« No Plastic, only Plastic Bertrand! » : rencontre avec l’artiste dynamique et engagé
Wam, Bam ! En confinement, il a eu un flash (hou-hou-hou-hooouuu ! ) pour les soignants. Echanges avec le dynamique artiste.
On s’est presque tous déhanchés sur son tube mondial « ça plane pour moi ». A 66 ans, Plastic Bertrand n’a rien perdu de son énergie et de son optimisme. Depuis son appartement bruxellois, l’artiste engagé a ressorti un autre tube quadragénaire, « Tout petit la planète », en version acoustique, pour la bonne cause.
Confiné, vous avez enregistré une nouvelle version de « Tout petit la planète », avec un clip interpellant...
Oui, cette chanson colle parfaitement à ce qu’on vit aujourd’hui, en nous disant de faire gaffe, de nous calmer, car nous ne sommes que des humains ridiculement petits dans cet univers. Je l’ai enregistrée, chez moi, avec le son de mon pote guitariste confiné à Toulouse. Pour le clip, je voulais que la lumière soit belle et que les images ne soient pas glauques. Malgré ces villes qu’on voit complètement vides, je trouve que le titre respire. J’ai l’impression que ce qui nous arrive, c’est une respiration pour la Terre. A nous de ne pas retourner vers ce qu’on faisait avant. Moi, je l’ai compris. J’espère que les décideurs le comprendront aussi...
Ressentiez-vous le besoin d’apporter votre contribution à la lutte contre le coronavirus ?
Oui, comme je suis assez speed et hyperactif, je me sentais mal dans ma peau au début du confinement, déboussolé, et j’avais envie d’être utile. Je trouvais que c’était très bien d’applaudir tous les soirs le personnel soignant parce qu’il le mérite amplement et, en tant qu’artiste, je sais combien les applaudissements sont importants, mais je voulais agir concrètement. Cela s’est fait naturellement. Les bénéfices de cette nouvelle version iront à des associations d’aide aux soignants. Donc, pour récolter un maximum d’argent, il faut notamment faire plein de vues sur YouTube !
C’est marrant, plus j’avance dans ma carrière, plus ce qui se passe autour de moi m’interpelle... J’ai envie que ça se retrouve dans ma musique, que ma vie artistique soit plus raccord avec ma vie perso. D’ailleurs, juste avant cette version de « Tout petit la planète », j’ai sorti, pour les 30 ans de la New Beat, un single intitulé « No Plastic », dénonçant le plastique. On est en train de faire n’importe quoi avec notre Terre !
Difficile de s’appeler « Plastic » aujourd’hui ?
Ce n’est pas évident ! (rires) Mais je pense qu’on ne pourra pas éradiquer le plastique car on aura toujours besoin de matériel jetable dans le domaine médical entre autres. L’idéal serait évidemment de recycler au maximum le plastique existant. Si on pouvait déjà arrêter d’en produire pour consommer de l’eau. Je trouve ça complètement absurde ! Mon slogan, c’est : « No Plastic, only Plastic Bertrand ! »
Au quotidien, quels sont vos gestes pour l’environnement ?
Je trie, j’essaye de manger local. Je suis obligé de voyager et j’aime ça, mais j’avoue le faire trop souvent... Maintenant, je réfléchis avant de bouger car je suis très sensible à la pollution, à l’empreinte carbone.
D’où vient votre passion pour la chanson et la musique ?
Mon côté slave, par ma maman qui était ukrainienne, m’a peut-être donné le sens de la musique. Mais j’ai toujours su que c’était ma vocation ! En fait, j’ai monté mon premier groupe à 9 ans chez les scouts : le « Bison Scout Band « (rires) où je chantais et jouais de la batterie. Après, il y a eu notamment « Les Pélicans », un groupe qui permettait de draguer dans les boums, c’était génial ! Et plus tard, mon premier groupe professionnel « Hubble Bubble » avec lequel ma carrière a démarré.
Et ensuite « ça plane pour moi » qui vous a rendu mondialement célèbre. ça vous agace d’être parfois résumé à ce tube ?
C’est comme résumer Bruxelles à Manneken Pis... Je pense que les gens intelligents ne le font pas. Je donne minimum 150 concerts par an et jamais je ne m’ennuie à faire vivre cette chanson formidable qui a gardé sa fraîcheur. Elle fait partie du patrimoine ! Plein d’artistes l’ont reprise comme Metallica, l’an dernier au stade Roi Baudouin, Sting ou encore Robbie Williams, sur internet, pendant le confinement. C’est extraordinaire ! Mais derrière « ça plane pour moi », il y a un énorme travail : dix albums, tous très différents, qui sont le reflet de ma vie.
Qu’est-ce qui vous fait planer aujourd’hui ?
J’ai une passion incroyable pour l’art contemporain. J’ai d’ailleurs tenu une galerie d’art contemporain avec la fille du grand artiste belge Marcel Broodthaers. On allait dans les ateliers, on rencontrait plein d’artistes, c’était fabuleux ! Comme on le faisait plus par amour de l’art que par amour du fric, on a perdu beaucoup d’argent et donc on a dû arrêter. Je visite aussi les musées et les expos. Même en tournée, je vais, en général, dans un musée et je fais une bonne table ! (rires) Cela dit, je fais gaffe à mon alimentation car quand on mange sainement, on se porte bien dans la tête aussi. Mon petit petit péché ? le golf. Bon, ce n’est pas très écologique car ça demande pas mal d’entretien mais cette passion me fait du bien mentalement et physiquement.
Votre secret pour être toujours aussi énergique, sautillant ?
Je fais 1 h de gym par jour. Le but est d’être en forme, pas de faire de la gonflette. Sur scène, ce qui est important – même le jour où je sauterai moins – c’est d’être bien, de faire passer des sentiments et de communiquer avec le public. Bref, construire un spectacle... Ce n’est pas les Jeux Olympiques !
Comment avez-vous évolué en une quarantaine d’années de carrière ?
J’ai eu la chance de toujours travailler et d’avoir une carrière internationale qui continue. En avançant dans la vie, je suis devenu moins égoïste qu’à mes 20 ans. Quand on donne aux autres, on le reçoit mille fois en retour. La solidarité a un sens plus important qu’avant. Une forme de sagesse apparue avec l’âge ! (rires)
Me résumer à ça plane pour moi, c’est résumer Bruxelles à Manneken Pis.
Quel genre de père êtes-vous ?
J’étais très absent mais quand j’étais là, j’étais bien là et assez dur avec mes deux enfants. J’étais derrière eux pour leur faire des bisous car j’adore ça mais aussi pour leur dire de bosser. J’ai grandi dans un milieu économique très faible. Mes parents ont fait des sacrifices pour que je fasse des études, j’ai eu la chance d’intégrer de bonnes écoles grâce à des bourses, etc. Je me devais d’être un bon élève et donc le travail est une valeur que j’aime.
Vos enfants ont-ils suivi votre voie ?
J’ai interdit à mes enfants de faire de la musique mais, évidemment, il en a été autrement derrière mon dos... Un jour, j’ai retrouvé mon fils en train d’écrire un album et de jouer de la batterie dans un groupe alors que je ne le voulais pas ! Ce métier est trop compliqué, trop aléatoire. Même si je le faisais moi-même, mes enfants ne devaient pas se retrouver dans ce même système. Ils m’en ont voulu mais j’ai tenu bon. Et je suis très fier puisqu’ils ont fait de belles études et sont brillants : mon fils est designer et ma fille une grande sportive (coach de hockey pro, ndlr) qui a monté une boîte de communication en sports. J’ai aussi une petite-fille de 2 ans. Je suis un grand-père gâteau et gâteux ! (rires) La famille c’est essentiel...
Vous arrive-t-il de chanter ensemble ?
Non, ils savent bien que cela m’est réservé. On passe les réunions de famille à table plutôt car on est tous très gourmands, voire gourmets. Néanmoins, ma petite-fille connaît déjà mes chansons car on lui a montré qui était son papy. Parfois, elle en chante des extraits ce qui me touche terriblement ! (rires)
Songez-vous à la retraite ?
Hein ? Comment ? Je n’ai pas compris la question... Pas du tout ! Je me sens bien dans mes baskets et j’ai plein de projets. Il y a notamment la grande tournée « Stars 80 », qui arrive et la sortie, en septembre, de mon 10e album « L’Expérience humaine ». C’est plutôt électro avec des clins d’oeil un peu disco et des textes assez profonds. En fait, c’est le regard sur le monde d’une sorte de témoin extérieur à la Terre. Un album très étonnant dans un style que je n’ai jamais fait auparavant...
Je prends des risques, c’est passionnant ! Le premier single sera un duo, en anglais, avec Leee John (Imagination) : « Don’t Stop ! ». On a choisi cette chanson car elle donne envie de redémarrer et de reprendre un peu mieux cette route qui est la nôtre. C’est raccord avec l’actu donc !
Plastic Bertrand
1954 : Naissance à Bruxelles de Roger Jouret
1973 : Entre au Conservatoire royal de Musique de Bruxelles
1974 : Crée le groupe Hubble Bubble
1977 : Carrière solo et tube » ça plane pour moi »
1978 : Epouse Evelyne
1979 : Chanson » Tout petit la planète »
1980 : Naissance de son fils Lloyd
1983 : Naissance de sa fille Joy
Depuis 2016 : Tournée Stars 80
2020 : Sortie de l’album » L’Expérience humaine »
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