas du tout ! Ce qui pourrait le plus entraver mon plaisir, c’est que la société étant ce qu’elle est, archi triste, il est difficile d’être excessivement positif dans les chansons...
Dans les années 70, vous avez chanté la joie, l’insouciance, avec le Big Bazar. Nostalgique ?
Non, une des périodes les plus magnifiques de ma vie c’était quand j’ai monté un atelier de comédie musicale à Nice, en 1979. A l’époque du Big Bazar, dès qu’on sortait de scène, on bossait encore 4 h par jour au 4e étage de l’Olympia. C’était vraiment du taf ! Je prends plus de plaisir maintenant avec Pluribus : c’est amical, on fait des spectacles aussi intéressants que ceux du Big Bazar, on chante, on fait de la musique, on déconne sur scène... J’ai le bonheur d’avoir réuni une équipe de musiciens formidables. On n’a pas à répéter tout le temps, au contraire, c’est vachement plus soft ! (sourire)
Une telle troupe est-elle encore imaginable ?
C’était représentatif d’une époque, le début des années 70, juste après le séisme planétaire qu’a été Mai 68. Avec le Big Bazar, on arrivait pour parler d’espoir. Les 7 à 77 ans adoraient ce qu’ils voyaient sur scène. Ça a fonctionné comme jamais on ne l’aurait imaginé ! Puis, cinq ans après, on s’est retrouvé avec des mecs à Liverpool et Manchester qui scandaient » No future » et le marché qui misait sur la culture punk... J’ai alors arrêté.
Que pensez-vous de la pop française actuelle ?
Elle fait ce qu’elle peut ! (rires) Je prépare, pour novembre, une » causerie musicale « , un spectacle de divertissement et de réflexions où je vais soulever les problèmes dont je suis conscient à propos de la chanson, marqueur précis d’une époque et d’une société. L’idée est que les gens quittent le théâtre en se disant qu’ils n’écouteront plus les chansons de la même manière. Pour l’instant, on écoute ce que les chefs programmateurs ont décidé de passer, on ne pèse pas dans la balance, car une des règles du marché, c’est d’isoler les gens, d’abolir leur sens critique, d’en faire des moutons car ils vont tous aller acheter au même moment un truc dont ils n’ont pas forcément besoin et qui occupera leur esprit. La chanson n’échappe pas au règne de la consommation...
Etes-vous aussi solaire que vos chansons dont un des thèmes récurrents est la fête ?
Je suis comme mes chansons et la vie est une fête ! Quand vous vous réveillez, quand vous vous couchez et que le sommeil vous gagne, puis le matin c’est encore une fête car la lumière est belle, vous avez envie de bosser, de chercher ou de ne rien faire...
Quel est le secret de votre énergie ?
J’ai eu la chance d’avoir mon père, incroyable, et ma mère, déesse de l’amour, jusque tard, en 2009. J’ai volé toutes les attitudes mentales de mon papa, qui était un grand résistant. Son côté libertaire, son sens du devoir, sa générosité. C’était un humaniste !
A quoi ressemble votre quotidien ?
Depuis des années, j’habite en Corse où les journées comptent véritablement 24 h. J’ai découvert le temps et sa préciosité. Je bouquine, je fais de la musique, j’adore modeler la terre, je jardine... Mais ma femme m’interdit strictement de cuisiner et de faire la vaisselle car, pour les Roumaines, un homme ne peut pas faire ça. Je suis excessivement gâté ! (rires) Je prends souvent l’avion donc je rencontre du monde. On me dit : » Merci de nous avoir fait rêver « . J’ai pris conscience qu’on est des décorateurs de vie : on décore la vie des gens qui ont envie d’avoir l’univers qu’on leur propose. Avec les chansons, les gens se marient, vivent des moments importants...
75 ans, c’est un cap ?
Pas du tout ! Hugues Aufray qui a plus de 80 ans est d’une beauté à faire pâlir des jeunes cons en maillot de bain dans les émissions de télé-réalité. Le juge de paix, c’est l’énergie. La retraite n’existe pas dans notre métier.
Globalement, votre vie, c’est un beau roman, c’est une belle histoire ?
Une belle histoire, oui, je suis content d’avoir vécu et d’encore vivre cette histoire-là; un beau roman, je ne suis pas sûr car je n’ai rien vécu de romanesque. Une vie d’homme normal qui a essayé d’être pas trop con, d’être honnête...
En concert le 29/9 au Forum de Liège. www.leforum.be
Bio express
1942
Naissance à Grenoble
1967
Premier grand succès Je n’aurai pas le temps
1972
Naissance de la troupe Big Bazar
1972
Chanson Une belle histoire
1979
Fonde un atelier de comédie musicale
1988
Chanson Viva la vida
2005
Comédie musicale Attention mesdames et messieurs
2007
Album Bravo et merci
2013
Album Projet Pluribus
2017
Album hommage Chante la vie chante
Michel Fugain et le Big Bazar dans les années 70.
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