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Pourquoi offrir des cadeaux rend heureux

Les fêtes de fin d’année arrivent. On fait et on reçoit des présents. Mais comment expliquer qu’on est souvent plus excité d’en donner que d’en recevoir?

Savoir donner, peu le savent, c’est le secret du bonheur « , écrivait Anatole France. Le plaisir de faire des cadeaux est en effet souvent plus intense que celui d’en recevoir. Observez comme les visages des donateurs s’éclairent lors d’une veillée de Noël quand on déballe les cadeaux...

LE BONHEUR SOUS IRM

Plusieurs études de la Feinberg School of Medicine ont été menées en Allemagne, à Chicago et à Zürich. Des personnes ont reçu de l’argent à dépenser pour les autres ou uniquement pour eux. Verdict? Ceux qui se sont montrés généreux envers leurs semblables ressentaient davantage de bien-être que les personnes qui gardaient l’argent pour elles.

Mieux encore: dans un exercice de questions sous imagerie par résonance magnétique, leur activité cérébrale était plus intense dans une zone du cerveau liée à la sensation de bien-être et de bonheur. L’activité cérébrale était supérieure dans la jonction temporo-pariétale (au-dessus et en arrière de chaque oreille). Un circuit activait une zone liée au plaisir, au bonheur et aux récompenses. Cette activité du cerveau augmentait même avec l’âge. À l’inverse, les structures responsables de l’angoisse, stockées dans l’amygdale, s’amenuisaient.

DONNER, C’EST APPARTENIR À UN GROUPE

« Dire que dépenser de l’argent pour les autres vous rendra plus heureux, c’est une généralité, tempère le Pr Michel Hansenne, psychologue de la personnalité à l’ULiège. Quand on examine de plus près le résultat de ces études, cette affirmation fonctionne dans 50% à 75% des cas Tout dépend des personnalités. Il est évident que pour quelqu’un qui n’est pas ni foncièrement agréable ni dans la solidarité, cela n’augmentera pas son bien-être. Au contraire, cette personne pourrait même être un petit peu plus malheureuse, car elle aura dépensé de l’argent qu’elle aurait préféré garder pour elle. Quoi qu’il en soit, pour beaucoup, il est vrai que les actes pro-sociaux (les comportements de souci de l’autre) sont favorables au bien-être personnel. Il existe toute une littérature scientifique sur le sujet. Il s’agit d’un sentiment d’affiliation basique qui est très important chez l’Homme. Offrir un cadeau, cela améliore la communication entre les gens. L’Homme est un animal social et avoir des relations positives avec d’autres contribue à son bien-être car ça le connecte aux autres. »

ÉVEILLER L’ATTENTION DE L’AUTRE

Mais toutes les actions n’apportent pas le même degré de satisfaction. « Faire un don à des associations caritatives peut être un moyen de se dédouaner de certains comportements néfastes, ajoute Michel Hansenne. Par exemple, on fait un don à certains organismes en faveur de l’environnement et on peut continuer à polluer. C’est une manière compensatoire de se blanchir. »

On éprouve par contre plus de plaisir à donner à ses proches qu’à des organismes ou des gens plus lointains. On suggère aussi que nous sommes généreux parce que nous attendons quelque chose de positif en retour. Faire des cadeaux, c’est éveiller l’attention de l’autre. C’est entretenir de bonnes relations sociales et renforcer la cohésion et la coopération au sein de son groupe, soit des besoins cruciaux à la survie qui remontent à la nuit des temps.

D’autres recherches ont démontré que le fait de donner de l’argent ou de dépenser pour d’autres confère une forme d’avantage psychologique. Cela permet de se sentir humainement plus riche. « Donner rend heureux car, dans cet acte, on fait preuve de sa force, de sa vitalité... On a le sentiment qu’il y aura toujours assez d’énergie en nous », résume la psychothérapeute Isabelle Filliozat dans son livre « L’Intelligence du coeur ».

UNE GRATIFICATION NARCISSIQUE

Mais qu’on donne pour augmenter son prestige, par altruisme, parce qu’on attend quelque chose en retour ou pour renforcer les liens avec d’autres, voire le tout en même temps, il n’est pas encore possible de forcer ce bonheur, de faire des cadeaux en allant contre sa nature. « Donner procure une jouissance de soi-même. La gratification narcissique est indéniable, estime l’auteur et psychanalyste Jean-Michel Hirt. Cela renforce l’estime de soi et nourrit nos aspirations idéales. Mais pour donner de manière altruiste, et non se servir de l’autre pour combler uniquement nos failles narcissiques, encore faut-il pouvoir s’aimer suffisamment, et cela n’est pas une disposition présente chez tous. »

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