Troubles de l’érection: dépasser la peur de la panne
Après 40 ans, un homme sur trois est susceptible de présenter des troubles de l’érection. Défaillance liée à l’angoisse de la performance ? Ou problème d’origine médicale ? Dans les deux cas, il y a des solutions. Et il est crucial d’en parler sans tabou.
L’érection ne survient pas toujours de façon automatique. La preuve, au moins 10 à 15 % des hommes jeunes mollissent de façon inopinée à un moment ou l’autre. Et ce chiffre augmente avec l’âge. Quel que soit l’âge cela dit, les conséquences de cette défaillance sont généralement les mêmes. Pour le mâle lambda, l’érection reste une preuve éclatante de sa virilité. La plus petite débandade peut dès lors devenir une source de remises en question. Suis-je encore un homme ? Que va penser mon conjoint ? Va-t-il continuer à m’admirer ? Suis-je encore capable de le satisfaire ? Pas de panique. Une panne occasionnelle ne doit pas nécessairement faire penser à une dysfonction érectile, qui peut s’avérer plus tenace à traiter. « On ne parle d’ailleurs de dysfonction érectile qu’après trois mois d’essais infructueux », précise le Dr Iv Psalti, sexologue, thérapeute de couple et auteur du livre « La fonction érectile, guide de dépannage » (Ed. Jouvence).
Le stress, l’ennemi n°1
« Le problème est que la majorité des hommes panique à la moindre défaillance. Ils pensent qu’ils ne parviendront plus jamais à avoir une érection », relève encore notre sexologue. C’est la fameuse peur de la panne, aussi appelée angoisse de performance ! « L’homme stresse à l’idée de ne pas pouvoir obtenir une érection. Et plus il stresse, moins il devient capable d’en avoir une. Mais il y a pire que l’angoisse de performance : l’anticipation de l’échec. Le fait de se dire : « De toute façon, ce n’est pas la peine, je n’y arriverai pas ». Et effectivement, lorsqu’il se met au lit, c’est ce qui arrive, ce qui ne fait qu’amplifier la peur de la panne », renchérit le Dr Iv Psalti.
Comment casser ce cercle vicieux ? Comment retrouver une érection quand elle est aux abonnés absents ? Faire appel aux bons soins du conjoint semble être la solution réflexe numéro 1. Mais pas nécessairement la meilleure. Notamment pour ceux qui ne vivent pas en couple stable ou viennent de rencontrer un nouveau partenaire. « Les hommes pensent généralement qu’une bonne fellation peut les aider à retrouver leur érection. Ce n’est pas nécessairement faux. Mais que faire si votre partenaire refuse pour une raison ou pour une autre ? », ajoute Iv Psalti.
Fantasme et plaisirs solitaires
Celui-ci préconise plutôt de mettre en pratique l’adage : Aide-toi et le ciel t’aidera ! « Il faut que l’homme acquière la capacité d’avoir des fantasmes ayant pour lui une valeur érotique élevée. » Iv Psalti recommande par ailleurs de travailler ces images coquines lors de séances de masturbation préalables et suffisamment longues : dix minutes est un minimum ! « Pour que cette technique marche, il faut se constituer un dossier avec différents fantasmes pour pouvoir s’en servir au moment où on sent qu’on va débander », poursuit le spécialiste. Vous avez du mal à imaginer un scénario olé-olé suffisamment net et précis ? C’est peut-être la faute au porno et à ces images stéréotypées. Entraînez-vous à recourir à votre seule imagination !
Une angoisse pour le partenaire aussi
« En cas de panne, l’image que le conjoint se fait de lui-même en prend un coup. La plupart des femmes pensent que cette défaillance leur est imputable. Trop vieilles, plus assez désirables ! Or, dans 99 % des cas, la cause est due à une angoisse de performance ou des facteurs externes : l’homme est fatigué, stressé, il a trop bu... », insiste le Dr Iv Psalti. «Il ne faut surtout pas dire : Ne t’en fais pas, ça ira la prochaine fois. Cela ajoute une pression supplémentaire pour la fois suivante ». La meilleure approche: une attitude verbalement bienveillante et sexuellement stimulante !
Erotiser son corps
Beaucoup d’hommes n’ont aussi pour seule zone érogène que leur pénis ! Difficile à stimuler quand on est en plein coït, n’est-il pas ? Une autre tactique anti-panne efficace consiste dès lors, pour les messieurs, à érotiser d’autres parties de leurs corps afin de relancer la machine en cas de défaillance du moteur principal. Ou de proposer à leur partenaire de le faire. Là encore, le recours à la masturbation constitue, pour le Dr Iv Psalti, un exercice indispensable. « Entraînez-vous durant à la masturbation à caresser différentes parties de votre corps avec l’autre main. Tout est érotisable : les tétons, le pubis, les testicules, le plancher pelvien, l’entrée de l’anus… ».
Coup de pouce et petite pilule bleue
Le recours transitoire à un médicament contre les troubles de l’érection peut également s’avérer fort utile. « C’est un bon moyen de lever la peur, au moins au début. Cela n’empêche évidemment pas de travailler sur ses fantasmes ou l’érotisation de son corps. Il faut toutefois bien expliquer, surtout au conjoint, que ce n’est pas ce genre de médicament qui provoque l’érection. Ce ne sont pas des aphrodisiaques. L’aphrodisiaque, c’est le partenaire. Ces médicaments aident juste à maintenir l’érection le temps pour le couple d’avoir une relation sexuelle ». Et de se rassurer sur le bon fonctionnement de la mécanique intime de Monsieur !
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À quoi tu penses ?
Nombre de pannes surviennent simplement aussi par manque de dialogue sur l’oreiller. Et Iv Psalti de citer l’exemple de ce couple, dans lequel Madame, pensant faire une belle surprise à Monsieur, avait perfectionné sa technique de fellation à coups de films X ! Le moment venu, loin d’être aux anges, l’homme avait tout simplement déclaré forfait. À la grande colère de la femme. « Selon elle, cette défaillance ne pouvait avoir qu’une seule cause : face à une telle technique, son mari s’était imaginé qu’elle lui avait été infidèle. Il n’en était rien. Pour le mari, la meilleure attitude face au cadeau que sa femme lui faisait consistait à avoir une belle érection. Il s’est mis dans l’obligation de bander et il n’y est pas arrivé à cause d’une angoisse de performance ! Ils auraient pu s’expliquer à ce moment-là, mais n’ont pas pensé à le faire. »
L’été, saison des amours
C’est en été, avec la période du Nouvel An, qu’on fait le plus l’amour. Les capacités érectiles des messieurs semblent elles-aussi connaître des fluctuations saisonnières : les cas de dysfonction érectile sont moins fréquents à la belle saison que durant l’automne et l’hiver ! Et inversement. Les mois d’été sont souvent associés à une vie sociale plus intense, moins de stress et de déprime, plus d’activité physique… Autant de facteurs pouvant avoir une influence bénéfique tant sur le moral que sur la libido. Plusieurs maladies pouvant occasionner une dysfonction érectile, telles que le diabète de type 2 ou les maladies cardiovasculaires, connaissent, elles aussi, un pic en hiver et un creux durant les mois d’été.
Co-auteur: Didier Dillen.
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