Montessori, une autre vision du vieillissement
La méthode Montessori adaptée aux seniors suscite un intéressant croissant. En effet, elle permet à chacun de rester acteur de sa vie, même en cas de difficultés cognitives.
Toute aide inutile est une entrave au développement de l’individu. Chaque chose que vous faites à ma place est une chose que vous m’enlevez.» Voici, en deux phrases, résumée la pensée de Maria Montessori (1870-1952), première femme médecin en Italie, à qui on doit la méthode pédagogique qui porte son nom. Son hypothèse? Tous les enfants sont capables d’autonomie, d’autodiscipline, de concentration, de communication et d’épanouissement s’ils sont placés dans un environnement adapté à l’expression de leur potentiel.
Dans les années 90, un psychologue américain, Cameron Camp, a développé une méthode d’accompagnement des seniors basée sur ces principes. Opposée à l’infantilisation des aînés, cette approche entend favoriser l’autonomie, y compris pour les personnes atteintes de pertes cognitives comme dans la maladie d’Alzheimer.
Des gestes qui ont du sens
Valérie Van Berlamont, directrice de la Maison de Repos et de Soins (MRS) Trèfles à Anderlecht, est convaincue que cette méthode apporte aujourd’hui beaucoup à ses «habitants». «La méthode Montesorri passe d’abord par le vocabulaire: on ne parle pas de résidents mais d’habitants car on considère les personnes comme pleinement actrices de leur vie», explique-t-elle. Sensibilisée à la méthode Montesorri depuis quinze ans, cette ancienne aide-soignante y voit une véritable «philosophie» de vie, qui permet d’accompagner les personnes fragilisées par le vieillissement et/ou les troubles cognitifs. «C’est une question de regard qu’on porte sur la personne, qui lui permet de vivre en pleine possession de ses choix, de prendre encore des risques, de conserver une liberté de mouvement et de réflexion même s’il y a des moments où la raison s’envole», analyse-t-elle.
Les 12 principes de la méthode
1. L’activité doit avoir un sens.
2. Inviter la personne à participer.
3. Offrir le choix à chaque fois que c’est possible.
4. Parler moins, montrer plus.
5. Se concentrer sur les capacités de la personne et non pas sur ses limites.
6. Adapter sa vitesse à celle de la personne, ralentir lorsque c’est nécessaire.
7. Utiliser des indices visuels, des repères dans l’environnement.
8. Proposer à la personne quelque chose à tenir et à manipuler.
9. Aller des activités les plus simples vers les plus complexes.
10. Diviser l’activité en sous-étapes pour en faciliter la compréhension et la réalisation.
11. À la fin, demander à la personne si elle a aimé l’activité et si elle souhaiterait la refaire.
12. Privilégier l’engagement à l’efficacité: l’important est de faire, pas de «bien faire».
Repenser l’environnement
Formées à la méthode Montesorri, les équipes sont amenées à repenser l’environnement afin de l’adapter aux besoins des habitants, notamment par une signalétique qui facilite leur orientation dans l’espace ou une meilleure accessibilité des objets. «On va toujours essayer de proposer certains choix, notamment pour le menu du repas de midi, précise Valérie Van Berlamont. Même si on est dans une institution avec ce que cela implique au niveau de l’organisation, on essaie de mettre en place un système de fonctionnement qui a du sens pour la personne.» Dans l’approche Montessori, il n’y a pas d’«occupationnel»; chaque activité doit être utile à la vie quotidienne: préparer une salade, s’occuper du jardin, servir le café... Un des grands principes de la méthode est de «montrer» plutôt que «parler». Alors que les troubles cognitifs peuvent rendre difficilement compréhensibles les consignes verbales, montrer permet en effet de faciliter l’action. Manger avec les habitants les encourage par exemple à reproduire les gestes «en miroir» pour qu’ils continuent à s’alimenter seuls.
Moins de règles, plus de lien
Si de nombreuses familles apprécient les institutions où leur proche n’est pas «un numéro», elles peuvent aussi être désarçonnées par cette approche moins «cadrante». «Avant, dans l’accompagnement des personnes âgées, on se concentrait surtout sur le soin, commente Valérie Van Berlamont. Cet aspect reste bien sûr présent mais aujourd’hui, on met beaucoup plus l’accent sur la relation, le fait de créer du lien, d’être à l’écoute, de tenir compter des goûts, de la personnalité et des convictions de chacun.» Un choix qui semble souvent demander plus de temps et plus de patience mais qui, à terme, peut au contraire favoriser la fluidité des échanges. «Je crois que cette approche, c’est plus de bien-être pour les habitants mais aussi pour le personnel», conclut Valérie Van Berlamont.
Infos : https://senior-montessori.be
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici