Virginie Hocq: « Je grandis à chaque spectacle ! »
Son humour est acclamé de Bruxelles à Paris. Lever de rideau sur le parcours, mêlé de bonheurs et de doutes, de Virginie Hocq.
Après avoir été révélée par le sketch plutôt osé » La liste de courses « , la pétillante Virginie Hocq a conquis les publics avec son humour décalé. A la télévision, au cinéma, au théâtre ou encore... en maison de repos ! En tournée pour son cinquième seule en scène » Sur le fil « , la pétillante jeune mère de 42 ans, que nous avons rencontrée à Bruxelles, nous emmène dans les coulisses de son univers.
D’où vous est venue l’idée de devenir humoriste ?
A l’école, je faisais marrer les profs. J’avais un papa qui racontait des blagues que je répétais, avec l’intonation et la gestuelle. Quand j’avais 8 ans, on a fait un spectacle de fin d’année. Un moment extraordinaire ! Les répétitions, trouver des costumes, etc. Après ce spectacle, j’ai dit à mes parents que je voulais faire du théâtre. Je me suis inscrite à l’Académie de Braine-l’Alleud où j’ai fait de la déclamation, de l’impro pour les petits... Puis, je suis arrivée à l’art dramatique où il fallait créer des pièces, travailler des textes... Je suis allée au théâtre avec mes parents et j’ai adoré !
Comment êtes-vous parvenue à vous faire une place parmi tous ces humoristes?
J’ai longtemps cru que c’était de la chance et, maintenant, j’ai compris que la chance on la provoquait dans le travail. Ce n’était pas douloureux de travailler une passion, de ne pas être payée pour créer mon premier spectacle » Dis oui ! « , d’avoir un job d’étudiant en plus... Les choses sont arrivées tout doucement.
Qu’est-ce qui vous différencie des autres ?
Je crois que c’est ce côté burlesque, visuel, qui utilise le corps. Chaque humoriste a son style et il faut toujours se mettre en danger.
Ressentez-vous une évolution dans vos spectacles ?
J’ai l’impression que j’ose de plus en plus. Je fais attention à ma tenue vestimentaire alors qu’avant ce n’était pas tellement important. J’adore les salopettes mais bon, à un moment il faut changer ! J’essaye de lécher les détails et je m’autorise tout. En fait, je grandis à chaque spectacle. Le premier, c’était toute une pièce de théâtre avec vraiment un fil rouge : l’histoire d’un mariage qui n’avait pas lieu. Dans le suivant, j’ai osé avoir l’idée de » La liste des courses « , un sketch qui m’a permis de faire des télés car c’était un ovni mais jamais vulgaire et toujours en utilisant le corps.
Vous fixez-vous des limites?
Vous ne me verrez jamais toute nue sur scène mais j’ose parler de tout ! J’adore jouer avec la lumière, le son, l’imaginaire... On peut rire de tout, cela dépend de la façon dont on amène les choses. Je n’ai pas envie d’être vulgaire.
Des thèmes que vous refusez d’aborder ?
La politique, je n’y connais pas grand-chose et ça ne m’inspire pas trop mais je pourrais, par contre, créer un personnage qui a toujours son – mot à dire sans rien comprendre pourtant à la politique. En fait, quand j’imagine un sketch je ne prends pas le chemin tout droit, j’essaye de prendre les rues adjacentes pour arriver au même objectif. Je pourrais, par exemple, interpréter le coiffeur de Donald Trump qui entend tout ce qui se passe.
Y a-t-il une part autobiographique dans vos spectacles ?
Non. Je ne fais pas de thérapie sur scène. Peut-être que quand je serai très vieille j’oserai raconter mes déboires.
Vous avez travaillé en maison de repos...
Oui, mon job d’étudiant le plus nourrissant humainement. J’ai d’abord nettoyé et puis, comme j’avais un bon contact avec les personnes âgées, je suis devenue aide-soignante à l’infirmerie. J’en ai gardé des souvenirs merveilleux et terribles. Je regardais les photos dans les chambres. Nos moments de vie les plus importants se retrouvent rassemblés dans une pièce... J’ai d’ailleurs envie de faire un truc là-dessus. Quand je rentrais dans une chambre, je voyais la personne, à qui je devais changer le dentier ou les draps, à 18 ans et je me disais que j’avais juste à avoir du respect parce que je vais vers là... J’ai aussi vécu des moments hyper chouettes comme organiser des chorales dans l’ascenseur ou des farandoles avec les chaises roulantes ! Ce job m’a vraiment bouleversée. Depuis, j’ai une énorme tendresse, un énorme respect, pour les plus anciens que je vouvoierai toujours.
Etes-vous rigolote dans la vie aussi ?
Je suis de bonne humeur et calme. Mais je suis un peu chiante dans le sens où j’ai envie que l’appart soit toujours bien rangé et donc j’aimerais que tout le monde mette de l’ordre dans ses affaires. Plutôt que de péter un câble, il m’arrive de recourir à l’humour pour me faire entendre par mon amoureux et sa fille ado. Là, j’essaye d’apprendre à ranger à notre fille Billie via les Lego. Cette petite d’un an est déjà très drôle et a l’air d’avoir de l’humour !
Qu’est-ce qui vous amuse ?
Le quotidien, les quiproquos, des petits trucs... J’adore l’humour anglais parce qu’il n’est jamais préparé, la blague arrive à brûle-pourpoint. Mr Bean m’a énormément fait rire dans cette période où il interprétait les rôles de Shakespeare. Ce corps, ce physique... J’aimerais beaucoup rencontrer ce monsieur et travailler avec lui.
Testez-vous vos spectacles sur votre entourage ?
Je parle de mes idées à mes amis, à ma famille, et je leur demande leur avis. Souvent, ils viennent aux premières, munis d’un petit carnet dans lequel ils prennent des notes notamment sur les choses qu’ils n’ont pas aimées. Toujours à bon escient !
Que pensent vos parents de votre carrière ?
Je crois qu’ils sont contents, fiers. Ce n’est pas un truc qu’on se dit... Ma maman s’inquiète surtout de savoir si je vais bien, si j’ai pu me reposer, elle fera des commentaires sur mes cheveux, sur mon maquillage, etc. Elle a raison, il faut que je sois naturelle.
Comment gérez-vous votre notoriété ?
Le plus simplement possible. Souvent, ce sont les gens qui me disent m’avoir vue à la télé, donc ça veut dire que je suis connue ou reconnue. Je préfère être reconnue dans mon travail, en tout cas. Je ne suis pas une mondaine, je ne fais pas des trucs de dingue : quand je pars en vacances, par exemple, c’est en montagne avec un sac à dos. Et comme je suis toujours sur les routes, mon bonheur, c’est de rentrer chez moi, de préparer à manger.
Etes-vous considérée comme une petite Belge qui a réussi à Paris ?
Parfois, les gens ne savent pas que je suis Belge. Je ne joue pas de ça même si je suis ravie qu’on apprécie mon travail. Je suis souvent à Paris, une ville magnifique, mais tellement contente de revenir à Bruxelles où je vis.
Percevez-vous des différences entre l’humour belge et français ?
L’humour belge est souvent tourné vers soi, c’est de l’autodérision, et le français plutôt vers l’autre, il pointe du doigt, se moque. Je préfère l’humour belge et anglais que je trouve un peu similaires.
Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
Mon métier me procure beaucoup de bonheur et de doutes parce que je ne sais jamais de quoi sera fait l’avenir. Puis, je trouve que je ne fais pas assez de cinéma. Ces moments de doutes me permettent de garder la tête froide, de me dire que je n’ai encore rien fait, en fait. Après cette tournée, je lève le pied pour accueillir des chouettes projets au cinéma. Je participerai d’ailleurs à un super projet, le film » Troisièmes noces « , réalisé par David Lambert et avec Bouli Lanners. Je suis heureuse comme tout de travailler en Belgique !
BIO EXPRESS
1975 : Naissance à Nivelles
1996 : Conservatoire royal de Bruxelles
1999 : Premier one-woman-show, « Dis oui ! »
2000 : Ligue d’impro professionnelle
Depuis 2013 : En couple avec Sullyvan
2015 : Naissance de sa fille Billie
2017 : Tournée de « Sur le fil », mise en scène d’Isabelle Nanty
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