Anne Vanderdonckt
Un monde durable et un esprit critique
Anne Vanderdonckt observe la société, ses évolutions, ses progrès, ses incohérences. Partage ses doutes, ses interrogations, ses enthousiasmes. Quand elle se moque, ce n’est jamais que d’elle-même.
Et puis, tout d’un coup, cette sensation de « trop c’est trop ». Trop de vêtements, trop de babioles, trop d’assiettes et de verres dans des armoires si bourrées qu’on ne sait même plus ce qu’il y a dedans, qu’on ne se sert plus des plats du bas car il faudrait déménager tout ceux qu’on a empilés dessus. Trop de bouffe qui finit à la poubelle, des pommes magnifiques vendues au prix de la qualité, qui s’avèrent pâteuses et sans saveur...
My poubelle is rich. Et moi, je suis écoeurée.
La pandémie aura été un déclencheur: pourquoi tous ces blazers en train de se démoder dans l’armoire alors que j’opte de plus en plus pour le confort d’un pull? Pourquoi tous ces escarpins alors que je ne porte quasiment plus que des baskets ou des santiags?
C’est aussi durant la pandémie, à la faveur d’un déménagement à la campagne (la vraie, celle où il y a des fermes, des champs, des petits oiseaux et de gros tracteurs) que j’ai été faire mes courses, ou en tout cas une partie, en circuit court. J’ai redécouvert le vrai goût des poires, des courgettes, de la confiture. Pour un prix juste. Et avec le sourire de la crémière de surcroît.
Vivre « durablement » comme il se devrait, soyons honnêtes, je n’y arrive pas, mais j’y tends. Avec réalisme. Sans sentiment de culpabilité qui mènerait à ce à quoi mènent les régimes trop stricts: craquer sans retenue à la première occasion pour ce qui, frappé d’interdit, devient très rapidement une obsession. Donc, oui, je me délecte de temps en temps d’un fish burger et de frites mayo dans un fast-food à l’esthétique délibérément repoussante et je ne boude pas ce plaisir régressif. Sans ça, quel sens cela aurait-il?
La conscience qu’il faut que les choses changent, maintenant, et que chaque pierre à l’édifice d’un monde plus durable, aussi modeste soit-elle, est d’importance, nous sommes nombreux à la partager. Comme nous sommes nombreux à avoir l’esprit assez critique pour ne pas croire aveuglément à tous les labels verts, durables, « sustainables » qui ont soudain poussé à toute vitesse. Tiens, telle marque de vêtements aurait soudain changé son système de production, tout ça pour le même minuscule prix final? Allez donc, on demande à voir la fiche de salaire des petites mains, et leur âge aussi, et leurs conditions de travail... Alors, argument marketing ou vraie volonté de faire quelque chose et vraie politique mise en oeuvre? A chaque fois, la question doit se poser.
C’est pour y répondre que nous avons lancé en même temps que notre nouvelle maquette, en avril, une page mensuelle dans notre rubrique droit qui décortique sous forme de fiche la durabilité d’un concept ou inspire de nouvelles pratiques. Mais ce n’est pas le seul endroit du magazine (ni depuis hier) où vous trouverez de l’engagement dans ce sens.
Nous nous inscrivons ainsi dans la démarche de Roularta, ce grand groupe de presse qui nous édite et compte parmi ces entreprises mettant tout en oeuvre pour créer un monde plus vert et plus durable.
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