Anne Vanderdonckt
Qui a jeté une poupée gonflable dans les PMC?
Anne Vanderdonckt observe la société, ses évolutions, ses progrès, ses incohérences. Partage ses doutes, ses interrogations, ses enthousiasmes. Quand elle se moque, ce n’est jamais que d’elle-même.
Par la baie vitrée, je jette un œil sur le jardin parsemé de petites pyramides terreuses, ersatz de tumuli érigés par des taupes se prenant pour des promoteurs immobiliers gallo-romains. Pénible. Je reporte vite mon regard vers le plan de travail. Je suis en train de décortiquer des noix pour les besoins d’une salade, en enfournant une (une noix, pas une salade) de temps en temps, ce qui ralentit considérablement l’opération. Le cimetière de coquilles sacrifiées s’agrandit. Mais au fait, j’en fait quoi des coquilles? Je pourrais consulter le «mode d’emploi» officiel qu’on garde quelque part à la cuisine, mais je préfère demander. «Je les jette où, les coquilles de noix?» Dans un couple, il est toujours bien de partager la charge mentale.
Toute plaisanterie mise à part, c’est vrai que la gestion des déchets du ménage tient du casse-tête, d’autant que les règles ont évolué et que notre cerveau s’accroche à ses petites habitudes. C’est pourquoi le sac bleu, qui n’est jamais qu’une composante de notre kit poubelles du XXIe siècle a nécessité une grande campagne de Fost Plus à l’automne.
La gestion des déchets du ménage tient du casse-tête
Car la Belgique fait mieux que la moyenne européenne en matière de recyclage des emballages plastiques, oui. Il n’empêche que nous sommes trop souvent à côté de la plaque lorsque nous remplissons notre sac bleu (14,5% d’erreurs). En 2023, nous aurions ainsi commis 40.000 fautes de tri. Dont coût: 40 millions d’euros.
Ces fautes, ce sont principalement des piles et batteries (m’enfin!), des jouets en plastique, des emballages en papier-carton, des textiles ou des bouteilles qui ont contenu des liquides dangereux. Et puis, il y a les vapoteuses, les téléphones portables, les lampes de jardin, des appareils électriques, des chaussures, des langes (!!!). Et même des poupées gonflables ou des guirlandes de Noël. On en tombe de sa chaise!
Or, c’est très simple, indique le communiqué de Fost Plus (ndlr: quand une phrase commence par c’est très simple, cela signifie évidemment le contraire). Tout ce qui est emballage en plastique, métallique ou un carton à boisson va dans le sac bleu. Ouaip! Sauf que désormais les capsules à café aussi, mais pas celles qui sont compostables. Les bouteilles en plastique, ok, mais seulement après avoir enlevé l’étiquette sous forme de film qui l’entoure.
«Tu n’as pas idée de ce que les gens jettent dans le sac bleu ! » Je m’indigne auprès de mon mari en m’attaquant à la découpe des poires. «Ah bon ?, moi, ça ne m’étonne pas (sourire ironique). Avant de sortir le sac bleu à la rue, je retrie toujours de manière un peu plus sélective. Par exemple, j’enlève tous les raviers en frigolite qui ont contenu des saucisses, etc.» Quoi, c’est de la frigolite, ces raviers? Je sens bien que, cette fois, ma mauvaise foi ne fait plus illusion. Je contribue bien aux 40.000 fautes de tri.
Mais au fait, les coquilles de noix? Avec les déchets organiques en Wallonie et en Flandre. Mais avec les déchets résiduels à Bruxelles. Facile, disaient-ils. Et les taupes? Pfffff, je passe à l’équipe… ●
Voici une saine lecture: www.trionsmieux.be.
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