Anne Vanderdonckt
Un héritage rock & roll
Anne Vanderdonckt observe la société, ses évolutions, ses progrès, ses incohérences. Partage ses doutes, ses interrogations, ses enthousiasmes. Quand elle se moque, ce n’est jamais que d’elle-même.
Mes enfant n’ont pas besoin de 500 millions de dollars pour vivre.» Dans une interview récente au Wall Street Journal, Mick Jagger, 80 ans, confie qu’il ne souhaite pas léguer le catalogue des Stones à ses huit enfants, nés de cinq femmes différentes et respectivement âgés de 52 à 6 ans. Ils devront se contenter de se partager sa fortune personnelle… s’élevant quand même à 300 millions et quelques beaux bâtiments comme un château en Touraine ou une villa sur l’île Moustique qui feraient tout à fait le bonheur des plus exigeants. Bon, les petits Jagger ne seront donc pas vraiment ce qu’on appelle des enfants déshérités. Et d’ailleurs ce n’est pas le but, qui consiste, pour le rockeur britannique, à apporter sa pierre (qui roule) à l’édifice d’œuvres caritatives de manière à venir en aide à ceux qui en ont vraiment besoin.
Cette récente sortie médiatisée de celui qu’on qualifie, au même titre que ses contemporains toujours sur scène, de manière très énervante et âgiste, de papy du rock, n’est absolument pas isolée dans le monde des hyper riches.
«Laissez suffisamment à vos enfants pour qu’ils puissent tout faire mais pas assez pour qu’ils ne fassent rien», recommande le milliardaire américain Warren Buffet. Qui a lancé en 2010 avec le boss de Microsoft, Bill Gates, un mouvement incitant les milliardaires à donner au moins la moitié de leur fortune à des œuvres caritatives. Mouvement qui a été d’autant plus suivi d’effets que, selon une étude menée en 2014 auprès de 4.500 millionnaires, la terreur des hyper riches est que leurs enfants manquent d’ambition. À propos de ses enfants et de l’héritage qui leur passera sous le nez, Elton John évoque «une cuillère en argent qui pourrait ruiner leur vie. Il leur faut un peu de respect pour l’argent, un peu de respect pour le travail.»
Une cuillère en argent qui pourrait ruiner leur vie.» Elton John
Évidemment, nous qui ne sommes pas millionnaires, lorsque nous pensons aux économies que nous laisserons à nos proches, ou de celles que nous leur donnerons de notre vivant, nous sommes loin, comme le fait le chanteur Sting, de les qualifier de fardeau. Cet argent pourra les aider à accéder à la propriété, lancer un commerce, réaliser un rêve, voire à financer leurs vieux jours tant il est vrai que la longévité moyenne fait qu’on hérite souvent à un moment où la retraite et le vieillissement sont en vue. Une autre possibilité est de procéder à un saut de génération et de faire hériter directement ses petits-enfants question de leur offrir l’opportunité de se lancer plus confortablement dans la vie, de leur permettre, par exemple, de disposer de la somme nécessaire pour pouvoir prétendre à un prêt immobilier.
Mais comment nous assurer que ces (petits-)enfants feront bon usage de cet argent et qu’il ne claqueront pas tout dans l’achat d’une voiture clinquante ou décident d’arrêter leurs études estimant qu’ils ont désormais de quoi vivre? Cela reste, bon an mal an, une des questions les plus fréquemment posées à la rédaction ou au Juriservice, notre service juridique.
Hyper riche ou pas riche du tout ; protéger en ne donnant pas trop ou protéger en donnant tout ce qu’on peut, ce sont deux histoires a priori on ne peut plus éloignées mais qui parlent d’un même sentiment. On a tous quelques chose de Mick Jagger…
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici